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03 septembre 2025

Comment limiter les températures en ville : les défis écologiques

Les étés récents ont connu des records de chaleur en milieu urbain.

En France, les températures dépassent désormais les 40 °C à Paris ou dans d’autres grandes agglomérations.

Ces épisodes caniculaires répétés montrent que nos villes ne sont pas encore adaptées à de telles fortes chaleurs.

Alors que le dérèglement climatique rend ces températures extrêmes plus fréquentes, une question cruciale se pose : comment limiter les températures en ville tout en relevant les défis écologiques ?

Comprendre l’îlot de chaleur urbain

La notion d’îlot de chaleur urbain désigne le différentiel de température constaté entre le cœur des villes et les zones rurales voisines.

En été, l’écart peut atteindre plusieurs degrés.

Une étude a ainsi mesuré jusqu’à 5,5 °C de plus la nuit au centre d’une grande ville par rapport à sa périphérie1.

Plusieurs facteurs expliquent pourquoi la ville retient plus facilement la chaleur.

D’abord, les matériaux omniprésents (béton, asphalte) emmagasinent l’énergie solaire le jour puis la restituent la nuit.

Les revêtements sombres, comme l’enrobé noir des voiries, accumulent la chaleur.

La végétation, bien moins présente en ville, fait par ailleurs défaut pour rafraîchir l’air.

La configuration urbaine (bâtiments hauts, rues étroites) limite, quant à elle, la circulation de l’air, piégeant la chaleur dans un véritable « canyon » urbain.

Enfin, certains équipements aggravent le problème.

La généralisation des climatiseurs, par exemple, contribue à réchauffer l’extérieur des bâtiments.

Les scientifiques ont en effet montré que les climatiseurs ajoutent environ 1 °C supplémentaire à la température en ville en rejetant dehors la chaleur intérieure.

Ce cercle vicieux nous montre qu’il est impératif d’agir différemment pour limiter les températures en ville et protéger les habitants.

Végétaliser la ville : la nature contre la chaleur

La végétation dispose d’un pouvoir rafraîchissant naturel.

Les arbres, pelouses et massifs fleuris créent de véritables îlots de fraîcheur grâce à l’ombre qu’ils procurent et à l’évapotranspiration qui humidifie et refroidit l’air.

Des chercheurs ont ainsi montré qu’à l’ombre d’un arbre, la température ressentie peut être jusqu’à 7 °C plus basse qu’en plein soleil, à seulement quelques mètres de distance.

À l’échelle d’une ville entière, la plantation massive d’arbres aurait donc un impact tangible pour limiter les températures en ville, puisqu’un couvert végétal de 30 % ferait baisser la température moyenne d’environ 0,5 °C.

Tout en réduisant d’un tiers la mortalité liée aux canicules.

Concrètement, de nombreuses métropoles misent sur la nature en ville.

Paris, par exemple, a inauguré en 2024 deux « forêts urbaines » en cœur de cité, avec un rafraîchissement local de l’air attendu jusqu’à 4 °C.

Un toit d’immeuble végétalisé aménagé en jardin partagé contribue à rafraîchir le bâtiment et offre un îlot de fraîcheur aux habitants en ville.

Aux Pays-Bas, les équipes idverde ont aménagé 4 700 m² de toitures végétalisées sur un immeuble (projet Het Platform), créant ainsi terrasses et jardins suspendus pour les habitants.

Au Danemark, l’entreprise a participé au toit vert emblématique de CopenHill à Copenhague (centrale de valorisation des déchets transformée en colline de loisirs), en y plantant plusieurs tonnes d’arbres sur 16 000 m² de toiture.

Pour autant, verdir la ville ne s’improvise pas.

Un savoir-faire expert est donc nécessaire pour sélectionner des essences adaptées, améliorer les sols et assurer un entretien suivi, afin que la végétation urbaine déploie tout son potentiel rafraîchissant sur la durée.

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Des matériaux urbains plus frais : revêtements clairs et perméables

Outre la végétation, repenser les matériaux urbains peut réduire la chaleur en ville.

Des revêtements clairs renvoient, par exemple, la chaleur et contribuent à limiter les températures en ville durant les pics de rayonnement solaire.

Remplacer l’asphalte sombre des trottoirs par un béton clair ou un enduit réfléchissant pourrait ainsi abaisser d’environ 7 °C la température de surface du sol en journée et limiter d’autant la chaleur réémise la nuit.

Des toitures claires ou peintes en blanc ont le même effet de réflexion de la chaleur.

Ce principe de « couleur froide » constitue alors une piste simple pour diminuer la surchauffe du bitume et du bâti.

De même, adopter des revêtements perméables au sol atténue le phénomène d’îlot de chaleur.

