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27 janvier 2023

Bilan de la COP 15 : quels sont les progrès pour la biodiversité ?

Pourquoi la COP15 Biodiversité est-elle plus nécessaire que jamais ?

Liée aux activités humaines, mais aussi au réchauffement climatique, la situation de la biodiversité dans le monde est plus que critique et exige des actions rapides.

La biodiversité est plus que jamais en danger

Ce n’est plus un secret pour personne, la biodiversité ou diversité biologique est plus que menacée partout sur le globe.

Lorsque nous parlons de biodiversité, trois niveaux, interdépendants, doivent être pris en compte. Il y a d’une part la diversité des milieux de vie comme les océans, les forêts ou les prairies. Le deuxième niveau de biodiversité fait référence à la diversité des espèces qui vivent dans ces milieux. Enfin, le troisième et dernier niveau a trait à la diversité génétique des individus au sein de chaque espèce.

La biodiversité est indispensable à tous les processus de la vie. Elle permet la production d’oxygène, de nourriture, de médicaments, de matières premières, la pollinisation, la fertilisation des sols, l’épuration de l’eau ou encore la prévention contre les inondations.

Plusieurs organismes et groupes d’études internationaux alertent depuis plusieurs années à propos de la biodiversité. En effet, selon le rapport d’évaluation mondiale de l’IPBES de 2019 (Plateforme Internationale sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques), la situation est plus que préoccupante.

À ce jour, les trois quarts (75 %) des milieux terrestres et plus de 60 % du milieu marin ont été fortement modifiés ou dégradés par les activités humaines. Autre donnée à prendre en compte, sur les huit millions d’espèces animales et végétales actuellement recensées, plus d’un million sont désormais menacées d’extinction, à un rythme 100 à 1000 fois plus important que celui observé lors des 10 millions d’années précédentes. Parmi ce million d’espèces menacées d’extinction, 500 000 sont des espèces terrestres dont l’habitat actuel est insuffisant pour leur survie.

Enfin, environ 40 % des amphibiens, 14 % des oiseaux, 26 % des mammifères ou encore 34 % des conifères figurent sur la liste rouge des espèces menacées selon l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).

Biodiversité et réchauffement climatique : des phénomènes étroitement liés

La dégradation de la biodiversité et le changement climatique sont plus que liés et s’aggravent mutuellement.

Tout d’abord, d’après la communauté scientifique, les causes de ces deux phénomènes sont communes, il s’agit des activités humaines. En effet, ces dernières ont provoqué, ces deux derniers siècles, une destruction massive des habitats naturels, une surexploitation des espèces sauvages, ainsi que la pollution de l’air, de l’eau et des sols.

Ces phénomènes sont en partie dus à l’urbanisation massive, à l’artificialisation des sols et à la culture de vastes zones, ainsi qu’à la déforestation, à la combustion massive d’énergies fossiles et à l’émission de gaz à effet de serre ou encore à l’utilisation de produits chimiques de manière intensive.

Le changement climatique se caractérise par une hausse globale des températures sur Terre, ainsi qu’un accroissement significatif des événements climatiques extrêmes. Le réchauffement climatique bouleverse les écosystèmes et les milieux de vie où résident les espèces, qu’elles soient animales ou végétales.

En effet, la hausse des températures et des catastrophes climatiques entraînent par exemple une acidification des océans ou l’augmentation des méga feux de forêt, synonymes de destruction des habitats naturels des espèces.

De plus, le réchauffement climatique modifie les flux migratoires des espèces (oiseaux), leur capacité à se reproduire et menace directement d’extinction certaines d’entre elles (insectes, ours polaires…).

De l’autre côté, la perte de la biodiversité (faune et flore) accélère, elle aussi, le réchauffement climatique. Les forêts, qui figurent parmi les principaux puits de carbone de la planète, sont menacées par les conséquences du réchauffement climatique. Et plus celles-ci disparaissent ou sont dégradées, moins le CO2, qui alimente l’effet de serre, est absorbé. Il en est de même pour les sols et les océans.

En résumé, la protection de la planète passe obligatoirement par la lutte contre le changement climatique et par la protection de la biodiversité.

L’urgence d’agir pour préserver la biodiversité

La situation de la biodiversité est très préoccupante. La communauté scientifique évoque même une 6ᵉ extinction de masse qui pourrait être en cours.

