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16 juin 2023

Comment la pollution plastique détruit nos océans ?

État des lieux de la pollution plastique dans nos océans à l’échelle mondiale

Lorsqu’il est question de pollution plastique, les déchets marins arrivent en tête des préoccupations. Et pour cause, une grande partie des déchets plastiques produits finissent dans les mers et océans.

Quelle quantité de plastique se trouve aujourd’hui dans nos océans ?

Aujourd’hui, la pollution plastique impacte toutes les mers et océans du monde. Ce phénomène est relativement récent puisque l’invention du plastique ne remonte qu’au début du XXᵉ siècle. La production de masse du plastique a commencé dans les années 1950 et sa popularité est advenue dans les années 1960.

C’est dans les années 1970 que les premiers signes de pollution plastique ont été observés, jusqu’à ce que le problème soit largement reconnu au cours des années 1990. Depuis cette période, la production ainsi que la pollution dues aux déchets plastiques ont augmenté de manière exponentielle jusqu’à doubler entre 2000 et 2019. Désormais, la production mondiale de plastique est d’environ 350 millions de tonnes par an.

Aujourd’hui, de nombreuses études scientifiques, ONG et organisations gouvernementales alertent : les chiffres de la pollution plastique dans le monde sont astronomiques.

Tout d’abord, on estime à plus de 8 milliards de tonnes la quantité de déchets plastiques produits depuis les années 1950. Depuis cette date, entre 75 et 199 millions de tonnes ont été rejetées et polluent actuellement les océans. À ces chiffres s’ajoute la pollution plastique annuelle des océans qui se situe entre 9 et 12 millions de tonnes dans le monde.

Enfin, une pollution plastique nettement moins visible, mais tout aussi dangereuse est présente dans la sphère marine. Il s’agit du microplastique, aussi nommé microparticules de plastique. À ce jour, ces dernières sont estimées à plus 24 400 milliards dans les mers et océans.

Une grande diversité de déchets plastique

Bien que les chiffres de la pollution plastique fassent déjà froid dans le dos, rentrons un peu plus en détail sur la diversité des déchets plastiques présents dans les océans.

Une grande quantité de prélèvements et d’études ont permis de préciser la composition de ces déchets. Au cours de l’année 2016, la surveillance effectuée sur un échantillon représentatif des plages européennes a permis de discerner les 10 éléments plastiques les plus présents dans l’environnement marin.

Parmi eux, nous retrouvons les bouteilles plastiques et les bouchons plastiques, les mégots de cigarettes, les cotons-tiges, les paquets de chips, les lingettes, les sacs plastiques, les couverts et emballages alimentaires, les pailles et agitateurs, les gobelets et couvercles, les ballons de baudruche et leurs tiges, les récipients alimentaires ou encore les engins et fils de pêche.

En plus de ces déchets visibles, le principal fléau en matière de pollution plastique se situe au niveau des microparticules. Les microplastiques sont des petits fragments de moins de 5 mm de diamètre, issus de la dégradation de déchets plus gros.

Selon de nombreuses études, ces fragments de déchets représentent la part la plus importante de la pollution plastique présente dans les mers et océans du monde.

D’où provient la pollution plastique qui détruit nos océans ?

Les origines de la pollution plastique sont multiples.

Tout d’abord, la production mondiale de plastique a doublé au début du XXIᵉ siècle, passant de 234 millions de tonnes en 2000 à 460 millions de tonnes en 2019, pour se stabiliser autour de 350 millions à ce jour.

La production de plastique est dominée par la Chine et le reste de l’Asie à plus de 50 %. Viennent ensuite l’Amérique du Nord, l’Union Européenne, le Moyen-Orient, l’Amérique du Sud et l’Afrique.

80 % du plastique présent dans les océans provient de sources terrestres. En 2019, 6,1 millions de tonnes de déchets plastiques ont été rejetées dans la sphère marine et 1,7 million a été entraîné par les cours d’eau.

Lorsqu’il est question de l’origine de la pollution plastique, nous pouvons citer les activités industrielles, les navires de transport, les activités agricoles, les activités de pêche, le tourisme côtier et les activités nautiques.

Les tempêtes, ouragans, catastrophes naturelles, orages et fortes pluies qui s’abattent sur les terres agricoles et sur les agglomérations urbaines participent aussi au déplacement des déchets plastiques.

De plus, les réseaux d’assainissements des villes peuvent être saturés, rejetant ainsi les eaux usées et leurs déchets directement dans les milieux naturels.

