De façon plus concrète, cela signifie que toute personne handicapée doit avoir accès à plusieurs éléments. À son environnement physique, aux transports, à l’information, à toutes les communications qui l’entourent et à tous les services et les infrastructures publics. Et ce, comme peuvent y avoir accès les personnes valides.
Pour rendre cela possible, plusieurs échéances avaient été programmées. L’ordonnance de 2014 sur le sujet a permis d’élaborer un premier agenda d’accessibilité programmée. L’engagement était alors de réaliser des travaux dans un délai déterminé et avec un budget précis. Un délai qui a d’abord été de 3 ans (jusqu’en 2018), puis allongé de 2 ans (jusqu’en 2020) pour remplir ces obligations d’accessibilité en centre-ville et plus largement dans toute la France. Des objectifs pas encore atteints aujourd’hui.
Un combat encore loin d’être gagné
Si certaines villes sont plus en avance que d’autres pour adapter les infrastructures urbaines et les rendre accessibles à tous, il reste encore beaucoup de chemin à faire.
Cela se joue notamment sur l’accessibilité aux transports en commun, encore trop peu développée pour les personnes à mobilité réduite ou malvoyantes. Par exemple à Paris, avez-vous déjà essayé de vous mettre dans la peau d’une personne en situation de handicap pour prendre le métro ? Escaliers, couloirs interminables, pas d’indications sonores pour savoir si l’on va dans la bonne direction… Autant d’obstacles insurmontables pour des personnes en situation de handicap.
Et cela concerne aujourd’hui 2 millions de personnes qui sont en fauteuils roulants, en France, et 12 millions de personnes, tous types de handicaps confondus. Mais pas seulement. L’accessibilité en ville, c’est aussi rendre la ville plus praticable pour les femmes enceintes, les familles avec des poussettes, les personnes âgées ou encore pour les personnes qui voyagent et transportent de grosses valises… Si l’on prend tout cela en compte, cela concernerait alors 9 Français sur 10 !
Quels sont les freins au développement de l’accessibilité des villes ?
Les personnes à mobilité réduites représentent une part de plus en plus grande des populations urbaines. Rendre les villes accessibles devient donc indispensable. Pour autant, faut-il modifier totalement l’architecture des villes ? Notamment les villes et centres-villes historiques ?
Patrimoine historique et accessibilité ne font souvent pas bon ménage. Gros pavés irréguliers, trottoirs exigus, petites ruelles, marches… Tout cela constitue de nombreux freins à rendre les villes historiques plus accessibles. Mais peut-on imaginer des villes comme Carcassonne par exemple, sans ses dédales de rues pavées qui montent et qui descendent ? Il faut donc trouver des solutions afin de pouvoir allier histoire urbaine et accessibilité PMR. In fine, cela permettra également d’allier tourisme et accessibilité.
D’ailleurs, certaines solutions peuvent déjà être mises en place. Dans les faits, nombreuses sont les normes d’accessibilité qui sont déjà transposables aux centres-villes, même historiques, grâce à des moyens techniques. Pour ce qui n’est pas encore envisageable, comme par exemple, élargir les chaussées, il existe des alternatives. Il peut s’agir par exemple de faire appel à une aide humaine, pour accompagner les personnes à mobilité réduite dans leurs déplacements. Plus largement, en Europe, de nombreuses villes mettent à disposition des charrettes tirées par des chevaux. Cela permet aux personnes à mobilité réduite de profiter au mieux du charme des villes. Une inclusivité rendue possible, même dans des milieux moins adaptés.
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Grenoble, la ville la plus accessible de France
Selon le classement de l’APF, Grenoble est la ville la plus accessible de France. Et cela ne date pas d’hier, puisqu’en 2013, c’était déjà cette même ville qui était classée en tête.
En 2020, ce sont 30 % des Grenoblois qui disaient n’avoir jamais été (ou rarement) gênés dans leurs déplacements. La ville se plaçait donc en première position devant Rennes avec 27 % et Nantes et Strasbourg, à égalité sur la troisième marche avec 24 %.
Mais alors comment se fait-il que Grenoble soit meilleure que les autres villes de France ? Matthieu Villaret, directeur territorial des actions associatives d’APF France handicap analyse cela comme suit : « Grenoble est historiquement engagée dans l’adaptation de son territoire aux besoins des personnes à mobilité réduite. En lien avec les associations qui les représentent. Il y a une culture de l’accessibilité chez les élus grenoblois. […]. »
Toutefois, même pour les trois meilleures villes de France sur ce sujet, ces taux restent encore trop faibles.
Varsovie, la ville la plus accessible d’Europe en 2020
Plus largement, en Europe, c’est Varsovie, la capitale de la Pologne, qui a remporté le trophée « Access City Award » pour l’année 2020. Cela s’explique par plusieurs facteurs.
La ville a d’abord fait des efforts considérables pour améliorer son accessibilité, tout en consultant les premières personnes concernées, les personnes en situation de handicap. Mais la ville s’est aussi tournée vers les personnes ayant des besoins particuliers en matière d’accessibilité.
Cela a permis à Varsovie d’améliorer considérablement le niveau global de son accessibilité, rapidement et efficacement (source Handicap et Société).
Singapour, une des villes pionnières de l’accessibilité dans le monde
Enfin, terminons ce tour d’horizon des villes les plus accessibles en passant par la Cité-État de Singapour. Et ce n’est pas au niveau national mais bien au niveau mondial que cette ville se distingue comme l’une des pionnières en matière d’accessibilité. Singapour serait-elle le modèle de la ville pour tous ?
Concrètement, tous les trains, tous les métros, toutes les gares et les différentes stations sont accessibles, même aux personnes ayant un handicap moteur, sensoriel, tout comme aux familles nombreuses avec poussettes. De plus, la quasi-totalité des routes piétonnes, des taxis et stations de bus sont eux aussi accessibles (95 %).
Dans cette ville, vous trouverez des rampes, des ascenseurs et des toilettes accessibles avec des portiques larges dans les gares et les différentes stations. Il est également possible pour les personnes malvoyantes de disposer de toutes les informations grâce à des écritures en braille et des bandes podotactiles. Pour les personnes sourdes, les destinations et le temps d’arrivée sont affichés sur les écrans et les portes des métros ont des lumières rouges pour indiquer que les portes se ferment. Mais cela ne s’arrête pas là.
Les passages piétons, eux aussi, sont adaptés aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap. Ces derniers peuvent demander un temps supplémentaire pour traverser les routes. Enfin, c’est sans oublier les lieux culturels, eux aussi inclusifs. Les théâtres, les musées et autres jardins sont également accessibles à tous. Tout comme les équipements sportifs, adaptés pour le handisport.
Des aménagements urbains pensés de manière inclusive qui doivent être un modèle pour toutes les villes du monde !
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