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24 octobre 2025

Comment assurer l’entretien des forêts urbaines et des boisements périurbains ?

Peut-on laisser une forêt urbaine évoluer librement en pleine ville ?

Ou faut-il impérativement l’entretenir pour qu’elle s’épanouisse ?

Cette question suscite la curiosité des collectivités et des aménageurs, tant les forêts urbaines et les boisements périurbains jouent un rôle crucial.

Bien entretenir les forêts urbaines et les boisements périurbains garantit en effet qu’ils continuent de fournir leurs multiples bénéfices sur le long terme, de la lutte contre le changement climatique à l’amélioration de la qualité de vie.

Les zones boisées en ville méritent une attention particulière.

Quels sont, cependant, les enjeux liés à ces forêts d’exception ?

Comment assurer l’entretien des forêts urbaines et des boisements périurbains de manière durable et efficace ? Et préserver leur biodiversité et leur caractère naturel ?

Les bénéfices des forêts urbaines et périurbaines

Les arbres et forêts en ville ne sont pas de simples décors verts.

Ils sont également de véritables alliés pour la nature en ville et pour les habitants, en rendant, entre autres, de multiples services environnementaux.

Les services environnementaux et sanitaires des forêts urbaines

Une canopée d’arbres apporte, par exemple, de la fraîcheur en été en faisant de l’ombre et en évapotranspirant de l’eau, ce qui réduit l’effet des matériaux minéraux surchauffés en ville.

On estime ainsi que la température sous le couvert d’un arbre peut être de 7 à 8 °C inférieure à celle des zones sans ombre lors des pics de chaleur.

Les arbres urbains améliorent aussi la qualité de l’air. Ils fixent certaines particules et de nombreux polluants.

Ils atténuent aussi le bruit urbain et facilitent, enfin, l’infiltration des eaux de pluie dans les sols en réduisant le ruissellement.

Sur le plan de la santé, de nombreuses recherches soulignent l’impact positif d’un accès à des espaces verts sur le bien-être mental et physique des citadins.

Une étude récente a même estimé qu’en 2023, la présence d’espaces verts urbains en France a sauvé environ 22 000 vies. Et prévenu plus de 275 000 maladies (diabète, dépression, etc.) en réduisant le stress et la pollution1.

Ces chiffres illustrent combien les forêts urbaines et parcs sont devenus essentiels à nos villes.

Un rôle climatique et social majeur en ville

Du point de vue climatique, les forêts urbaines, véritable puits de carbone, atténuent le réchauffement climatique.

Certes, un arbre isolé ne capte qu’une quantité modeste de dioxyde de carbone (en moyenne 25 kg de CO₂ par an pour un arbre adulte)2, mais à l’échelle d’une ville entière, le couvert forestier stocke des tonnes de carbone et limite ainsi les émissions nettes.

Surtout, en apportant de la fraîcheur, les arbres réduisent le recours à la climatisation et donc la consommation énergétique en été.

Leur impact sur la santé publique lors des canicules est notable.

Une étude parue dans The Lancet indique que doubler la surface arborée des villes européennes (pour atteindre environ 30 % de canopée), réduirait d’environ 33 % la mortalité liée aux vagues de chaleur.

En d’autres termes, « plus d’arbres en ville » signifie directement une population urbaine plus résiliente face aux épisodes climatiques extrêmes.

Un lien essentiel entre nature et qualité de vie

Les forêts urbaines et périurbaines offrent, enfin, des lieux de loisirs et de détente, mais aussi d’éducation à l’environnement.

Elles renforcent le lien entre l’humain et la nature au quotidien.

Comme le précise le célèbre botaniste Francis Hallé : « On ne pourrait pas vivre dans une ville entièrement minérale. [Les arbres] sont essentiels ».

Cette phrase résume bien l’importance de ces îlots de nature au cœur des bétonnages.

Les habitants y sont d’ailleurs très attachés

Qui n’a pas son parc boisé préféré pour jogger, se promener en famille ou simplement respirer un air plus pur ?

Preuve de cet attachement, les enquêtes d’opinion montrent que 8 Français sur 10 souhaitent vivre à proximité d’un espace vert.

Les forêts urbaines contribuent donc directement à la qualité de vie et au bien-être des populations citadines.

Enjeux spécifiques des forêts périurbaines

Autour des métropoles, s’étendent souvent de vastes forêts dites périurbaines, c’est-à-dire situées en périphérie immédiate des zones bâties.

Ces massifs boisés, souvent d’anciennes forêts domaniales ou communales, constituent alors de véritables réservoirs de biodiversité et des zones de loisirs très prisées des citadins.

