Comment la pensée urbaniste perçoit-elle la place des espaces verts au fil des années ?
La pensée urbaniste n’est pas uniforme. En effet, plusieurs courants luttent férocement, surtout depuis la révolution industrielle, pour définir le modèle de la ville d’aujourd’hui et de demain.
Le premier courant est plutôt d’ordre pragmatique, fonctionnel et industriel. Il s’agit de l’urbanisme culturaliste.
En résumé, ses adeptes considèrent les espaces verts comme des infrastructures qui viennent compléter les autres équipements urbains.
Le second courant, que l’on peut qualifier de progressiste, considère les espaces verts comme des fondements de l’aménagement urbain, tant pour leurs vertus esthétiques et thérapeutiques, que pour des raisons de protection de l’environnement.
Ce dernier voit la ville s’articuler autour d’un important système de parcs, jardins et espaces verts en tout genre.
Entre le XVIIᵉ et le XXe siècle, de nombreux penseurs, urbanistes et architectes sont montés au créneau aux quatre coins du globe pour redonner sa place à la nature en ville.
Parmi eux, l’architecte et urbaniste français Eugène Hénard (1849-1923) plaide dès 1903, via une série de propositions, pour des espaces verts de proximité accessibles à chaque habitant, notamment dans les grandes agglomérations comme Paris.
Un peu plus au sud, l’urbaniste espagnol Arturo Soria Mata pointe également les problèmes et menaces qu’impliquent les grandes cités urbanisées.
Il fut l’un des promoteurs des transports en commun (tramway et train de banlieue à Madrid). Dans sa vision, ces modes de transports visent à relier les grandes agglomérations aux zones de campagnes, afin de limiter l’exode rural et les concentrations anarchiques de population.
Enfin, son concept de cité linéaire vise à l’introduction de vastes bandes de transports, entourées d’espaces végétalisés et permettant un contact avec la nature permanent pour tous les citadins.
Ce type d’acteurs progressistes ne manquent pas dans l’histoire. Grâce à leurs apports, de nombreuses villes françaises, européennes et internationales, accordent une place importante à la nature en ville.
De nombreux concepts et aménagements urbains verts émergent alors (villes vertes, villes durables, cités-jardins, parcs de loisirs et jardins publics accessibles, transports en commun écologiques, écoquartiers, espaces plantés, jardins partagés, jardins thérapeutiques…).
Néanmoins, le courant fonctionnaliste de l’urbanisme moderne, porté par la révolution industrielle et différents facteurs d’ordre socio-économiques, semble avoir pris le dessus, malgré de nombreuses critiques et conséquences, tant pour la planète, que pour la santé publique.