Au rythme actuel, et sans une intervention coordonnée des différents pays, acteurs financiers, entreprises, citoyens et consommateurs pour préserver la biodiversité, les conséquences pour les écosystèmes et pour les sociétés humaines pourraient être irréversibles.

À ce jour, une grande partie des objectifs D’Aichi, pris lors de la COP 10 pour la période 2011-2020, n’ont pas pu être remplis.

Toujours d’après le rapport de l’IPBES, un changement de paradigme profond doit être adopté rapidement et dans tous les domaines (agriculture, exploitation forestière, urbanisation, pollution aquatique, atmosphérique et chimique, gestion des déchets, exploitation des ressources naturelles et des espèces…)

Si ce changement n’a pas lieu, les tendances d’évolution négatives pour la nature et pour l’humanité s’étendront jusqu’à 2050 et au-delà. Celles-ci auront de nombreuses répercussions en chaîne, parmi lesquelles une destruction toujours plus rapide des milieux naturels et une hausse exponentielle des espèces en voie d’extinction.

Ces phénomènes entraîneront à leur tour une aggravation du changement climatique, de ses évènements extrêmes et de leurs conséquences. Les régions les plus frappées par le déclin de la biodiversité et le changement climatique courent de nombreuses menaces.

Ceci vaut par exemple sur le plan sanitaire (sécurité alimentaire et hydrique, apparitions de maladies infectieuses, baisse de la qualité de l’eau et de l’air, hausse du taux de mortalité…), mais aussi au niveau économique, migratoire et social (hausse des migrations climatiques, conflits de la faim et de la soif, hausse des coûts des ressources et de l’énergie…).

Heureusement, la tendance peut encore être inversée ! La nature peut encore être protégée, restaurée et renforcée grâce à un large éventail de mesures basées sur le développement durable et la transition écologique.

Quel est le contexte de la COP15 Biodiversité ?

COP Biodiversité, l’organe directeur de la Convention sur la Diversité Biologique

La COP15 est la quinzième conférence des parties (COP) sur la biodiversité. Les parties font référence aux 196 États ayant rejoint les conventions. Des communautés d’États comme l’Union Européenne ou des États observateurs comme les États-Unis peuvent également être “Partie”.

La COP est l’organe direct de la convention sur la diversité biologique (CDB). Tout comme la COP pour le climat, celui-ci fut créé en 1992 lors du sommet de la Terre de Rio.

La convention sur la diversité biologique est l’une des trois grandes Conventions de Rio ratifiées par les parties. Ce traité international juridiquement contraignant vise trois objectifs principaux :

  • La conservation de la diversité biologique,
  • L’utilisation durable de la diversité biologique,
  • Le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques.

Où et quand s’est déroulée la COP15 Biodiversité

Présidée par la Chine et repoussée plusieurs fois en raison de la crise sanitaire, la COP15 Biodiversité a eu lieu à Montréal (Canada), du 7 au 19 décembre 2022.

Quels étaient les objectifs de la COP15 Biodiversité ?

La convention pour la biodiversité œuvre dans le but de stopper la destruction de la nature, de la protéger et de la restaurer, de parvenir à une utilisation durable de la biodiversité et de garantir un partage juste et équitable de ses avantages.

Afin d’atteindre cet idéal, les principaux buts de la COP15 Biodiversité étaient l’adoption d’objectifs clairs et quantifiés, l’adoption d’un mécanisme de mise en œuvre robuste et inclusif, ainsi que la mobilisation de contributions financières élargies.

La définition d’objectifs clairs et quantifiés concernait les aires protégées (mesures de conservation, augmentation de la surface, de la connectivité et de l’intégrité des écosystèmes), ainsi que la diminution du taux d’extinction et du risque d’extinction et l’augmentation de la diversité biologique des espèces. Ces données devaient être accompagnées d’un ou plusieurs indicateurs phares afin de pouvoir évaluer le niveau de réalisation des objectifs à échéances régulières. L’adoption d’un mécanisme de mise en œuvre robuste et inclusif visait à garantir la responsabilité des Parties.

Enfin, la mobilisation financière visait l’implication des acteurs privés alignés sur les objectifs pour la biodiversité, la fin des subventions négatives pour la biodiversité, mais aussi l’intégration transversale de la biodiversité dans toutes les politiques gouvernementales et économiques.

