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01 mars 2022

Comment transformer les villes pour améliorer l’accessibilité aux personnes handicapées ?

La question de l’accessibilité des villes aux personnes handicapées est encore un sujet trop peu abordé. Cela parce que nous ne nous sentons pas forcément concernés et que nous ne sommes pas confrontés à ces difficultés quotidiennement.

Pourtant, selon une étude de l’INSEE réalisée en 2016, en France, on ne compte pas moins de 12 millions de personnes handicapées, tous types de handicaps confondus. Ce qui représente tout de même un Français sur six. Des personnes qui, au quotidien, doivent faire face aux problèmes d’accessibilité, notamment dans l’espace urbain. Et ce ne sont pas les seuls concernés, puisque, pour les aider, bien souvent, ce sont des personnes de leur entourage qui sont à leurs côtés. Donc meilleure sera l’accessibilité des villes, plus les personnes en situation de handicap seront autonomes.

Ce sujet avait toutefois été abordé par le gouvernement en place qui souhaitait en faire l’une de ses priorités. Mais alors qu’en est-il aujourd’hui ? Comment améliorer la politique handicap des villes et permettre une meilleure accessibilité handicap ? Quelles sont les villes pionnières en la matière qui sont déjà des villes pour tous ?

Accessibilité aux handicapés : où en sont les villes ?

Accessibilité des villes : de quoi parle-t-on ?

Avant 2005, il n’y avait aucune définition officielle de l’« accessibilité ». C’est avec la loi de 2005 que la première définition interministérielle apparaît : « […] l’accessibilité requiert la mise en œuvre des éléments complémentaires, nécessaires à toute personne en incapacité permanente ou temporaire pour se déplacer et accéder librement et en sécurité au cadre de vie ainsi qu’à tous les lieux, services, produits et activités. La société, en s’inscrivant dans cette démarche d’accessibilité, fait progresser également la qualité de vie de tous ses membres ».

escalier et rampe d_accès

De façon plus concrète, cela signifie que toute personne handicapée doit avoir accès à plusieurs éléments. À son environnement physique, aux transports, à l’information, à toutes les communications qui l’entourent et à tous les services et les infrastructures publics. Et ce, comme peuvent y avoir accès les personnes valides.

Pour rendre cela possible, plusieurs échéances avaient été programmées. L’ordonnance de 2014 sur le sujet a permis d’élaborer un premier agenda d’accessibilité programmée. L’engagement était alors de réaliser des travaux dans un délai déterminé et avec un budget précis. Un délai qui a d’abord été de 3 ans (jusqu’en 2018), puis allongé de 2 ans (jusqu’en 2020) pour remplir ces obligations d’accessibilité en centre-ville et plus largement dans toute la France. Des objectifs pas encore atteints aujourd’hui.

Un combat encore loin d’être gagné

Si certaines villes sont plus en avance que d’autres pour adapter les infrastructures urbaines et les rendre accessibles à tous, il reste encore beaucoup de chemin à faire.

Cela se joue notamment sur l’accessibilité aux transports en commun, encore trop peu développée pour les personnes à mobilité réduite ou malvoyantes. Par exemple à Paris, avez-vous déjà essayé de vous mettre dans la peau d’une personne en situation de handicap pour prendre le métro ? Escaliers, couloirs interminables, pas d’indications sonores pour savoir si l’on va dans la bonne direction… Autant d’obstacles insurmontables pour des personnes en situation de handicap.

Et cela concerne aujourd’hui 2 millions de personnes qui sont en fauteuils roulants, en France, et 12 millions de personnes, tous types de handicaps confondus. Mais pas seulement. L’accessibilité en ville, c’est aussi rendre la ville plus praticable pour les femmes enceintes, les familles avec des poussettes, les personnes âgées ou encore pour les personnes qui voyagent et transportent de grosses valises… Si l’on prend tout cela en compte, cela concernerait alors 9 Français sur 10 !

Quels sont les freins au développement de l’accessibilité des villes ?

Les personnes à mobilité réduites représentent une part de plus en plus grande des populations urbaines. Rendre les villes accessibles devient donc indispensable. Pour autant, faut-il modifier totalement l’architecture des villes ? Notamment les villes et centres-villes historiques ?

