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30 mai 2025

Zoom sur le Plan Climat-Air-Energie Territorial (PCAET)

Pourquoi un Plan Climat-Air-Énergie Territorial demeure-t-il, pour chaque intercommunalité, l’outil le plus sûr afin de conjuguer transition énergétique, qualité de l’air et adaptation climatique, tout en soutenant l’économie locale ?

Cette question reste centrale depuis que la loi « Transition énergétique pour la croissance verte » a transformé le simple plan climat en PCAET obligatoire.

Désormais, toute communauté de communes ou d’agglomération de plus de 20 000 habitants doit formaliser une stratégie complète : elle mesure les émissions de gaz à effet de serre, prévoit des actions pour les réduire, améliore la qualité de l’air et déploie des énergies renouvelables tout en préparant le territoire aux effets du changement climatique.

Pour les collectivités, mais aussi pour les partenaires privés spécialistes du paysage comme idverde, la compréhension fine de cet outil conditionne le succès de la transition environnementale.

Un cadre légal devenu trame stratégique

Le Plan Climat-Air-Énergie Territorial trouve son origine dans les Plans Climat Locaux nés du Grenelle II.

La loi 2015 relative à la transition énergétique a rendu la démarche plus ambitieuse : elle y ajoute la dimension « air », oblige une évaluation environnementale stratégique et fixe un cycle de révision tous les six ans.

L’article L.229-26 du Code de l’environnement précise que le PCAET doit couvrir l’ensemble du périmètre intercommunal et aligner ses objectifs sur la Stratégie nationale bas-carbone.

Son adoption relève du conseil communautaire, tandis que le préfet contrôle la conformité de la procédure. Autrement dit, le Plan Climat Air Energie Territorial sert aujourd’hui de contrat local pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.

Diagnostic : la photographie territoriale

Tout commence par un diagnostic Climat-Air-Énergie fondé sur des données scientifiquement robustes.

Ces données éclairent les enjeux prioritaires de la transition écologique du territoire.

Les équipes compilent la consommation énergétique finale de chaque secteur, la part d’énergie renouvelable, l’inventaire des émissions de gaz à effet de serre et la carte des polluants atmosphériques.

Elles croisent ces chiffres avec les vulnérabilités : risques d’inondation, canicules urbaines, retrait-gonflement des argiles, feux de végétation.

À Nice Côte d’Azur, ce diagnostic a révélé que le transport routier représentait 44 % des émissions, tandis que la climatisation des bâtiments expliquait 18 % des pointes de demande électrique estivale.

Ces résultats précis orientent les priorités futures : mobilité bas carbone, rénovation thermique, trames vertes pour rafraîchir l’air.

Objectifs : quantifier l’ambition

Sur la base du diagnostic, les élus fixent une trajectoire.

Les objectifs du PCAET couvrent la réduction des émissions, la hausse de la part renouvelable, la baisse de la consommation énergétique et l’amélioration mesurable de l’indice qualité de l’air.

Grand Annecy veut par exemple diminuer de 50 % ses émissions en 2030 par rapport à 2005 et tripler la production solaire installée.

La Métropole de Lyon s’engage à rénover 20 000 logements par an et la Communauté urbaine du Grand Reims cible une neutralité carbone à l’horizon 2050.

Chaque cible se décline en indicateurs : kWh économisés et tonnes de CO₂e3 évitées.

Ces programmes structurés reposent sur la coordination étroite des services énergie, mobilité et paysage.

Ils ciblent aussi la réduction de chaque polluant réglementé.

Un rapport sénatorial de 20231 a examiné 35 PCAET adoptés entre 2017 et 2021.

Il conclut qu’un plan ambitieux permet de réduire les émissions locales de 2,1 % par an en moyenne, soit le double de la trajectoire nationale.

Grenoble-Alpes Métropole, citée dans cette étude, a évité 41 000 t CO₂e entre 2016 et 2022, principalement grâce à la rénovation de 15 000 logements et à l’extension d’un réseau de chaleur 80 % biomasse (captée à partir du soleil).

Cette performance démontre qu’un plan climat air énergie territorial rigoureux n’est pas un simple document : il produit des résultats mesurables.

Plan d’actions : passer à l’échelle opérationnelle

Le « plan d’actions » constitue la colonne vertébrale du Plan Climat-Air-Énergie Territorial.

Contrairement à une liste de vœux désordonnée, ce « plan d’actions » hiérarchise avec précision des projets financés, datés et pilotés.

La rénovation thermique occupe souvent la première place.

À Brest, un guichet unique accompagne les copropriétés et les bailleurs sociaux vers des économies d’énergie de 30 % en moyenne.

La mobilité suit : développement de lignes de bus à hydrogène, interconnexion véloroutes, zones à faibles émissions.

