Des espaces publics plus fonctionnels grâce au végétal
Au-delà de l’embellissement, la végétalisation remplit des fonctions essentielles pour la ville et ses usagers.
Les plantes et aménagements naturels offrent de véritables services écosystémiques qui rendent la ville plus fonctionnelle et plus résiliente.
Lutte contre les îlots de chaleur
En été, nos villes minéralisées emmagasinent la chaleur et créent des îlots de chaleur urbains.
Introduire des arbres et des surfaces végétalisées est l’une des solutions les plus efficaces pour rafraîchir l’atmosphère.
Un arbre adulte, par l’ombre de son feuillage et l’évapotranspiration, peut transpirer jusqu’à 400 litres d’eau par jour, ce qui procure un pouvoir de refroidissement équivalent à cinq climatiseurs fonctionnant 20 heures1.
Sous une surface arborée, la température en période de canicule peut ainsi être jusqu’à 4°C plus basse que sur un îlot bâti densément minéralisé.
Ces îlots de fraîcheur améliorent le confort des habitants en été et réduisent les besoins en climatisation des bâtiments alentour.
Gestion de l’eau et des sols
La végétalisation des espaces publics participe également à une meilleure gestion des eaux pluviales.
Des sols désimperméabilisés et couverts de végétaux absorbent une partie des précipitations et limitent les risques d’inondation lors des orages.
Par exemple, 1 m² de toiture végétalisée extensive peut absorber en moyenne 30 % des eaux de pluie sur l’année (et jusqu’à 50 % pour une toiture végétale intensive).
Les noues paysagères, jardins de pluie et autres aménagements de génie écologique permettent d’infiltrer l’eau sur place plutôt que de saturer les canalisations.
En prime, ils filtrent naturellement une partie des polluants.
Autre atout : la gestion des sols est aussi améliorée. En remplaçant des revêtements imperméables par des prairies ou massifs, on redonne vie aux sols urbains. Ceux-ci retrouvent des micro-organismes, stockent plus de carbone et offrent un substrat sain pour les plantations.
Restaurer la biodiversité urbaine et l’environnement
Le troisième pilier indissociable d’un projet de végétalisation réussi est l’apport écologique.
Végétaliser un espace public signifie recréer des habitats pour la faune et la flore en ville, avec des bénéfices en cascade sur l’environnement.
Riche biodiversité en ville
Les aménagements paysagers bien pensés peuvent servir de refuges à de nombreuses espèces.
Haies champêtres, prairies fleuries, arbres indigènes, autant d’éléments qui favorisent le retour des pollinisateurs (abeilles, papillons), des oiseaux insectivores, des chauves-souris, etc.
Ainsi, cela contribue à enrayer efficacement l’érosion de la biodiversité, même en cœur de ville.
Par exemple, planter des essences locales variées dans un parc public offre gîte et couvert à toute une chaîne du vivant.
Cette biodiversité urbaine rend en retour des services : pollinisation des jardins, régulation naturelle des ravageurs (les mésanges qui consomment les chenilles processionnaires par exemple), ou encore amélioration de la résistance des plantations (un écosystème équilibré est moins sensible aux maladies).
Végétaliser les espaces publics participe ainsi à la trame verte urbaine.
Créer des continuités végétales entre les parcs, les alignements d’arbres et les jardins permet aux espèces de circuler et de se reproduire. Cela renforce également la résilience écologique de la ville.
Qualité environnementale
Plus de nature en ville, c’est aussi une meilleure qualité de l’air et des sols.
La végétation urbaine capte en effet une partie des polluants atmosphériques (particules fines, ozone, dioxyde d’azote) et produit de l’oxygène.
Certains aménagements, comme les murs végétalisés et les toitures vertes, jouent également un rôle de filtres naturels en piégeant les poussières et en atténuant le bruit urbain.
Les arbres urbains stockent du carbone dans leur bois et contribuent ainsi modestement à la lutte contre le changement climatique.
