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21 juin 2023

Comment les communes s’adaptent à l’érosion du littoral ?

Phénomène naturel aggravé par le changement climatique, l’érosion du littoral oblige les communes exposées à s’adapter. Origines, conséquences, solutions… idverde vous explique tout !

Les littoraux, des espaces très attractifs

Qu’appelle-t-on le littoral ?

Le littoral fait référence à la zone de transition ou de contact entre la terre et la mer.

Chaque littoral est unique et se compose de formations géologiques différentes. Parmi elles, nous pouvons citer :

  • Les falaises : calcaire, grès, schiste ou autres types de roches,
  • Les dunes : fixes ou mobiles,
  • Les plages : composées de sable, de galets ou de rochers,
  • Les récifs : formations rocheuses sous-marines composées de corail, d’algues et d’autres organismes vivants,
  • Les mangroves : forêts d’arbres et d’arbustes situées dans des zones côtières et marécageuses,
  • Les zones humides côtières : marais salants, estuaires, lagunes…

Les archipels, les criques, les fjords, les deltas ou les atolls peuvent aussi être inclus dans la grande diversité des littoraux existants.

Le littoral est un espace dynamique en évolution permanente. En effet, plusieurs facteurs naturels tels que les vagues, les marées, les courants ou encore le vent modifient sa structure au fil du temps. Nous parlerons alors de l’érosion du littoral.

De plus, d’autres facteurs issus des activités humaines tels que l’aménagement urbain, l’industrialisation, la pollution ou encore l’exploitation des ressources naturelles participent également à l’érosion du littoral.

Un phénomène préoccupant puisque d’après l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), plus de 60 % de la population mondiale vit à proximité du littoral, soit à moins de 150 km du rivage.

Pourquoi les littoraux sont-ils attractifs ?

Comme nous venons de le voir, les littoraux sont des espaces naturels rares, riches en biodiversité, mais également très peuplés. Rentrons un peu plus en détail pour explorer les particularités qui rendent les littoraux uniques et attractifs.

La pêche est souvent l’activité traditionnelle et emblématique des zones littorales. De plus, elle est l’un des secteurs économiques les plus importants des espaces côtiers. La pêche et l’agriculture des littoraux assurent d’une part la prospérité économique et la sécurité alimentaire des populations, mais aussi l’échange commercial local, national et international.

Parmi les autres pôles économiques importants du littoral nous pouvons citer les industries portuaires et manufacturières. Elles assurent le transport de marchandises et de personnes, la construction et l’entretien des navires, la production d’énergie éolienne en mer, ainsi que l’industrie gazière et pétrolière.

Synonymes de vacances, de détente et de repos, de baignade ou de bronzage, les plages et autres stations balnéaires figurent parmi les lieux les plus attractifs du monde, de quoi attirer des millions de personnes chaque année.

En lien direct avec les plages, les littoraux offrent une vaste gamme de sports et activités nautiques en tout genre. Nous pensons ici au surf, à la voile, au kayak, au paddle, au jet-ski, à la voile, au surf, à la plongée sous-marine ou encore aux excursions touristiques en bateau.

Toujours en lien avec le tourisme, les littoraux abritent des paysages ainsi qu’un patrimoine culturel et historique remarquables. Les littoraux offrent alors de nombreuses explorations, randonnées, promenades, visites de musées et autres sites.

Les littoraux renferment également de nombreuses espèces animales. Celles qui sont protégées, par exemple dans le cadre des réserves naturelles, peuvent être observées. Les autres alimentent la gastronomie et les spécialités culinaires locales.

Zoom sur l’évolution de l’urbanisation des littoraux en France

Le littoral français compte environ 20 000 km de côtes dont 5 500 km en métropole, soit le deuxième espace maritime mondial derrière les États-Unis.

En métropole, le littoral est réparti sur 4 façades maritimes (la Manche, la mer du Nord, l’océan Atlantique et la mer Méditerranée). Ces quatre façades concentrent 10 % de la population française sur seulement 4 % du territoire à travers 885 communes, 26 départements et 11 régions.

Côté outre-mer, la superficie du littoral français est estimée autour de 15 000 km et comprend 90 communes. Les territoires français ultramarins comprennent la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, ainsi que Wallis-et-Futuna.

Durant les trente glorieuses (1945-1975), l’urbanisation du littoral français connaît une accélération spectaculaire. La forte croissance économique de l’époque augmente la demande de logements bon marché et conduit à la construction de grandes cités balnéaires et résidentielles. Ces nouveaux ensembles prennent place en périphérie des villes côtières de l’époque, dans des zones jusqu’alors peu urbanisées.