L’aménagement paysager n’est pas en reste : plantations d’alignements d’arbres, désimperméabilisation d’anciennes places minérales, création de parcs résilients…

Chez idverde, nous intervenons comme maîtres d’œuvre dans la mise en œuvre du « plan d’actions » : choix d’essences endurantes, sols vivants favorisant l’infiltration, arrosage intelligent pour réduire la consommation d’eau.

À titre d’illustration, Grand Reims a retenu les leviers suivants :

  • Rénovation énergétique de 4 % du parc bâti chaque année, débutée en 2023
  • Extension d’un réseau de chaleur biomasse couvrant six communes, opérationnel en 2027
  • Végétalisation de 20 hectares de friches urbaines, dont la ZAC Clairmarais, pour lutter contre les îlots de chaleur.
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Gouvernance et mobilisation : condition de réussite

Un PCAET réussi repose sur une gouvernance fluide.

Les services techniques ne peuvent en effet pas agir seuls.

Chaque acteur local (élu, bureaux d’études, association, entreprises et citoyen), se voit donc impliqué dans un calendrier clairement établi.

Cette concertation évite le syndrome du « plan caché » et assure l’appropriation par tous.

À Grand Reims, plus de 1 200 habitants ont ainsi donné leur avis sur la qualité de l’air.

Certains ont intégré la démarche en installant des microcapteurs autour des écoles.

Les retours grand public ont poussé la collectivité à accélérer la végétalisation des cours d’école, solution saluée par les parents.

« Un Plan Climat-Air-Énergie Territorial n’est efficace que s’il devient un contrat social. Indicateurs transparents et co-construction constituent la double clé », rappelle la climatologue Florence Habets, membre du Haut Conseil pour le climat.

Elle insiste sur la nécessité d’articuler planification et pédagogie : « Les citoyens acceptent les mesures exigeantes si les bénéfices (air plus pur, factures énergétiques réduites, nature en ville) sont tangibles. »

Nature et climat : le rôle du paysage

Les trames vertes et bleues2 apportent plusieurs co-bénéfices : rafraîchissement, séquestration carbone, infiltration des eaux, support de biodiversité.

Elles représentent donc un axe majeur d’adaptation au changement climatique.

Selon une méta-analyse du CNRS (2022), une haie vive de 100 m stocke 2,8 t CO₂e sur 20 ans.

En ville, un alignement d’arbres réduit la température moyenne de surface de 0,9 °C en période caniculaire.

Les entreprises de paysage, en concevant des toitures végétalisées, des bandes filtrantes, des jardins de pluie ou des parcs résilients, incarnent la stratégie « solutions fondées sur la nature » du plan climat air énergie territorial.

Le parc Saint-Jean à Lyon, conçu avec idverde, mélange ainsi noues plantées, houppiers denses, prairies fleuries et mobilier drainant.

Il gère 100 % des eaux pluviales sur place et abaisse de 1,2 °C la température du quartier pendant les fortes chaleurs de juillet.

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Énergies renouvelables et efficacité : complément indispensable

Rénover ne suffit pas.

Il faut aussi produire localement une énergie renouvelable fiable.

Cette trajectoire intègre enfin un volet de sobriété numérique : optimisation des data centers intercommunaux, ventilation « free-cooling4 » et recours à l’énergie renouvelable photovoltaïque locale.

Ceci afin de diminuer l’impact environnemental, la consommation énergétique et l’empreinte carbone des services publics numériques.

Le cartogramme EnR (énergies renouvelables) du PCAET repère les toitures propices au photovoltaïque, les zones favorables à l’éolien, le potentiel de biomasse ou de géothermie.

Dans le Grand Reims, l’objectif est de multiplier par cinq la production locale d’ici à 2030, pour couvrir 25 % de la demande thermique.

Les projets se font par contrats publics-privés. Le réseau de chaleur biomasse, par exemple, est financé à 50 % par la Banque des Territoires, à 35 % par des obligations vertes souscrites par des épargnants locaux et à 15 % par les fonds propres de la régie.

En parallèle, les actions d’efficacité énergétique se multiplient : extinction nocturne de l’éclairage public dans les bourgs, éclairage LED intelligent dans les zones d’activité, aides aux PME pour améliorer leurs procédés.

D’ici à 2030, ces mesures devraient abaisser la consommation énergétique de 18 %, soit l’équivalent de 80 000 MWh.

Financement et retombées économiques

Un Plan Climat-Air-Énergie Territorial coûte, mais il rapporte aussi.

Les six premières années du PCAET Grand Annecy mobilisent 192 millions d’euros : un tiers en subventions ADEME, Région et État, un tiers en prêts longs de la Banque des Territoires et un tiers en capitaux privés.