Patrimoine historique et accessibilité ne font souvent pas bon ménage. Gros pavés irréguliers, trottoirs exigus, petites ruelles, marches… Tout cela constitue de nombreux freins à rendre les villes historiques plus accessibles. Mais peut-on imaginer des villes comme Carcassonne par exemple, sans ses dédales de rues pavées qui montent et qui descendent ? Il faut donc trouver des solutions afin de pouvoir allier histoire urbaine et accessibilité PMR. In fine, cela permettra également d’allier tourisme et accessibilité.

D’ailleurs, certaines solutions peuvent déjà être mises en place. Dans les faits, nombreuses sont les normes d’accessibilité qui sont déjà transposables aux centres-villes, même historiques, grâce à des moyens techniques. Pour ce qui n’est pas encore envisageable, comme par exemple, élargir les chaussées, il existe des alternatives. Il peut s’agir par exemple de faire appel à une aide humaine, pour accompagner les personnes à mobilité réduite dans leurs déplacements. Plus largement, en Europe, de nombreuses villes mettent à disposition des charrettes tirées par des chevaux. Cela permet aux personnes à mobilité réduite de profiter au mieux du charme des villes. Une inclusivité rendue possible, même dans des milieux moins adaptés.

Emploi et handicap : comment réussir l’intégration des personnes handicapées au sein de son entreprise ?

Accessibilité aux personnes handicapées : zoom sur les villes qui montrent l’exemple

Grenoble, la ville la plus accessible de France

Selon le classement de l’APF, Grenoble est la ville la plus accessible de France. Et cela ne date pas d’hier, puisqu’en 2013, c’était déjà cette même ville qui était classée en tête.

En 2020, ce sont 30 % des Grenoblois qui disaient n’avoir jamais été (ou rarement) gênés dans leurs déplacements. La ville se plaçait donc en première position devant Rennes avec 27 % et Nantes et Strasbourg, à égalité sur la troisième marche avec 24 %.

Mais alors comment se fait-il que Grenoble soit meilleure que les autres villes de France ? Matthieu Villaret, directeur territorial des actions associatives d’APF France handicap analyse cela comme suit : « Grenoble est historiquement engagée dans l’adaptation de son territoire aux besoins des personnes à mobilité réduite. En lien avec les associations qui les représentent. Il y a une culture de l’accessibilité chez les élus grenoblois. […]. »

Toutefois, même pour les trois meilleures villes de France sur ce sujet, ces taux restent encore trop faibles.

Varsovie, la ville la plus accessible d’Europe en 2020

Plus largement, en Europe, c’est Varsovie, la capitale de la Pologne, qui a remporté le trophée « Access City Award » pour l’année 2020. Cela s’explique par plusieurs facteurs.

La ville a d’abord fait des efforts considérables pour améliorer son accessibilité, tout en consultant les premières personnes concernées, les personnes en situation de handicap. Mais la ville s’est aussi tournée vers les personnes ayant des besoins particuliers en matière d’accessibilité.

Cela a permis à Varsovie d’améliorer considérablement le niveau global de son accessibilité, rapidement et efficacement (source Handicap et Société).

Singapour, une des villes pionnières de l’accessibilité dans le monde

Enfin, terminons ce tour d’horizon des villes les plus accessibles en passant par la Cité-État de Singapour. Et ce n’est pas au niveau national mais bien au niveau mondial que cette ville se distingue comme l’une des pionnières en matière d’accessibilité. Singapour serait-elle le modèle de la ville pour tous ?

Concrètement, tous les trains, tous les métros, toutes les gares et les différentes stations sont accessibles, même aux personnes ayant un handicap moteur, sensoriel, tout comme aux familles nombreuses avec poussettes. De plus, la quasi-totalité des routes piétonnes, des taxis et stations de bus sont eux aussi accessibles (95 %).

Dans cette ville, vous trouverez des rampes, des ascenseurs et des toilettes accessibles avec des portiques larges dans les gares et les différentes stations. Il est également possible pour les personnes malvoyantes de disposer de toutes les informations grâce à des écritures en braille et des bandes podotactiles. Pour les personnes sourdes, les destinations et le temps d’arrivée sont affichés sur les écrans et les portes des métros ont des lumières rouges pour indiquer que les portes se ferment. Mais cela ne s’arrête pas là.