On estime par exemple que les forêts périurbaines d’Île-de-France totalisent plus de 50 millions de visites par an sur environ 73 000 hectares, un chiffre en forte augmentation depuis les années 1960.

Cette fréquentation élevée témoigne de la fonction sociale majeure de ces forêts périurbaines, devenues des « forêts des citadins ».

Cependant, la gestion de ces espaces naturels à la lisière de la ville présente des défis particuliers.

Une gestion multifonctionnelle parfois mal comprise

D’une part, il faut pouvoir concilier une gestion durable des forêts (garantissant leur régénération naturelle, la récolte raisonnée de bois, la protection des forêts contre les maladies) avec les attentes du public pour des forêts intactes et esthétiques.

Les interventions sylvicoles3 indispensables, comme les coupes d’éclaircie ou de régénération pour permettre au jeune peuplement de se renouveler, sont parfois mal comprises des usagers.

Pour le promeneur non averti, voir des arbres abattus peut en effet donner l’impression que la forêt est « abîmée  » alors qu’il s’agit souvent de favoriser sa pérennité.

Ce décalage crée des tensions.

La mise en œuvre d’une gestion multifonctionnelle engendre parfois incompréhension et conflits entre usagers et forestiers.

Comme le souligne un rapport de la FAO4, les usagers voient la forêt comme un lieu de stabilité et de permanence.

Et peuvent alors mal accepter les changements temporaires du paysage liés aux travaux forestiers.

Le forestier urbain ou périurbain doit donc faire preuve de pédagogie et associer davantage le public aux décisions d’aménagement, ceci afin de faire accepter les actions nécessaires (coupes, débroussaillage, etc.) pour maintenir une forêt en bonne santé.

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La protection foncière face à l’urbanisation

Un autre enjeu de taille est la protection foncière de ces forêts périurbaines face à la pression urbaine.

L’étalement urbain grignote en effet parfois les franges forestières pour de nouveaux lotissements ou infrastructures.

Pour y remédier, l’État peut recourir au statut de forêt de protection (inscrit dans le Code forestier).

Il s’agit d’un classement juridique qui interdit tout changement d’affectation des sols dans les massifs menacés par l’urbanisation.

Le massif de Saint-Germain-en-Laye, près de Paris, a ainsi été classé forêt de protection en 2019, sanctuarisant ainsi ce poumon vert.

Les collectivités locales, de leur côté, intègrent ces forêts dans leurs documents d’urbanisme (plans locaux d’urbanisme, schémas de cohérence territoriale) afin de préserver des ceintures vertes autour des villes.

Maintenir ces zones boisées à la périphérie se révèle en effet crucial pour lutter contre l’urbanisation incontrôlée et offrir aux habitants des espaces naturels facilement accessibles.

Comment entretenir durablement les forêts urbaines ?

Face à ces enjeux, comment assurer l’entretien des forêts urbaines de manière optimale ?

La gestion forestière en ville doit, nous le voyons, adapter les méthodes sylvicoles classiques aux contraintes spécifiques du milieu urbain.

Quels sont alors les principes d’un entretien durable des forêts urbaines et des parcs boisés ?

Planifier sur le long terme

Toute intervention commence par un plan de gestion, ou plan canopée5, à l’échelle de la ville.

Ce document stratégique définit les objectifs à 10, 20 voire 30 ans : augmenter la couverture arborée, diversifier les essences, améliorer la sécurité, etc.

Il s’agit donc d’un véritable aménagement durable de la forêt urbaine, prenant en compte les aspects écologiques (biodiversité, sols), sociaux (usage du public) et économiques.

De plus en plus de grandes villes se dotent d’un tel plan.

La ville de Lyon vise ainsi 30 % de taux de canopée en 2030, contre 27 % actuellement, afin de structurer ses actions de boisement et d’entretien des forêts urbaines sur la durée.

Ces plans incluent un inventaire du patrimoine arboré (cartographie des arbres et forêts existants) et des indicateurs de suivi (indice de canopée, nombre d’arbres plantés, etc.).

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Assurer un suivi sanitaire régulier

L’entretien passe par l’observation et le soin aux arbres (tree care).

Des équipes d’arboristes doivent donc réaliser des inventaires réguliers de l’état des arbres : repérer les signes de maladie, de parasites (ex : champignons lignivores, scolytes) mais aussi détecter d’éventuelles faiblesses mécaniques (branches mortes ou fissurées menaçant de chuter).

En prévention, un élagage doux et raisonné est pratiqué sur les arbres urbains pour retirer le bois mort dangereux tout en respectant la forme naturelle de l’arbre.

