Comment le réchauffement climatique accélère l’érosion du littoral ?

Et cela ne se passe pas qu’à l’étranger, nous pouvons également constater ce phénomène ici, en France, dans de plus en plus de communes. Ces cinquante dernières années, ce ne sont pas moins de 30 km² de côtes qui ont disparu en France, à cause de l’érosion du littoral. C’est un phénomène qui provoque à la fois la crainte chez les populations qui vivent près des côtes, mais qui déclenche aussi l’envie et le besoin de lutter contre.

Heureusement, il existe des solutions pour lutter contre l’accélération du phénomène d’érosion du littoral. Nous allons vous en dire plus aujourd’hui sur ce qu’est l’érosion du littoral, quels sont les effets du réchauffement climatique sur ce phénomène et quelles sont les solutions qui existent aujourd’hui. Focus.

En quoi consiste l’érosion du littoral ?

Érosion du littoral, un phénomène naturel

Le site Eau France définit l’érosion comme « le déplacement de sol ou de roches sous l’action combinée de la gravité et des éléments naturels tels que le vent, la pluie, le ruissellement de l’eau ou les vagues. Ce phénomène naturel entraîne le transfert progressif de grands volumes de matière depuis l’amont des bassins versants vers l’aval ».

Pour ce qui est du littoral, ou encore des zones côtières, c’est principalement l’eau et les vagues, qui provoquent son érosion. L’érosion naturelle du littoral touche d’ailleurs aussi bien les côtes sableuses que les côtes rocheuses.

Pour les côtes sableuses, ce sont les courants générés par la houle, qui déplacent les sédiments, dus à l’action d’agents externes (vent, etc.). Plus les sédiments sont déplacés par les courants, plus l’érosion est forte. Pour les côtes rocheuses, l’érosion est en premier lieu favorisée par la nature de la roche. De ce fait, certaines roches comme la craie, le gré ou le tuf sont des roches naturellement friables qui résistent moins bien.

Mais contrairement aux côtes sableuses, l’érosion des côtes rocheuses est due à plusieurs facteurs. D’abord, la nappe phréatique a une place déterminante dans l’instabilité des terrains. C’est pourquoi il est primordial de surveiller les variations de la pluviométrie et des périodes de gel. Sans oublier bien sûr les courants marins (houle, vagues…) qui, eux, emportent avec eux les éboulis tombés aux pieds de falaises Enfin, le dernier facteur à prendre en compte dans l’érosion des côtes rocheuses, c’est l’usure des roches et le développement de la fracturation de celles-ci, sous l’effet du choc du déferlement.

Comment évalue-t-on le phénomène d’érosion du littoral ?

Pour estimer l’avancée de l’eau sur la terre ferme, il existe ce que l’on appelle le trait de côte, qui délimite la frontière entre terre et mer. Une frontière qui n’est pas figée et qui bouge en fonction de divers facteurs : tempêtes, vents forts, pluies…

Pour calculer au plus juste le phénomène d’érosion des côtes, il existe plusieurs indicateurs, comme les lignes des hautes et basses eaux, la ligne du haut et du pied de la falaise… Mais la méthode utilisée aujourd’hui pour évaluer l’érosion du littoral ne fonctionne que pour les falaises touchées directement par les vagues. Elle ne prend pas en compte la côte basse, qui est pourtant elle aussi une plateforme d’érosion.

Les mesures se font donc principalement sur les falaises exposées aux vagues. Et il existe deux types de falaises différentes : les falaises à forte pente, c’est-à-dire au-delà de 45° et les falaises à pente faible, c’est-à-dire les autres falaises, à moins de 45°.

Lorsque le secteur de mesure est défini, la mesure de l’érosion prend en compte quatre indicateurs, à savoir : le pied de falaise (pour les falaises à faible pente notamment), le haut de la falaise, la rupture de pente et enfin la limite d’extension de la végétation.

C’est ainsi qu’a procédé l’Institut Français de l’Environnement (IFEN) en 2003, ce qui a montré que 24 % du trait de côte recule (soit un quart). À l’inverse, un dixième du littoral est en engraissement et gagne sur la mer. Pour le reste de la France, c’est près de la moitié du linéaire côtier (44 %), qui restait stable à cette époque. Pour les 17 % de côtes restantes, elles sont considérées comme des côtes figées artificiellement, c’est-à-dire des zones portuaires et de digues, mais aussi 5 % de côtes dont la dynamique n’est pas étudiée. Bien sûr, ces chiffres ont évolué aujourd’hui, vous pourrez les retrouver ici.

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Quels sont les effets du réchauffement climatique sur le littoral ?

La montée des mers multiplie les submersions marines

Enfin, la dernière conséquence liée au réchauffement climatique est la submersion marine. Il s’agit en fait d’une inondation temporaire du littoral. Inondation engendrée par l’augmentation du niveau de l’eau, qui rend les espaces côtiers vulnérables face à ces inondations de plus en plus fortes et fréquentes.

