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09 novembre 2022

Comment le réchauffement climatique impacte-t-il la biodiversité ?

Le réchauffement climatique a également de nombreuses répercussions négatives pour l’environnement et la biodiversité.

Quels sont les effets visibles du réchauffement climatique ces dernières décennies ? Quelles sont ses conséquences majeures ? Quel est son impact vis-à-vis de la biodiversité ?

Quelle est l’évolution du réchauffement climatique ces 30 dernières années ?

Le GIEC (Groupe Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) est l’un des principaux acteurs de la prise de conscience des gouvernements et des populations en matière de réchauffement climatique. Le GIEC publie, à intervalle régulier et depuis 1990, des rapports scientifiques de synthèse, regroupant l’ensemble des données relatives à l’évolution du climat.

Le sixième et dernier rapport du GIEC (2021-22) alerte une fois de plus les dirigeants mondiaux sur l’ampleur du phénomène et sur les conséquences du réchauffement climatique.

La température moyenne mondiale ne cesse d’augmenter

La température moyenne mondiale est l’un des indicateurs de référence des experts du climat. Bien que la Terre alterne entre des périodes glaciaires, des périodes interglaciaires et des périodes plus chaudes, le réchauffement climatique semble s’être fortement accéléré depuis les années 1850 et le début de la révolution industrielle.

En effet, c’est depuis cette période que les États commencent à développer de nouveaux modes de transport et de technologies, notamment grâce à la découverte du pétrole et de l’électricité.

Depuis le XXᵉ siècle, la température moyenne de la planète augmente graduellement : + 1 °C pour ce siècle, soit 0,10 °C par décennie. À partir de la fin du XXᵉ siècle, cette tendance a continué à s’accélérer pour atteindre + 0,17 °C par décennie et + 0,35 °C pour les dix dernières années.

En effet, d’après l’Organisation Météorologique Mondiale et la NASA, les années 2016, 2019, et 2020 ont été les trois années les plus chaudes jamais enregistrées.

Rappelons que les accords de Paris de 2015, pris lors de la COP 21, ont fixé un seuil de température mondiale de 1,5 °C à ne pas dépasser d’ici à l’année 2100.

Au rythme auquel s’accélère la hausse de la température moyenne, ce seuil critique pourrait être dépassé durant un mois ou plus d’ici à l’année 2024, ou bien durant une année complète ou plus à partir de 2024 (probabilité de 20 % d’après l’Organisation Météorologique Mondiale).

Enfin, au rythme actuel du réchauffement climatique, la barre des 1,5 °C en plus depuis l’ère préindustrielle pourrait être franchie durablement dès 2035.

Une hausse continue des gaz à effet de serre

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont pointées comme les principales responsables du réchauffement climatique.

Principalement produites par les activités humaines, les émissions de gaz à effet de serre atteignent désormais des taux de concentration sans précédent. Cette concentration retient le rayonnement infrarouge du sol et laisse passer une grande partie du rayonnement solaire dans l’atmosphère terrestre.

Ce phénomène, nommé effet de serre, est l’un des mécanismes de base du réchauffement climatique.

Le CO2 (dioxyde de carbone) est le GES qui porte la plus grande responsabilité dans le phénomène du réchauffement climatique (66 %). À l’origine, le CO2 ou gaz carbonique est présent de manière naturelle et ne contribue pas au réchauffement climatique.

Cependant, la combustion d’énergies fossiles, en hausse constante depuis la révolution industrielle, produit des quantités de CO2 excédentaires, qui ne peuvent pas être absorbées par la planète.

En effet, la production annuelle de CO2 dans le monde a bondi de 63 % depuis 1990 et de 149 % depuis 1750. Sa concentration dans l’atmosphère a quant à elle augmenté de 16 %, passant alors de 355 parties par million à 412, atteignant ainsi un record terrestre vieux de 3 millions d’années.

Enfin, d’autres gaz à effet de serre comme le CH4 / méthane (+ 260 % depuis 1750) ou le N²O / protoxyde d’azote ( + 123 % depuis 1750) sont également responsables du réchauffement climatique.

Une accélération de la fonte des glaces depuis 2007

La fonte des glaces est une des nombreuses conséquences du réchauffement climatique. Celle-ci est essentiellement due à la hausse des températures atmosphériques et océaniques.

Selon une étude récemment publiée par l’université britannique de Leeds, celle-ci s’est considérablement accélérée au cours des trois dernières décennies.

Rappelons que sur Terre, le volume total de glace est d’un peu plus de 30 millions de kilomètres-cubes. Ceux-ci sont principalement répartis entre l’Antarctique ou pôle Sud (29 millions de km³), le continent Arctique, pôle Nord ou Groenland (2,5 millions de km³) et les autres glaciers (0,2 million de km³).

Publiée dans la revue The Cryosphere, l’étude indique que la fonte des glaces a augmenté de 65 % entre 1994 et 2017, suivant désormais les pires scénarios du GIEC à ce sujet.