Les passages piétons, eux aussi, sont adaptés aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap. Ces derniers peuvent demander un temps supplémentaire pour traverser les routes. Enfin, c’est sans oublier les lieux culturels, eux aussi inclusifs. Les théâtres, les musées et autres jardins sont également accessibles à tous. Tout comme les équipements sportifs, adaptés pour le handisport.

Des aménagements urbains pensés de manière inclusive qui doivent être un modèle pour toutes les villes du monde !

Accessibilité aux personnes handicapées : quelles actions mettre en place ?

3. chantier angers aire de jeux inclusive

Zoom sur une aire de jeu inclusive à Angers

À l’échelle nationale, idverde veut contribuer à rendre plus accessibles tous les types d’infrastructures aux personnes handicapées. Nous avons d’ailleurs participé à la mise en place d’une aire de jeu

Dans cet espace de 1 300 m², ce sont une dizaine de jeux qui ont été installés. Tous les matériaux, des sols aux revêtements, ont été choisis pour permettre d’assurer la sécurité des enfants et de faciliter leurs déplacements, même en situation de handicap. Nous avons également installé des repères visuels, pour permettre à tous les enfants d’évaluer sereinement la prise de risque.

Courir, grimper, se défouler, autant d’actions devenues possibles pour tous. Même les trampolines et le carrousel sont accessibles aux enfants à mobilité réduite. Une aire de jeu qui permet donc aux enfants d’améliorer leurs capacités, tout en s’amusant (source Angers ville actu)

Penser la ville en tenant compte de tous les usagers

Pour améliorer l’accessibilité des villes, il faut inclure dans leurs conceptions toutes les typologies d’usagers : que ce soit les malvoyants, les personnes en fauteuil roulant, les familles nombreuses avec des poussettes…Plus ces personnes aux besoins spécifiques seront intégrées dans la façon de penser la ville, plus la ville leur sera adaptée.

Car c’est bien la ville qui doit s’adapter à tous les usagers et non l’inverse. Cela peut se faire notamment par le biais d’associations, en impliquant les bénévoles et en leur permettant de tester les infrastructures avant leur mise en place. Impliquer ces personnes dans les études, les conceptions et les décisions permettra d’obtenir une ville accessible.

trottoir aménagé

Repenser une offre de transports basée sur l’accessibilité

L’un des sujets qui revient le plus souvent en termes d’accessibilité dans les villes, ce sont les transports en commun. Car c’est principalement dans les transports que les personnes à mobilité réduite, temporaire ou permanente, rencontrent le plus de difficultés.

Pourtant, c’est désormais une obligation pour les villes, de proposer des transports publics qui répondent à certaines normes d’accessibilité. Et il ne reste plus que trois ans aux collectivités pour se conformer à ces normes. Mais ce retard n’est pas sans explication : ce sont de gros travaux, souvent très coûteux pour les villes. Il s’agit d’installer des ascenseurs ou des rampes d’accès aux voies, des portiques adaptés aux personnes en fauteuil ou aux poussettes, des quais surélevés pour supprimer l’éventuel écart entre la rame et le quai ou encore des distributeurs de billets abaissés… Cela représente des changements considérables.

Heureusement, l’état cofinance ces évolutions, et en 2021, un budget de 120 millions d’euros a été réattribué pour permettre de relancer les travaux de mise aux normes. Une bonne nouvelle pour améliorer l’accessibilité des villes !

Conclusion

La notion d’accessibilité est assez récente. En France, c’est Simone Veil, alors ministre de la Santé, qui est l’instigatrice du texte de référence créant la politique publique sur le handicap. Puis, ce n’est ensuite qu’en 2005 que nous avons pu constater des mises à jour dans ce domaine.

Pourtant, cette notion d’accessibilité concerne une part non négligeable de la population, pour qui arpenter la ville au quotidien est un parcours du combattant. 12 millions de personnes en situation de handicap, sans compter les femmes enceintes, les familles avec poussettes, les personnes à mobilité réduite temporaire…

Heureusement, certaines villes, en France et dans le monde, donnent l’exemple ! Mais un exemple encore trop timide, du moins en France, qui se doit d’être amélioré. C’est pour atteindre un meilleur niveau dans ce domaine qu’idverde met tout son savoir-faire au service des collectivités pour permettre de créer des espaces accessibles à tous !

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