Selon les derniers rapports du GIEC sur le changement climatique, 31 % des côtes sableuses en France sont touchées par l’érosion et la submersion marines, tout comme le sont les falaises et les côtes rocheuses. Une érosion grandissante qui réduit la taille des plages, entre autres.

Pour illustrer ces phénomènes, Ocean Campus a créé une vidéo sur le sujet qui en est un bon résumé.

Le reboisement au cœur de la lutte contre le réchauffement climatique

Quelles sont les côtes françaises les plus menacées par l’érosion du littoral ?

Aujourd’hui, ce ne sont pas moins de 126 communes dans toute la France qui sont menacées par l’érosion du littoral, réparties dans 21 départements et 10 régions.

Parmi les régions les plus touchées, on compte, en tête, la Bretagne, avec 41 communes touchées, la Normandie, mais aussi la Nouvelle Aquitaine. Sans oublier l’Outre-Mer avec 25 communes touchées. Une vulnérabilité particulière dans ces communes, qui a été définie par rapport à l’état des connaissances scientifiques actuelles et plus particulièrement en fonction de l’indicateur national de l’érosion littorale.

Pour pallier le risque que représente cette érosion côtière grandissante, le gouvernement a défini cette année, de nouvelles règles de construction sur le littoral, dont fait partie l’ordonnance du 6 avril 2022 qui a eu pour but de créer le bail réel d’adaptation à l’érosion côtière. Un nouveau type de bail, d’une durée de 12 à 99 ans, qui pourra être conclu sur des bâtiments situés dans les zones exposées. Ceci afin de permettre de continuer les activités et notamment les activités touristiques dans ces zones à risque.

Pour découvrir la liste de toutes les communes menacées, c’est par ici.

Comment agir pour ralentir l’érosion du littoral ?

Agir pour ralentir le réchauffement climatique

La première chose à faire pour ralentir voire stopper l’érosion du littoral serait de lutter contre le réchauffement climatique dans sa globalité. Puisque c’est ce même réchauffement climatique qui provoque la montée des eaux et la dilatation thermique, qui provoquent elles-mêmes une érosion du littoral toujours plus importante.

Heureusement, pour lutter contre le réchauffement climatique, il existe des actions simples qui peuvent être mises en place. Tout d’abord, la transition énergétique, qui consiste à modifier nos modes de production et de consommation d’énergie. Il s’agit donc d’une action collective, mettant à contribution tous les citoyens mais aussi et surtout les entreprises, dans leurs façons de fabriquer. Faire la transition entre énergies fossiles et énergies renouvelables permettra de rejeter moins de CO², et donc de réduire la hausse des températures.

Deuxième clé : consommer différemment. Il faut apprendre à consommer moins mais mieux, opter pour des alternatives responsables, produits locaux, bios et éco-conçus. Car aujourd’hui, tout notre système opte pour le fast : fast-fashion, fast-food… Tout doit aller vite, au détriment de la qualité et même parfois, de la santé…

Et consommer mieux, c’est aussi moins de gaspillage, qui, malheureusement, est partout aujourd’hui : alimentaire, énergétique, dans les grandes enseignes ou chez vous. Or, il est tout à fait possible de réduire le gaspillage, quel qu’il soit. Ne pas laisser les lumières allumées, chauffer les pièces raisonnablement, ne pas laisser couler l’eau du robinet… Des gestes simples, applicables dès maintenant.

Enfin, la dernière action que nous évoquerons ici pour limiter le réchauffement climatique est le reboisement. Car les arbres contribuent à l’absorption du CO² et à la filtration des particules polluantes dans l’air. Sans oublier que les forêts favorisent la biodiversité.

L’approche traditionnelle d’ingénierie dure

Lorsque l’on parle d’ingénierie dure pour la protection des côtes, on évoque les solutions pensées par l’Homme avec les moyens d’aujourd’hui pour lutter contre l’érosion. Dans un article, France 24 évoque deux exemples mis en place à Malte et aux Pays-Bas.

À Malte, c’est la ville de Marsaxlokk qui a mis en place pas moins de 70 mètres d’épis, constructions temporaires réalisées avec de gros rochers calcaires. Une barrière qui va du quai jusqu’à la mer, formant ainsi un mur de protection qui empêche le sable et les sédiments d’être emportés par le vent. Une solution au coût global de 2 millions d’euros.

 Aux Pays-Bas, ce sont 12 millions de mètres cubes de sable qui ont été déplacés pour les remettre sur les plages. Une technique toutefois coûteuse et éphémère, puisque le sable doit être remplacé chaque année, en plus grande quantité.

Les solutions vertes, basées sur la nature

Il existe aussi d’autres approches, plus responsables vis-à-vis de la nature et de la biodiversité présente sur place. C’est pour l’une de ces solutions qu’a opté la ville de Portsmouth, au Royaume-Uni, en construisant un mur de défense maritime de deux kilomètres, habitable pour les espèces des rivages rocheux.

D’autres villes, en France, en Normandie ou sur la Côte Basque ont tout simplement accepté cette érosion et ont préféré investir pour déplacer les habitations et structures présentes sur la côte qui auraient pu, à terme, être victimes de l’érosion.