Contrairement aux surfaces imperméables qui font ruisseler l’eau de pluie et deviennent sèches et brûlantes, les matériaux poreux (pavés drainants, dalles engazonnées, sols sablés, etc.) laissent l’eau s’infiltrer.

Ils maintiennent ainsi une certaine humidité dans le sol, ce qui favorise la fabrication de fraîcheur par évaporation.

Ces aménagements contribuent d’ailleurs à limiter les inondations urbaines en cas d’orage, tout en rendant l’espace urbain plus agréable par temps de canicule.

Chez idverde, nous accompagnons ainsi des communes dans la déminéralisation de cours d’écoles ou de places bitumées, en remplaçant le bitume par des surfaces végétalisées et drainantes nettement plus tempérées en été.

L’eau et l’arrosage optimisé : rafraîchir tout en préservant la ressource

Des aménagements végétalisés en ville offrent des zones de fraîcheur appréciables pour les habitants durant l’été.

L’eau en ville joue en effet un rôle de climatiseur naturel.

La présence de fontaines, de bassins ou de miroirs d’eau rafraîchit alors l’air ambiant par évaporation.

Des alignements d’arbres le long des cours d’eau ou des plans d’eau urbains créent des corridors de fraîcheur idéals lors des pics de chaleur.

De nouvelles pratiques émergent aussi.

Par exemple, l’arrosage ponctuel des chaussées avec de l’eau non potable lors des canicules.

En humidifiant temporairement le bitume, l’évaporation rafraîchit l’air environnant.

La difficulté reste cependant de concilier usage de l’eau et sobriété, surtout lors des épisodes de sécheresse estivale.

Pourtant, pour réguler la température, les plantes urbaines doivent être correctement irriguées, même en période de restrictions.

Si elles ne le sont pas suffisamment, elles ne peuvent plus jouer leur rôle rafraîchissant.

C’est pourquoi un arrosage optimisé est indispensable.

Sur ce point, idverde s’appuie sur son pôle d’expertise en arrosage et fontainerie pour concevoir des systèmes adaptés à chaque projet.

Arrosage goutte-à-goutte, programmateurs intelligents et récupération de l’eau de pluie font effectivement partie des solutions déployées afin de maintenir les espaces verts hydratés sans gaspiller d’eau.

Grâce à ces techniques, les jardins urbains conservent leur fraîcheur tout en préservant la ressource en eau.

Compléter la stratégie : circulation du vent et urbanisme écologique

La chaleur urbaine ne dépend pas seulement de la quantité de végétation.

La circulation du vent joue, elle aussi, un rôle déterminant dans la dispersion de l’air chaud.

Or, les tissus urbains compacts coupent les flux.

Les urbanistes parlent alors d’« îlots de chaleur urbains piégés ».

En effet, les rues étroites, bordées de hauts bâtiments, agissent comme un couloir thermique dans lequel la convection naturelle est entravée.

La solution réside dans la « mise en place » de couloirs de ventilation perpendiculaires aux vents dominants.

Par exemple, des axes plantés qui relient un parc à un cours d’eau.

Les études du ministère de la Transition montrent qu’une ouverture de seulement dix mètres de large, perméable aux flux, peut limiter la température moyenne en ville de 1 à 1,5 °C pendant les vagues de chaleur.

Dans la métropole de Toulouse, idverde collabore avec l’atelier d’urbanisme B612 pour reconfigurer la place Saint-Sernin : suppression de places de stationnement, alignements d’arbres hautes tiges et création d’un corridor végétalisé orienté nord-ouest / sud-est.

Les premières simulations (logiciel ENVI-met) indiquent un abaissement potentiel de 1,2 °C dans le centre historique à l’horizon de 2028.

Cet exemple illustre comment l’urbanisme écologique (choix de gabarits, orientation des voies, trame verte), soutient la transition écologique au même titre que la simple végétalisation.

Eau, brumisation et points d’ombre : un micro-climat plus frais

À côté des arbustes et des revêtements clairs, le facteur eau demeure crucial afin de maintenir les espaces verts hydratés sans gaspillage et ainsi limiter les températures en ville.

Même en période de sécheresse.

La combinaison points d’eau + ombrage crée ainsi un micro-climat à grande efficacité énergétique.

L’université de Delft (Pays-Bas) a démontré qu’une fontaine diffuse abaisse localement la température du sol de près de 4 °C en plein après-midi.

Mais comment éviter la sur-consommation ?

L’approche idverde privilégie le rafraîchissement durable : récupération d’eaux pluviales, circuit fermé avec UV pour éviter la prolifération bactérienne, pompes basse énergie alimentées par des panneaux solaires intégrés.