Enfin, la gestion des déchets et le recyclage sont également à pointer du doigt. À l’échelle mondiale, seuls 9 % des déchets plastiques sont recyclés, 19 % sont incinérés et 50 % finissent dans des décharges. Les 22 % restants sont abandonnés dans des décharges sauvages, brûlés à ciel ouvert ou rejetés dans l’environnement terrestre ou marin (Perspectives mondiales des plastiques OCDE 2022).

Quelles sont les conséquences de la pollution plastique sur les océans ?

Le plastique, un danger mortel pour la faune océanique

La biodiversité marine est la première victime de la pollution plastique des océans. À ce jour, on estime que 100 000 tortues et mammifères marins meurent chaque année de la pollution plastique. De plus, 90 % des oiseaux de mer ont des fragments de plastique dans l’estomac. En tout, 693 espèces marines sont actuellement menacées par la pollution plastique.

Le premier type de pollution plastique qui menace la faune aquatique est nommé macroplastique. Nous parlons ici des déchets supérieurs à 5 mm de diamètre. Ce type de déchet peut provoquer des étranglements, des blessures, des piégeages, ainsi que des phénomènes d’obstruction respiratoire. Ces derniers sont des facteurs de mortalité significatifs pour la faune marine.

Mais la menace la plus importante pour la faune océanique est sans aucun doute le microplastique. En effet, ces particules de plastique microscopiques causent de sérieux dégâts sur l’ensemble de la chaîne alimentaire marine. Les microplastiques sont facilement ingérés par les espèces aquatiques en tout genre, du plus petit au plus gros. D’une part, elles peuvent causer des dommages physiques directs à l’intérieur de l’organisme (système digestif ou respiratoire).

De plus, les résidus plastiques sont connus pour être des vecteurs de polluants chimiques. Absorbés par la faune océanique, ceux-ci se transforment alors en véritables neurotoxiques capables de perturber tout le fonctionnement d’un organisme, du développement normal à la reproduction.

Le microplastique est aussi synonyme de contamination et de mort lente. En effet, certaines microparticules et produits chimiques peuvent s’accumuler dans les tissus de l’animal tout au long de sa vie, l’affaiblissant progressivement. Nous parlons alors du phénomène de bioaccumulation.

Enfin, la contamination ne s’arrête pas là. Un prédateur qui se nourrit d’un poisson lui-même intoxiqué au plastique ou avec d’autres substances est lui aussi impacté. C’est alors toute la chaîne alimentaire aquatique qui est touchée par la pollution plastique.

Un danger pour la santé mondiale

Si nous allons jusqu’au bout de la chaîne alimentaire, nous arrivons jusqu’à l’homme. Malheureusement, nous sommes, nous aussi, impactés par les conséquences de la pollution plastique océanique.

Fort logiquement, nous ingérons également les microplastiques et polluants chimiques accumulés dans les tissus des espèces marines que nous consommons.

D’après une étude menée en 2019 par le CIEL (Center for International Environmental Law), les impacts de la pollution plastique sur la santé humaine sont nombreux.

Parmi ces désagréments, nous pouvons citer des dysfonctionnements du système immunitaire, hormonal et endocrinien, ainsi que de nombreux dommages physiologiques potentiellement cancérigènes.

Finalement, de nombreuses fonctions de l’organisme humain peuvent être altérées par la pollution plastique et les polluants chimiques. Cela va du comportement au sommeil, en passant par la circulation sanguine, jusqu’aux fonctions sexuelles et reproductrices.

Au travers de l’eau que nous buvons et de la nourriture que nous consommons, il est estimé que nous ingérons 5 grammes de micro plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit !

Décryptage : où atterrissent nos déchets ?

Comment agir pour lutter contre la pollution plastique dans les océans ?

Vous en savez désormais un peu plus sur le bilan et les conséquences de la pollution plastique dans le monde. Découvrons maintenant comment agir contre la pollution plastique.

Des avancées au niveau mondial pour réduire la pollution plastique

Pour protéger les océans et préserver la biodiversité marine, plusieurs mesures sont prises à l’échelle mondiale.

En février 2022 se tenait en France le One Ocean Summit. L’évènement a pour but de tirer la sonnette d’alarme sur l’état des océans et réunit tous les acteurs de la société autour de la protection des océans.

En mars 2022, à Nairobi, au Kenya, l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement a obtenu l’adoption d’un accord historique pour la protection marine et la lutte contre la pollution plastique.

Adopté par 175 pays, cet accord a permis la création d’un comité de négociation intergouvernemental. Celui-ci est chargé d’élaborer un texte juridiquement contraignant pour lutter contre la pollution plastique et garantir la protection des océans d’ici à la prochaine réunion prévue pour la fin d’année 2024.