Au cours de cette période, c’est un total de 28 000 milliards de tonnes de glace qui ont disparu, “soit l’équivalent d’une couche de glace de 100 mètres recouvrant toute la surface du Royaume-Uni”.

Une impressionnante augmentation du niveau de la mer

La fonte des glaces est directement liée à la hausse du niveau des mers. Selon le National Oceanic and Atmospheric Administration, celle-ci se chiffre déjà à + 20 centimètres de hausse moyenne depuis 1880, dont 9,7 centimètres sur ces 30 dernières années.

Même si ces chiffres peuvent paraître dérisoires, cette hausse du niveau des mers menace directement les zones côtières et leurs populations.

En effet, plus de 20 % de la population mondiale vit à moins de 30 km des côtes. Celles-ci se retrouvent alors en proie à l’érosion du littoral, à la disparition des territoires insulaires de basse altitude, aux inondations et autres évènements climatiques extrêmes.

En 2019, le GIEC publiait un rapport spécial traitant de l’océan et de la cryosphère. Celui-ci tablait sur deux types de scénarios liant émissions de gaz à effet de serre, réchauffement climatique et hausse du niveau des mers.

Dans le plus favorable (faibles émissions), la hausse du niveau des mers pourrait se limiter à 60 centimètres. Dans les pires scénarios (fortes émissions de GES et fonte rapide de la calotte glaciaire) les différents modèles tablent sur une élévation allant de 1 à 5,4 mètres.

Réchauffement climatique : tour du monde des meilleures initiatives en faveur du climat

Réchauffement climatique : bientôt, le point de non-retour atteint

Les points de basculement climatique ou points de rupture sont des seuils critiques au-delà duquel un système se réorganise souvent brutalement et/ou de manière irréversible.

Ce sont des phénomènes qui déclenchent et entraînent de multiples événements en cascade et de manière incontrôlable. Au total, les experts du climat ont identifié 16 points de basculement, dont 5 pourraient se déclencher dans les conditions climatiques actuelles.

Une augmentation irrémédiable des méga-feux

Le cercle vicieux du réchauffement climatique peut facilement être constaté en matière de méga-feux de forêts.

Le réchauffement climatique contribue à l’augmentation des températures et de la sécheresse. La sécheresse fait partie des évènements climatiques extrêmes pouvant durer plusieurs mois.

Celle-ci entraîne à son tour un manque d’eau, l’affaiblissement des arbres et de la végétation. En combinant sécheresse, vagues de chaleur extrêmes et affaiblissement de la biodiversité, nous obtenons le cocktail parfait pour les méga-feux de forêts. Ces derniers libèrent à leur tour des quantités massives de CO2 dans l’atmosphère, nourrissant ainsi la boucle infernale du réchauffement climatique.

La destruction de la forêt est en hausse exponentielle. Chaque année, c’est plus de 3 millions d’hectares supplémentaires qui sont ravagés par les flammes dans le monde, soit deux fois plus qu’il y a vingt ans.

L’année 2021 est l’une des pires années en termes d’incendies de forêts. En effet, c’est plus de 9,3 millions d’hectares qui sont partis en fumée. En Russie, ce sont plus de 53 millions d’hectares qui ont brûlé en 20 ans, soit quasiment la superficie de la France.

L'Amazonie menacée

Le point de rupture suivant concerne l’Amazonie, plus grande forêt du monde abritant 390 milliards d’arbres et plusieurs millions d’espèces d’insectes, de mammifères, d’oiseaux, et de reptiles, mais aussi de végétaux.

En 2018, les deux grands spécialistes de l’Amazonie, Thomas Lovejoy et Carlos Nobre estimaient que le point de bascule aurait lieu lorsque 20 à 25 % de la forêt serait détruite.

Aujourd’hui, la forêt amazonienne, sans cesse affaiblie par le réchauffement climatique et la déforestation massive, se trouve dans un état de déforestation avancé, entre 24 et 26 % selon les différentes analyses.

Au-delà de ce seuil irréversible, ce trésor unique de biodiversité s’effondre. Cela se traduit par une perte de capacité de l’absorption du CO2, voire des émissions de ce même gaz carbonique, un assèchement et une transformation de l’écosystème qui devient similaire à une savane, ainsi qu’une réduction de la biodiversité et des espèces animales.

Un effet domino déjà lancé et qui ne peut qu’entraîner des conséquences dramatiques à l’avenir pour la région, mais aussi pour la planète.

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L’arctique en danger

Le dernier point de bascule de cet article concerne la fonte de la calotte glaciaire de l’Arctique.

Une étude récemment publiée dans la revue Communications Earth & Environnement du groupe Nature affirme que l’Arctique s’est réchauffé 4 fois plus vite que le reste du monde (soit 0,75 °C en moyenne par décennie), lors de ces 40 dernières années.

Alors que les chutes de neige ne parviennent plus à contrebalancer cette fonte accélérée, les conséquences déjà perceptibles pourraient franchir un seuil irréversible.

En effet, au rythme actuel du réchauffement climatique (+1,2 à 2,5 °C), à horizon 2100, l’Arctique pourrait libérer une masse d’eau équivalente à une hausse du niveau des mers de sept mètres.