Les années 1970-1980 marquent quant à elles l’apogée du tourisme de masse. Les villes côtières sont modernisées et équipées de nouvelles infrastructures pour accueillir les vacanciers. C’est à cette époque que naissent de nombreux hôtels, campings et complexes résidentiels.

Depuis les années 1990, la tendance est à la rénovation et à l’amélioration des villes côtières, le tout dans une logique de préservation de l’environnement et du patrimoine culturel, mais aussi de diversification de l’économie.

En résumé, voici les principales répercussions de l’urbanisation du littoral français :

  • Démographiques : augmentation de l’attractivité et de la population côtière,
  • Économiques : impact positif sur l’économie locale, création de nombreux emplois,
  • Écologiques : augmentation de l’artificialisation des sols, fragmentation des écosystèmes, perte de biodiversité, dégradation ou destruction des paysages côtiers, diminution des surfaces agricoles, augmentation de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre.

Le littoral, un espace menacé par le changement climatique

Les activités humaines ne sont pas les seules à menacer le littoral. En effet, le changement climatique continue d’accroître la pression sur cet espace déjà fragilisé.

La submersion marine, une menace qui pèse sur le littoral

Liée au changement climatique, la submersion marine est l’une des principales menaces qui pèsent sur les littoraux. La submersion marine fait référence à l’inondation temporaire d’une zone côtière par la mer en raison de conditions météorologiques défavorables. Parmi ces événements critiques, nous pouvons citer les tempêtes, cyclones, ouragans et vents violents, les marées hautes ou encore les tsunamis.

Les risques de submersion marine sont également favorisés par l’élévation du niveau de la mer, aggravée par le changement climatique. En effet, le rapport du GIEC de 2021 alertait en ce sens. Depuis le début de l’ère industrielle, le niveau de la mer a augmenté d’environ 20 cm, soit entre 1,7 et 2 mm par an. Depuis les années 1990, la hausse est mesurée entre 3,2 et 4 mm par an, soit le double. Les projections scientifiques du GIEC tablent désormais sur une élévation du niveau de la mer comprise entre 50 cm et 1 mètre à l’horizon 2100, un facteur de risque majeur en matière de submersion marine et d’érosion du littoral.

Les conséquences des submersions marines sont nombreuses. Les inondations peuvent entraîner d’importants dégâts humains et matériels, la perte de biodiversité, l’érosion du littoral et la réduction des terres agricoles, la destruction d’infrastructures et la perturbation des activités économiques, l’augmentation de la pollution et des risques sanitaires, sans oublier les déplacements forcés de population.

Comment le réchauffement climatique accélère l’érosion du littoral ?

Le littoral en danger face à l’accélération de l’érosion côtière

En plus de la submersion marine, l’érosion du littoral est le principal risque qui pèse sur les côtes. À l’origine, l’érosion du littoral, ou érosion côtière, est un phénomène naturel. Il se produit lorsque les vagues, le vent, les marées, les courants emportent le sable et les roches des plages, des dunes et des falaises.

Cependant, le dérèglement climatique est un facteur d’accélération de l’érosion du littoral. En effet, l’augmentation des températures, l’accélération de la montée des eaux, mais aussi de la fréquence et de l’intensité des tempêtes et des événements climatiques extrêmes aggravent l’érosion du littoral.

Enfin, les activités humaines de construction et d’urbanisation (routes, ponts, artificialisation des sols…) empêchent l’apport de sédiments vers les côtes, fragilisent les écosystèmes et contribuent, de fait, à l’érosion du littoral.

L’érosion du littoral entraîne de nombreuses conséquences négatives pour l’environnement et la société. Parmi elles, la perte de terres, la dégradation des plages, l’augmentation du risque d’inondation, la perte de biodiversité et la perte de ressources naturelles. Des facteurs de risque qui menacent non seulement la vie économique et la vie résidentielle, mais aussi la sécurité alimentaire des populations.

En France, le Ministère de la Transition écologique estime que 25 % des côtes françaises sont touchées par l’érosion côtière. À l’échelle mondiale, l’ONU estime que 30 % des côtes sont menacées par l’érosion du littoral.

Ville durable : comment préserver la biodiversité dans les projets d’aménagement urbain ?

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Que peuvent faire les communes pour s’adapter à l’érosion du littoral ?