Les avantages financiers intègrent à la fois des économies d’énergie (baisse de 12 % de la facture communale en quatre ans), mais aussi des recettes nouvelles (redevances du réseau de chaleur) et des créations d’emplois.

L’Observatoire Régional de l’Énergie estime à 6,3 emplois locaux pérennes pour chaque million investi dans la rénovation ou la filière EnR.

Pour les TPE du BTP et du paysage, le PCAET devient ainsi une source de chantiers stables.

Suivi, évaluation et révision : l’obligation de transparence

Tous les ans, les collectivités territoriales publient un tableau de bord : émissions résiduelles, part EnR, qualité de l’air, avancée des chantiers, coûts réels.

L’évaluation à mi-parcours, trois ans après l’adoption, ajuste les choses.

Certaines actions avancent plus vite, d’autres demandent des moyens supplémentaires.

Nice Côte d’Azur a ainsi renforcé en 2024 son volet “adaptation” après des canicules records. La ville a accéléré la plantation de 100 000 arbres et décalé une partie de ses investissements dans l’éolien offshore (en mer) en attente de raccordement.

Ce pilotage par la preuve maintient la crédibilité de la démarche et évite le risque d’un projet figé.

Gouvernance des données et innovation opérationnelle

Suivi prédictif en temps réel

L’expérience des cinq dernières années montre que la qualité du diagnostic initial ne suffit plus.

Seule l’actualisation continue des indicateurs garantit l’efficacité d’un Plan Climat-Air-Énergie Territorial.

Plusieurs métropoles ont donc déployé des plateformes ouvertes qui agrègent, heure par heure, la consommation énergétique, la production renouvelable, les flux de mobilité et les mesures de qualité de l’air.

Dès qu’un capteur détecte deux degrés de plus que la valeur de référence, le service espaces verts reçoit une alerte.

Il adapte alors l’irrigation, déclenche une opération de désimperméabilisation ou installe des ombrières végétales.

De même, les bâtiments publics équipés de capteurs IoT révèlent immédiatement une dérive.

L’algorithme isole la chaudière surconsommatrice, chiffre le gaspillage et propose un réglage.

Cette boucle diagnostic–action–évaluation agit sur l’effet d’ « îlot de chaleur » ou la surconsommation dès leur apparition, sans attendre la réunion mensuelle de pilotage.

Intégration paysagère et avantage concurrentiel

Le croisement des paramètres « arbres d’alignement », « îlots de chaleur », « réseau d’eau pluviale » et « occupation du sol » permet aux urbanistes de repérer en une minute les rues prioritaires pour la végétalisation.

Chez idverde, nos paysagistes sélectionnent des essences à faible besoin hydrique.

Leur système racinaire aère la terre, favorise l’infiltration et accroît la résilience.

Chaque territoire capitalise ainsi sur une stratégie au service de la nature, pleinement intégrée au plan climat air énergie territorial : ombre accrue, microstockage de carbone, baisse mesurable des particules fines.

Dans le même temps, la finesse élevée des données préfigure l’exigence européenne de 2030 : les financements verts seront conditionnés à la précision des indicateurs d’efficacité énergétique et de réduction des émissions.

Les collectivités qui investissent dès aujourd’hui dans cette gouvernance des données transformeront la contrainte réglementaire en avantage concurrentiel.

C’est la stratégie d’avenir pour sécuriser l’accès aux fonds européens et stimuler une croissance verte locale fondée sur l’innovation paysagère et énergétique.

Conclusion

Le Plan Climat-Air-Énergie Territorial est aujourd’hui le principal pilote de la transition énergétique locale.

Ancré dans un diagnostic solide, il fixe une trajectoire chiffrée, déploie des actions financées, mobilise tous les acteurs et s’évalue publiquement.

Les collectivités qui intègrent pleinement les solutions fondées sur la nature cumulent les bénéfices : baisse des températures urbaines, stockage de carbone, régulation des eaux et amélioration de la qualité de l’air.

Pour ces territoires, le PCAET n’est plus une contrainte.

Il devient le cadre partagé d’une croissance sobre, saine et créatrice de valeur.

Grâce à l’expertise conjointe des urbanistes, des énergéticiens et des paysagistes, l’outil de planification se transforme en réussite opérationnelle : les chiffres attestent déjà de réductions d’émissions supérieures à la moyenne nationale, preuve qu’un plan climat air énergie territorial bien mené change réellement les choses.

1 Rapport sénatorial n° 638 (2023) consacré à l’évaluation de 35 PCAET

2 Réseaux de continuité écologiques terrestres et aquatiques

3 Les CO₂e mesurent l’impact des gaz à effet de serre

4 Système de refroidissement passif

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