Les technosols constituent ainsi un bon espoir pour éviter d’utiliser les écosystèmes existants, tout en recréant de la biodiversité sur les sols artificiels de nos espaces urbanisés. Cette solution, bien qu’au stade de développement, laisse espérer un moyen concret de lutte contre l’étalement urbain.
Végétaliser les villes en recyclant des déchets urbains, plutôt qu’en exploitant des ressources naturelles semble être la solution idéale pour implanter le concept d’urbanisme circulaire.
Cette approche circulaire a été adoptée par le programme de recherche national français SITERRE, financé par l’ADEME (Agence de la transition écologique) de 2011 à 2016.
Les objectifs de ce programme consistaient, entre autres, à définir les propriétés attendues des sols en fonction de leurs différents usages, à délimiter la pertinence des indicateurs de fertilité du sol, à proposer des profils types de construction de sol et à déterminer le type de déchet approprié pour l’établissement du sol.
Il a été conclu que l’assemblage de déchets organiques et minéraux, spécifiquement conçus pour construire les technosols, permet d’engendrer des sols fertiles avec des propriétés favorisant la création de biomasse. Après vérification, il a été établi que ce type de technosol ne constituait un danger ni pour l’environnement ni pour l’homme.
Ce programme doit permettre le développement des technosols dans l’espace urbain en formulant, à l’attention des gestionnaires de paysages urbains, les spécifications optimales des sols citadins et la manière de procéder pour une gestion durable de ces technosols. Ce protocole a été édité dans un livre publié en 2016.
Zoom sur un projet européen qui mise sur le compost pour reconstituer les sols
Un projet européen a permis à deux régions, en Espagne et au Portugal, de faire renaître la biodiversité en restaurant des sols totalement dénudés, grâce à l’utilisation du compost. Ce projet, dénommé Res2ValHUM, a été réalisé dans trois villes au Portugal (Porto, Braga et Guimarães) et quatre villes dans la région de Galice en Espagne (Ourense, Touro, Saint Jacques de Compostelle et la Corogne).
Des entreprises expertes en production de compost et de technosols, accompagnées par des laboratoires universitaires, ont été mobilisées. Un budget de deux millions d’euros, majoritairement financé par la politique européenne de cohésion, a été attribué à ce projet ambitieux.
Dirigé par l’Université du Minho, il s’inscrit dans l’Axe « Croissance durable par la coopération transfrontalière pour la prévention des risques et une meilleure gestion des ressources naturelles ». En Galice, les sociétés SOGAMA, CVAN et l’Université de Saint Jacques de Compostelle y participent activement. Les entreprises portugaises, LIPOR et BRAVAL ainsi que le CVR se sont également joints à ce projet.
La finalité de ce programme est de promouvoir le compostage en tant que moyen de gestion des déchets organiques, entraînant la réduction de la quantité de déchets à la décharge, et la création d’un compost qualitatif.
Ainsi, les chercheurs de l’Université de Saint Jacques de Compostelle ont participé à ce projet novateur en analysant et en étudiant les propriétés chimiques des composés de différentes sortes de compost. Ce compost provenait principalement de déchets ménagers, d’algues et de fumier. Il s’agissait, pour cette équipe, de déterminer la réaction des différents composts sur les sols et leur aptitude à recréer des espèces vivantes.
Le principe de cette opération est de donner une nouvelle vie aux déchets en les utilisant pour résoudre des problématiques écologiques. Par exemple, les algues échouées sur la plage n’ayant pas d’utilité, elles sont réutilisées pour la création de compost.
L’enjeu est de taille puisque le compost, constitué de matière organique, est un réel puits de carbone. En le réinjectant dans le sol, il permet même de capturer le carbone de manière beaucoup plus active que les végétaux.
L’usine LIPOR, à Porto, récupère 60 000 tonnes de biodéchets par an. Elle les transforme grâce à l’ajout de déchets végétaux, ce qui lui permet de créer 12 000 tonnes de compost.
Grâce à ce projet, des espaces naturels ont pu être mis en place dans ces régions. Par exemple, l’ancienne mine de cuivre de Touro en Galice, qui était totalement dénuée de végétation il y a 20 ans, arbore aujourd’hui de nombreux arbres et une grande variété d’espèces. Toute cette végétation a été engendrée grâce à l’installation de technosols. La faune et la flore renaissent dans ce sol où toute trace de vie avait disparu.
Conclusion
Pour conclure, la transformation des sols, qui découle de l’étalement urbain, constitue un réel danger pour la biodiversité et la sauvegarde des espèces. De nombreuses initiatives tentent de résoudre ce problème mais cela nécessite un profond changement du modèle socio-économique déjà bien ancré dans nos sociétés.
Les technosols sont des sols fertiles créés à partir de déchets recyclés, reproduisant le fonctionnement d’un sol naturel. Ils constituent une solution idéale pour rétablir de la diversité dans les espaces publics sans puiser dans les ressources naturelles.
Des régions espagnoles et portugaises en ont fait l’expérience, grâce au projet européen Res2ValHUM, qui a relevé le défi de reconstituer des espaces naturels à l’aide de compost.
Les technosols constituent une pratique favorisant l’urbanisme circulaire car ils permettent la renaturalisation des sols grâce au recyclage des déchets urbains.
Tour d’horizon des villes les plus éco-responsables dans le monde