En décembre 2022, au cours de la COP15 biodiversité, un autre engagement majeur a été adopté et vise quant à lui à protéger 30 % des mers et océans d’ici à 2030.

Enfin, fin février 2023, le World Ocean Summit a mis à nouveau la pollution plastique et la protection marine sur le devant de la scène. Quelques jours après cet évènement, un autre traité historique, cette fois-ci sur la protection de la haute mer, a été adopté à New-York par l’ONU et ses États membres.

Un plan d’action “Zéro déchet plastique en mer” au niveau national

À l’échelle française, des actions sont également mises en œuvre pour réduire la pollution plastique. Lancé en 2020, le Plan Zéro déchet plastique en mer vise à réduire les déchets plastiques et à mettre fin à leur arrivée dans les mers de l’hexagone et d’outre-mer d’ici à 2025.

Le plan se décline en 35 actions, en coordination avec le Comité interministériel de la mer (CIMER) et le Plan biodiversité. Ces différentes actions sont divisées en quatre axes :

  • Prévention des pollutions plastiques en amont / à terre,
  • Lutte contre les déchets dans les cours d’eau, eaux usées et eaux pluviales,
  • Lutte contre les déchets plastiques sur le littoral et en mer,
  • Sensibilisation, information et éducation à propos de ces sujets.

Des actions citoyennes pour réduire et lutter contre la pollution en mer

Opter pour un mode de consommation zéro déchet

Agir contre la pollution plastique passe aussi par l’implication des citoyens au quotidien. Parmi les leviers les plus simples à mettre en œuvre, nous pouvons opter pour la consommation zéro déchet.

En effet, adopter un mode de consommation qui bannit les emballages et autres objets plastiques facilement remplaçables permet de lutter sans efforts pour réduire la production de déchets.

Ainsi, la bouteille d’eau en plastique génératrice d’une quantité de déchets importante et qui contient souvent des microplastiques néfastes pour la santé peut par exemple être remplacée par une gourde personnalisée et pourquoi pas filtrante !

Les sacs en plastique figurent parmi les plus grands fléaux en matière de pollution des océans. En effet, plus de 5 000 milliards sont utilisés chaque année dans le monde. Pour résoudre le problème, rien de plus simple qu’un sac en tissu réutilisable ou encore un sac à dos. L’achat de produits en vrac est également à la portée de tous !

Cette manière de raisonner et de consommer s’applique à une infinité de produits. Le savon en bouteille peut par exemple être remplacé par un savon solide, les rolls de déodorant par une pierre d’alun sans emballage, les pailles en plastique par des pailles réutilisables…

Trier ses déchets

Comme nous l’avons vu en début d’article, la gestion et le recyclage des déchets plastiques sont aussi l’une des clés de la préservation des océans.

Bien que le taux de recyclage actuel soit assez bas, un tri correct des déchets plastiques au quotidien reste néanmoins indispensable.

Le tri des déchets plastiques permet la réduction de la pollution de l’environnement (air, eau, sols), la protection de la biodiversité (faune et flore), la préservation de la santé humaine, des économies d’énergie, ainsi que la réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce à la valorisation et au recyclage.

Participer au nettoyage des plages

Tant que la pollution plastique et ses déchets ne sont pas intégralement stoppés en amont, le ramassage et le nettoyage des lieux pollués restent indispensables pour protéger la planète et les océans.

S’il y a bien un lieu où le nettoyage et la collecte des déchets plastiques sont importants, c’est bien sur les plages.

Pour participer au nettoyage des plages, deux principaux moyens sont à la disposition des citoyens :

  • Le ramassage volontaire, individuel ou en groupe sur les plages en respectant tout de même quelques précautions,
  • La participation à des initiatives de nettoyage et de collecte par le biais d’associations et d’organismes spécialisés comme Initiatives Océanes.
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Conclusion

En accélération constante depuis la fin du XXᵉ siècle, la pollution plastique atteint désormais des records critiques. Chaque année, entre 9 et 12 millions de tonnes de déchets plastiques, qui proviennent principalement de l’Asie et de l’Occident, sont rejetées dans les océans.

Alertés par ces niveaux de pollution extrêmes et leurs conséquences dramatiques, tous les acteurs de la société agissent. Plusieurs accords, actions et mesures sont lancés à l’échelle mondiale afin de protéger les océans, la biodiversité et la santé humaine.

Comment améliorer la gestion de l’eau en ville ?

Crédits photos : Marta Ortigosa, Marie Martin

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