À Lyon-Confluence par exemple, le miroir d’eau conçu par idverde en partenariat avec l’agence Herzog & de Meuron fonctionne intégralement avec l’eau recyclée du réseau de climatisation du centre commercial voisin.

Il réduit ainsi à zéro l’utilisation d’eau potable pendant l’été.

En complément, la brumisation à basse pression (1,5 bar) épaissit l’air de microgouttelettes qui absorbent le rayonnement solaire.

Cette technique, déployée sur les quais de Bordeaux, fait chuter la température ressentie de 2 °C lors des événements estivaux.

La mise en œuvre exige cependant un réglage fin pour éviter un simple transfert d’humidité sur les piétons.

Un capteur hygrométrique coupe donc la brume quand l’air dépasse 70 % d’humidité.

Il garantit alors un vrai confort sans sur-saturation.

Bénéfices santé : quand le confort thermique devient enjeu de santé publique

Avant même de quantifier l’effet de chaque aménagement, il importe de souligner que la chaleur excessive constitue, à elle seule, un enjeu sanitaire majeur pour les populations urbaines.

L’îlot de chaleur, un risque sanitaire majeur

Limiter la chaleur urbaine n’est pas uniquement une question de confort.

Il s’agit d’un impératif de santé humaine.

L’INSERM rappelle en effet que la surmortalité due aux îlots de chaleur dépasse 1 500 personnes lors des grands épisodes caniculaires en France métropolitaine.

Réduire la température de seulement 1 °C dans une zone dense diminue également de 7 % le risque de mortalité cardio-respiratoire.

Les collectivités qui investissent dans des solutions écologiques (espaces verts, points d’eau, revêtements poreux), améliorent donc directement la qualité de vie et réduisent les coûts hospitaliers.

La géographe urbaine Sarah Lindley, professeure à l’Université de Manchester, rappelle : « Porter la part de végétation à seulement 10 % du tissu dense peut diminuer jusqu’à 4 °C la température de surface et rendre la ville nettement plus résiliente face aux aléas climatiques à l’horizon de 2080. ».

Étude scientifique : l’effet combiné des trames vertes et bleues

Une méta-analyse INRAE / Cerema (2024), portant sur 92 villes européennes, quantifie l’effet combiné arbres + zones d’eau :

  • – 1,2 °C de température de l’air en journée pour 25 % de surface végétalisée
  • – 0,8 °C supplémentaires quand un plan d’eau > 0,5 ha est présent
  • Jusqu’à – 3 °C en cumulant végétation dense, revêtement perméable et couloirs de ventilation.

La robustesse statistique valide l’intérêt de créer simultanément des trames vertes et bleues pour un aménagement durable.

L’étude conclut que la mise en place d’un réseau d’espaces verts continus peut limiter de moitié la probabilité de dépasser 35 °C dans une zone urbaine dense à l’horizon de 2050.

Financement et planification territoriale : comment passer à l’échelle opérationnelle ?

Le ministère de la Transition a lancé en mars 2025 l’appel à projets « Îlots de fraîcheur » doté de 150 M €.

Ce projet finance jusqu’à 80 € par m² de végétalisation ou de revêtement rafraîchissant.

Budget que les collectivités peuvent cumuler avec le Fonds vert (ADEME) pour des travaux d’adaptation au changement climatique.

Les agences de l’eau, quant à elles, subventionnent les dispositifs de récupération des eaux pluviales et les points d’eau publics.

idverde accompagne déjà plusieurs communes dans la rédaction de dossiers financiers et simplifie ainsi la mise en œuvre des projets.

Pour en assurer la pérennité, un plan de gestion s’impose : sol vivant (apport de compost, paillage), arrosage intelligent piloté par sondes tensiométriques, et suivi phytosanitaire raisonné.

Ce fonctionnement en coût complet optimise les budgets publics tout en garantissant le succès à long terme.

Conclusion

Répondre au défi de la chaleur urbaine suppose d’articuler plusieurs solutions durables : végétalisation, revêtements clairs ou perméables, maîtrise de l’eau, circulation du vent et programmation de points d’ombre.

Ces mesures réduisent les températures tout en améliorant la santé publique, la qualité de vie et la résilience économique.

L’impact positif est désormais quantifié : moins de surmortalité, moins de dépenses de santé, baisse mesurée des émissions de gaz à effet de serre.

Avec ses 50 agences, idverde met son expertise en aménagement paysager au service des collectivités et des grands donneurs d’ordre pour transformer la ville en un écosystème plus frais et plus durable.

En combinant toutes ces approches, il devient alors possible de limiter les températures en ville et d’accroître la résilience de nos quartiers face au réchauffement climatique.

1  Climatology.edpsciences : « Impacts des espaces verts sur la répartition des températures de l’air pendant la saison chaude dans l’agglomération de Sfax (centre-est de la Tunisie) »

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