De l’état des lieux à la mise en œuvre : méthode et gouvernance
Pour réussir à rendre les cours d’école plus vertes dans la durée, il est indispensable de raisonner comme pour tout projet de transition écologique : diagnostic, concertation, conception et suivi.
Cette approche est d’ailleurs documentée par des organismes publics comme le CEREMA et des programmes tels que les « Cours Oasis ».
Diagnostic et coconstruction du projet
Un état des lieux précis est d’abord mené : surfaces minérales, température de sol, gestion des eaux pluviales, usages des élèves et contraintes du milieu scolaire.
Ces données permettent alors d’objectiver les besoins, en lien avec les impératifs de sécurité et d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite.
Ensuite, une phase de coconstruction réunit les enseignants, les parents, les élèves et les services techniques.
La concertation nourrit alors la prise de conscience des enjeux environnementaux. Et favorise l’appropriation du futur aménagement.
Vient ensuite la conception bioclimatique : intégration d’arbres d’ombrage et de strates végétales variées, désimperméabilisation des sols pour gérer l’eau de pluie, création d’îlots de fraîcheur et d’espaces pédagogiques.
Le choix des plantes privilégie des espèces locales et mellifères, adaptées au climat et faciles d’entretien, ce qui limite les coûts et favorise la biodiversité.
Un volet pédagogique est aussi pensé en parallèle. Il concerne l’éducation environnementale, les classes de plein air ou les potagers scolaires.
Comme l’explique Lorraine Malzy (urbaniste et coordinatrice du programme Cours Oasis au CEREMA) : « La végétalisation des cours ne se limite pas à planter des arbres ; elle transforme l’école en acteur de la transition écologique et en outil de résilience face au changement climatique. »
Mise en œuvre, suivi et gouvernance durable
Cette approche globale suppose, enfin, une gouvernance claire : phasage des travaux hors temps scolaire et budget incluant la formation des agents, mais aussi plan d’entretien durable (paillage, arrosage raisonné, gestion différenciée).
Des indicateurs permettent de suivre les résultats. Ils valident ainsi la baisse des températures, l’augmentation des heures d’apprentissage en plein air, ou encore l’amélioration de la qualité de vie scolaire et du lien social entre élèves.
Cette vision intégrée transforme la végétalisation en véritable projet éducatif et écologique, au service des élèves et des territoires.
Enjeux écologiques et climatiques
Rendre les cours d’école plus vertes influence aussi directement l’écosystème urbain et le climat.
Planter des arbres et des arbustes en ville renforce la biodiversité locale.
Une cour verte devient un refuge pour les insectes, les oiseaux et les petits mammifères.
Comme le relève un expert Strasbourg-I.D.E.O : « Végétaliser les cours d’école permet la création de nouveaux réservoirs de biodiversité et le développement d’un maillage de trames vertes et bleues pour favoriser le déplacement des espèces dans la ville »1.
De tels corridors écologiques relient les espaces naturels et contribuent à la résilience des écosystèmes urbains.
Ce verdissement joue également un rôle majeur d’adaptation au changement climatique.
Les zones plantées atténuent les îlots de chaleur urbains. Les arbres fournissent de l’ombre et un point d’humidité, ce qui abaisse les températures de surface.
Une étude du bureau d’études Terao, dans le cadre des cours « Oasis » à Paris, a ainsi montré une baisse de 10 à 15 °C de la température au sol dans les zones végétalisées2 ekole.fr.
En aménageant des jardins de pluie ou des sols perméables (désimperméabilisation), les cours végétales améliorent aussi la gestion des eaux pluviales. Et limitent le ruissellement et le risque d’inondation.
Toutes ces mesures participent à un meilleur cadre de vie pour les élèves et plus largement pour les quartiers environnants.
Le bilan écologique dépasse néanmoins la seule cour de récréation, en multipliant les cours vertes, les villes augmentent aussi les « puits de carbone » urbains.
Les plantations absorbent le CO₂ de l’air tout en filtrant la pollution atmosphérique, purifiant ainsi l’air des cours et des salles alentour.
En favorisant des pratiques durables (compostage, recyclage de l’eau, etc.), ces projets s’intègrent, en outre, à des démarches de développement durable.
Ils contribuent ainsi aux objectifs nationaux. Un rapport parlementaire recommande d’ailleurs de végétaliser toutes les cours d’école, collèges et lycées d’ici à 2030.3
Le message est clair : verdir les établissements scolaires fait partie d’un plan global de transition écologique.
Mobiliser la communauté éducative et les partenaires
La concertation et l’implication de toutes les parties sont des conditions essentielles pour réussir à végétaliser une cour de récréation.
Rendre les cours d’école plus vertes ne se résume effectivement pas à planter des végétaux.
La réussite de cette démarche repose, par ailleurs, sur la concertation et l’implication de tous.
Les acteurs éducatifs, les parents et les élèves doivent être associés dès le début.
Le Cerema insiste en effet sur ce point : « La concertation avec l’ensemble des parties prenantes est un point fondamental. Il s’agit en effet de faire avec les enfants, les parents d’élèves, les enseignants… pour construire un projet partagé ».
Impliquer les élèves, les parents et les enseignants dès la conception
Des ateliers participatifs permettent alors de définir les usages souhaités de la cour (aire sportive, potager, zones calmes…) et d’apprendre aux élèves à coconstruire leur environnement.
Cette démarche pédagogique crée ensuite une prise de conscience collective. Les enfants apprennent à entretenir le lieu (par exemple en plantant ou en arrosant les espaces verts), ce qui renforce leur lien au vivant.
Du côté des collectivités territoriales, le soutien des élus et des services techniques est indispensable.
Les projets de cours végétalisées mobilisent en effet des compétences variées (urbanisme, espaces verts, éducation) et peuvent requérir un budget significatif.
Il est donc souvent nécessaire d’établir un partenariat entre la municipalité, la direction de l’éducation et parfois des organismes publics (agences de l’eau, etc.).
Ces acteurs peuvent apporter des financements ou du conseil écologique.
Assurer la pérennité et mesurer les bénéfices des projets
Pour optimiser la sécurité et l’entretien, des règles claires d’usage sont par ailleurs co-rédigées avec les équipes éducatives.
Il est, par exemple, possible de prévoir des « zones de circulation ».
Ou d’installer des paillages pour minimiser la boue. Tout en prêtant des bottes aux élèves si besoin.
Ces mesures pratiques évitent alors les réticences parfois entendues (« la nature, c’est salissant ou dangereux ») et garantissent que le projet fonctionne sur le long terme.
Pour aller plus loin, les projets de végétalisation des cours peuvent enfin intégrer des indicateurs de suivi et d’évaluation.
Mesurer l’évolution de la biodiversité, la baisse des températures ou l’impact sur le bien-être scolaire permet en effet de documenter les résultats. Puis d’optimiser les pratiques.
Des partenariats avec des chercheurs ou des associations spécialisées peuvent encore renforcer cette démarche scientifique.
Les collectivités et les acteurs privés bénéficient ainsi de données fiables pour orienter leurs futurs investissements et prouver les retombées éducatives et écologiques de ces aménagements.