Si l’impact carbone direct reste limité à l’échelle d’une commune, ces puits de CO₂ participent à la sensibilisation des citadins et font figure d’exemples en tant que « projets urbains durables ».
Les sols, une fois désempierrés et végétalisés, retrouvent leur fonction naturelle épuratrice.
Les racines et les micro-organismes dégradent aussi certaines pollutions et améliorent la structure du sol, ce qui bénéficie à la gestion des eaux, comme vu précédemment.
Exemplarité écologique des gestionnaires
De plus en plus de collectivités adoptent des pratiques d’entretien écologiques pour accompagner la végétalisation de leurs espaces publics.
L’arrêt des pesticides (zéro phyto) dans les parcs et jardins est désormais la norme dans de nombreuses villes (Angers, Paris, etc.), ce qui protège les nappes phréatiques et la petite faune.
La ville d’Angers, pionnière en la matière, a ainsi atteint plus de 90 % d’espaces verts sans aucun pesticide sur son territoire.
La ville de Metz a réduit de 98 % l’usage de produits phytosanitaires depuis 2008.
L’écologie urbaine passe aussi par des innovations : installation d’abris pour la faune (hôtels à insectes, nichoirs), compostage des déchets verts sur place pour amender les sols, éclairage public adapté pour ne pas perturber la faune nocturne, etc.
En combinant ces mesures avec la végétalisation physique des lieux, les gestionnaires d’espaces publics créent alors de véritables écosystèmes urbains à ciel ouvert.
La nature en ville ne relève donc plus de l’artifice.
Elle devient un élément structurant du fonctionnement urbain et du développement local.
Concevoir des projets alliant esthétique, fonctionnalité et écologie
Face à ces multiples avantages, la question n’est plus « pourquoi végétaliser », mais « comment végétaliser au mieux » les espaces publics pour cumuler les bénéfices esthétiques, fonctionnels et écologiques.
Quelques principes de conception et de méthode peuvent aider les maîtres d’ouvrage dans cette démarche.
Planification intégrée
Dès la conception d’un projet de végétalisation, il semble important de réfléchir à une approche globale.
Il s’agit en effet de réfléchir aux trois dimensions suivantes : l’esthétique paysagère, les usages attendus et les objectifs écologiques.
Une place publique pourra, par exemple, intégrer des massifs fleuris pour l’agrément visuel, tout en faisant office de jardin de pluie pour infiltrer l’eau et en utilisant des plantes mellifères profitables aux abeilles.
Le plan d’aménagement pourra alors chercher l’harmonie entre le minéral et le végétal, assurance d’un espace équilibré et pérenne.
Faire appel à des paysagistes-concepteurs, des architectes, des écologues et des urbanistes permet de croiser les expertises pour concevoir un design urbain durable.
Sélection végétale judicieuse
Le choix des essences végétales est déterminant.
Il paraît important de préférer des plantes adaptées au milieu urbain, qui supportent la sécheresse, la pollution et la compaction des sols. Tout en garantissant un rendu esthétique agréable.
Les végétaux locaux ou régionaux sont souvent à favoriser, car ils sont habitués au climat et soutiennent la biodiversité locale.
On veillera à diversifier les strates végétales (arbres, arbustes, vivaces, couvre-sols) pour bénéficier de leurs fonctions complémentaires.
Par exemple, de grands arbres pour l’ombre et l’architecture du lieu, des arbustes fleuris pour la couleur et l’habitat faunistique, des couvre-sols pour limiter les mauvaises herbes et garder l’humidité du sol.
Une palette végétale bien pensée permet d’allier fonctionnalité (plantes pérennes demandant peu d’entretien, enracinement stabilisant les sols…) et esthétique (floraisons étalées, feuillages décoratifs) sans oublier l’écologie (baies nourricières pour les oiseaux, plantes mellifères pour les insectes).