Quelles sont les communes françaises concernées par les risques d’érosion du littoral ?

La plupart des régions côtières françaises sont menacées par l’érosion du littoral. Au total, 126 communes sont directement concernées.

La Bretagne est la zone française la plus menacée par l’érosion du littoral avec plus de 41 communes concernées. La Nouvelle-Aquitaine est la seconde région la plus touchée avec 31 communes menacées par l’érosion du littoral. La Normandie, les Pays de la Loire, l’Occitanie, les Hauts-de-France, la Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse viennent compléter les régions métropolitaines menacées par l’érosion du littoral.

Enfin, la Martinique (13 communes), la Guadeloupe (9 communes), la Guyane (3 communes), la Réunion et Mayotte sont aussi concernées par les risques d’érosion du littoral.

Zoom sur l’ordonnance relative à l’aménagement durable des territoires littoraux exposés au recul du trait de côte

Dans le cadre de la loi Climat et résilience de 2021 et dans le but de faire face aux risques d’érosion du littoral et de submersion marine, l’ordonnance n° 2022-489 a été adoptée par le gouvernement français le 6 avril 2022. Cette ordonnance a pour but d’encadrer chaque projet d’aménagement urbain du littoral, tout en prenant en compte les risques d’érosion et de submersion marine. Elle impose notamment la réalisation d’études préalables pour évaluer les risques et les impacts de l’aménagement du littoral sur l’environnement.

L’ordonnance prévoit également la mise en place d’un Plan d’Adaptation au Recul du Trait de Côte (PARTC) pour chaque territoire concerné. Ce plan doit être élaboré en concertation avec les acteurs locaux et doit permettre de définir les mesures d’adaptation à mettre en œuvre pour préserver le littoral.

Le bail réel d’adaptation à l’érosion côtière a aussi été créé. Celui-ci pourra être conclu entre un bailleur public et un preneur sur les bâtiments situés dans les zones exposées. D’une durée comprise en 12 et 99 ans, ce bail permet la poursuite de certaines activités liées à l’économie du littoral ou au tourisme.

De plus, l’ordonnance renforce les obligations d’information et de concertation avec les habitants et les élus locaux pour assurer une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux.

Enfin, cette ordonnance met en place des dispositifs de suivi et de contrôle des projets d’aménagement du littoral pour s’assurer de leur conformité aux objectifs de préservation de l’environnement.

En résumé, cette ordonnance vise à instaurer un aménagement durable du littoral français, notamment en améliorant la gestion des territoires exposés aux risques d’érosion côtière et de submersion marine.

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Repenser l’aménagement urbain dans les zones à risque

Pour faire face à l’érosion du littoral, la politique d’aménagement urbaine doit être revue dans les 126 communes concernées.

Dans celles qui ne disposent pas encore du plan de prévention des risques littoraux, les maires doivent réaliser la cartographie de l’évolution du trait de côte à 30 et 100 ans. Cette cartographie permettra par la suite de repenser l’aménagement urbain.

Dans les zones exposées à l’érosion du littoral et à la submersion marine d’ici à 30 ans, les nouvelles constructions seront interdites, exceptées pour l’extension de bâtiments existants, pour l’installation de services publics ou pour de nouvelles activités économiques nécessitant la proximité immédiate avec la mer.

Pour les zones menacées d’ici à 100 ans, la construction reste autorisée. Néanmoins, les installations devront être détruites lorsque le risque d’érosion du littoral augmentera.

Pour conclure

Le littoral est la zone de contact entre la terre ferme et la mer. Écosystèmes complexes et riches en biodiversité, les littoraux sont essentiellement composés de falaises, de plages, de dunes, de zones humides, de récifs ou de mangroves. Ce sont également des zones densément peuplées, prisées par les vacanciers et possédant de forts atouts économiques et culturels.

L’érosion du littoral est un phénomène naturel provoqué par les vagues, les vents, les marées et les courants qui emportent les sables et les roches des zones côtières. Le phénomène touche 30 % des littoraux dans le monde et 25 % des zones côtières françaises. Amplifiées par le dérèglement climatique et l’urbanisation, l’érosion du littoral et ses nombreuses conséquences menacent les populations côtières, les infrastructures et l’économie.

Pour faire face à ce défi, les communes s’adaptent à travers de nombreuses mesures de prévention, de protection, de suivi et d’anticipation afin de préserver la sécurité des territoires et de garantir la protection de l’environnement.

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Crédits photos : Matt Hardy, Tom Verdoot

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