Prendre soin des arbres est prioritaire, car ils participent activement à la qualité du cadre de vie urbain en réduisant la pollution et la chaleur.

Par ailleurs, des traitements biologiques peuvent être appliqués contre les ravageurs quand cela est nécessaire (par exemple, lutte contre les chenilles processionnaires ou le capricorne asiatique qui menacent les arbres urbains).

Le maître-mot reste la prévention.

Un arbre surveillé et soigné à temps vivra plus longtemps et sera plus sûr pour le public.

Préserver la biodiversité et les sols

Un entretien des forêts périurbaines ou urbaines ne signifie pas « nettoyage à outrance ».

Au contraire, une forêt durable a besoin d’une certaine naturalité.

Laisser au sol du bois mort en quantité raisonnable contribue, par exemple, à nourrir le sol et à abriter 25% de la biodiversité forestière (insectes, champignons).

Le sol doit, par ailleurs, être protégé du piétinement excessif et de la compaction, en créant, par exemple, des cheminements balisés ou en installant des ganivelles pour éviter que le public n’aille dans les zones sensibles.

En zone urbaine, là où le sous-sol abrite de nombreux réseaux (canalisations, câbles) limitant l’espace racinaire, il est crucial d’améliorer la qualité du sol pour les arbres : apport de terre végétale lors des plantations, dispositifs pour capter et drainer l’eau de pluie vers les racines, etc.

Certaines villes, comme Strasbourg, développent ainsi des systèmes de récupération des eaux pluviales et des tranchées d’infiltration afin d’arroser naturellement les arbres et d’éviter le stress hydrique en été.

Gérer l’eau devient ainsi une part intégrante de l’entretien arboré urbain, particulièrement face au dérèglement climatique qui accentue les sécheresses et les canicules.

Adapter les essences au climat et à l’écosystème urbain

Choisir quelles espèces d’arbres planter et conserver constitue une décision centrale.

L’entretien inclut en effet souvent des travaux de plantation pour remplacer des sujets abattus ou étendre la forêt.

Faut-il alors privilégier les espèces locales (essences indigènes) ?

Ou introduire des variétés exotiques plus résistantes aux conditions urbaines futures ?

Les écologues recommandent en général de conserver une continuité écologique locale, par exemple, de remplacer un chêne pédonculé européen par un chêne d’une région au climat proche, ceci afin de ne pas perturber la faune associée.

Cependant, avec le réchauffement, certaines essences méridionales pourraient mieux tolérer le climat de demain dans nos villes du nord.

L’institut INRAE expérimente ainsi la migration assistée de chênes verts méditerranéens plantés au nord de la Loire pour anticiper le climat futur de Paris.

Quelle que soit la stratégie, le consensus actuel est de diversifier les plantations et d’éviter les monocultures d’alignement, afin qu’une maladie ou une canicule ne décime pas tous les arbres d’un quartier en même temps.

La diversité biologique devient gage de résilience.

La ville de Montpellier recense ainsi plus de 760 espèces d’arbres différentes dans son jardin botanique vieux de plusieurs siècles, véritable laboratoire vivant pour tester l’adaptation des arbres en ville.

Conclusion

Assurer l’entretien des forêts urbaines et des boisements périurbains est un défi à la hauteur des enjeux qu’ils représentent pour nos villes.

Pour y parvenir, une gestion durable des forêts urbaines doit être mise en place, et allier ainsi expertise technique et vision à long terme.

Les exemples à travers le monde montrent qu’avec de la volonté et une planification correcte, la cohabitation entre la ville et la forêt urbaine n’est pas seulement possible.

Elle devient porteuse d’un avenir souhaitable.

En préservant et entretenant avec soin nos forêts urbaines et périurbaines, nous préparons des villes plus vertes, plus résilientes, mais également plus agréables à vivre.

Acteur engagé, idverde accompagne cette dynamique en mettant son savoir-faire au service des collectivités pour garantir un patrimoine arboré durable.

Assurer l’entretien des forêts urbaines et des boisements périurbains, signifie donc investir dans un patrimoine naturel vivant qui rendra à la ville d’innombrables services.

Pour le plus grand bénéfice de la planète et de ses habitants.

1Envies de ville – « Quand l’aménagement de l’espace urbain sauve des vies ».

2Ecotree – « Combien de CO2 absorbe un arbre ? »

3 Pratiques de gestion et de culture des forêts visant à assurer leur régénération, leur entretien et leur exploitation durable.

4 La FAO est l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Food and Agriculture Organization en anglais).

5 Plan canopée : programme stratégique municipal visant à accroître, entretenir et suivre le couvert arboré pour renforcer la résilience urbaine.

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