Insectes pollinisateurs : un maillon indispensable de la biodiversité

Bilan de la COP15 : un accord historique pour la protection de la biodiversité

Au terme de la COP15 Biodiversité, un accord historique pour la protection de la biodiversité a été adopté par plus de 190 États.

L’accord “Kunming-Montréal” voit les Parties s’engager à œuvrer pour la protection des terres, des océans et des espèces contre la pollution et la dégradation causées par les activités humaines et le changement climatique.

Des engagements pour protéger 30 % de la planète

Adopté le 19 décembre 2022 à Montréal, l’accord entre les parties lors de la COP15 Biodiversité prend la forme d’une feuille de route de 23 objectifs à remplir d’ici à 2030.

Déjà évoqué lors du One Ocean Summit en 2021, l’objectif phare du texte, adopté lors de la COP15 Biodiversité, vise à protéger 30 % des terres et des mers de la planète. Rappelons qu’à ce jour, seulement 17 % des terres et 8 % des mers sont protégées.

Le texte de l’accord s’engage “à faire en sorte que, d’ici à 2030, au moins 30 % des terres, des eaux intérieures et zones côtières et marines soit conservées et gérées par le biais d’aires protégées, bien reliées et gérées de manière équitable […] tout en veillant à ce que toute utilisation durable […] soit pleinement compatible avec les objectifs de la conservation”.

Des mesures pour restaurer 30 % des terres dégradées

L’autre objectif majeur, adopté à l’occasion de la COP15 Biodiversité, est la cible numéro 2 du texte de l’accord Kunming-Montréal.

Tout comme l’engagement pour la protection de 30 % de la planète, il figure dans le premier volet d’objectifs intitulé “Réduire les menaces pesant sur la biodiversité”.

Celui-ci prévoit “que d’ici à 2030, au moins 30 % des zones d’écosystèmes terrestres, d’eaux intérieures, côtiers et marins dégradés fassent l’objet d’une restauration effective, afin de renforcer la biodiversité et les fonctions et services écosystémiques, l’intégrité biologique et la connectivité.”

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Une hausse significative de l’aide financière internationale pour la protection de la biodiversité

La troisième percée de l’accord de la COP15 Biodiversité concerne le financement de sa protection et de sa restauration. Dans cette optique, trois mesures d’envergure ont été adoptées.

La première (Objectif 18) prévoit “l’identification, la réforme et la suppression de toutes les incitations et subventions néfastes pour la biodiversité d’une manière proportionnée, juste, équitable et efficace, tout en les réduisant substantiellement et progressivement d’au moins 500 milliards de dollars US par an d’ici à 2030 […]”

La seconde mesure (objectif 19) prévoit notamment “une hausse substantielle et progressive du niveau des ressources financières pour mettre en œuvre les stratégies et plans d’actions nationaux pour la biodiversité, en mobilisant d’ici à 2030 au moins 200 milliards de dollars US par an”, le tout via différentes mesures impliquant les articles publics et privés, nationaux et internationaux.

Enfin, la troisième mesure à vocation financière consiste à ce que les pays développés viennent en aide au pays en voie de développement pour atteindre un total de 30 milliards de dollars de contribution par an d’ici à 2030, dans le cadre du Fonds mondial pour l’Environnement et dès 2023.

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La réduction de l’utilisation des pesticides

Enfin, parmi les 23 objectifs adoptés lors de la COP15 Biodiversité, une avancée majeure a eu lieu en matière de pesticides. En effet, le texte table sur une réduction de moitié de l’utilisation des pesticides d’ici à 2030, le tout dans une logique de réduction globale des risques de pollution et d’impacts négatifs à des niveaux qui ne sont pas nuisibles à la biodiversité et aux services écosystémiques.

Pour conclure

Afin de faire face au déclin de la biodiversité, mais aussi au changement climatique, la COP 15 Biodiversité s’est tenue à Montréal en décembre 2022.

Au bout de la COP15 Biodiversité a émergé un accord historique. Une feuille de route à horizon 2030 et visant à inverser la tendance d’ici à 2050, composée de 23 objectifs ambitieux au service de la préservation de l’environnement.

Parmi les grandes mesures adoptées lors de la COP15 : la protection de 30 % des terres et mers, la restauration de 30 % des surfaces totales dégradées, la hausse de l’engagement financier des États et des acteurs privés, ainsi que la réduction de l’utilisation de la moitié des pesticides, d’ici à 2030.

Biodiversité en ville ou l’importance des espaces verts

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