Enfin, la disparition des glaces et de leur capacité de réflexion du rayonnement solaire renforcerait, elle aussi, le réchauffement climatique.

Quel impact le réchauffement climatique représente-t-il pour la biodiversité ?

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Le réchauffement climatique modifie les flux migratoires des espèces

Pour survivre au réchauffement climatique, de nombreuses espèces animales sont forcées à migrer.

Ces espèces suivent désormais les lignes isothermes (lignes frontières dans lesquelles la température est constante), afin de rejoindre les pôles en latitude ou les sommets en altitude.

Bien que les flux migratoires des espèces soient des phénomènes historiquement connus, ceux-ci sont à la fois accélérés par les conditions climatiques, mais aussi freinés ou perturbés par la présence dominante de l’être humain.

En conséquence, la migration de la biodiversité marine est six fois plus rapide que celle des espèces terrestres qui sont fragmentées et ralenties par les structures humaines.

De leur côté, certains oiseaux migrateurs commencent à modifier leur comportement. Alors que certaines espèces fuyaient les hivers glaciaux pour descendre vers le sud, elles réduisent désormais leur trajet pour trouver de la chaleur, tandis que certaines deviennent quasiment sédentaires.

Le réchauffement climatique bouleverse les écosystèmes

Partout à travers le monde, le réchauffement climatique impacte les différents écosystèmes de manière significative.

Chaque espèce, qu’elle soit animale ou végétale, possède un habitat naturel avec des conditions climatiques qui lui sont adaptées.

Bien que le monde du vivant s’adapte naturellement à de petites variations, un changement global, brutal et constant ne pourra pas être encaissé par de nombreuses espèces. Les différents écosystèmes sont alors forcés à l’adaptation (survie) ou à la disparition.

Enfin, de nombreuses plantes, insectes et espèces animales en tout genre contribuent à l’équilibre naturel à l’échelle locale et plus globale. Celui-ci inclut la régulation du climat, du cycle de l’eau ou du ratio prédateurs-proies.

Le changement climatique perturbe le cycle de reproduction des espèces

Lorsque nous parlons de la survie de la biodiversité face au réchauffement du climat, nous pensons également aux différents taux de fertilité des espèces face aux températures extrêmes.

L’écologie scientifique démontrait déjà que chaque espèce vivante possédait une limite thermale critique, soit une température au-delà de laquelle la mort devenait fortement probable.

Depuis 2019, plusieurs chercheurs anglais ont décidé d’aller plus loin afin d’établir une limite thermale de fertilité, température à partir de laquelle certaines espèces voient leur fertilité décliner.

Les conclusions font froid dans le dos. L’impact du réchauffement climatique, auparavant orienté sur les températures mortelles pour les organismes vivants, pourrait avoir été grandement sous-estimé en matière de fertilité.

Ainsi, selon plusieurs estimations, plus de la moitié des espèces vivantes pourraient subir l’infertilité climatique dans le cas d’un réchauffement non-contrôlé et exponentiel.

Des espèces menacées d’extinction par le réchauffement climatique

En bout de chaîne, le réchauffement climatique peut provoquer l’extinction des espèces. Le mammouth est un exemple lointain d’espèce, qui, suite à un réchauffement climatique rapide, s’est totalement éteinte.

De nos jours, de nombreuses espèces menacées ou espèces en voie d’extinction, pourraient subir le même sort en voyant peu à peu leurs conditions de survie détruites.

Prenons l’exemple de l’ours polaire qui est aujourd’hui l’un des animaux les plus menacés par le réchauffement climatique. La fonte du pôle Nord, précédemment évoquée, empêche tout bonnement les ours polaires d’attraper leurs proies. Ceux-ci souffrent alors de famine et sont de ce fait menacés de disparition.

Le réchauffement climatique est également responsable d’une extinction de masse similaire à celle des dinosaures, nous parlons ici des insectes.

En effet, selon un rapport publié dans la revue Biological Conservation, plus de 40 % des espèces insectoïdes sont menacées d’extinction, soit deux fois plus que les vertébrés. Selon certaines estimations, à ce rythme, tous les insectes pourraient avoir disparu d’ici 100 ans, entraînant alors une catastrophe écologique sans précédent.

Conclusion

Le réchauffement climatique est un phénomène global de transformation du climat. Il se manifeste par une hausse générale des températures moyennes, et par des modifications météorologiques et écosystémiques profondes à grande échelle.

En constante évolution depuis le XIXe siècle, le réchauffement climatique est intimement lié aux émissions de gaz à effet de serre. Celui-ci semble à présent entrer dans une phase critique qui contient plusieurs points de bascule. Il devient alors une véritable urgence climatique.

Les solutions pour agir contre le réchauffement climatique existent et doivent prendre place à tous les étages de la société. Agir dès maintenant, c’est garder l’espoir d’un réchauffement en dessous des 2 °C d’ici à la fin du siècle, condition essentielle pour préserver le vivant et la biodiversité.

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Crédit photos :  David Riaño Cortés, Jean-Christophe André, Juli Ane

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