Comment assurer l’entretien des forêts urbaines et des boisements périurbains ?
Peut-on laisser une forêt urbaine évoluer librement en pleine ville ? Ou faut-il impérativement l’entretenir pour qu’elle s’épanouisse ?
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Avec plus de 30 ans d’expérience dans la création et l’entretien des espaces verts, idverde assure le bien-être des utilisateurs et la préservation de l’environnement dans chacune de ses activités. Chaque jour, nos 8 000 collaborateurs transforment des endroits gris en lieux verts et respectueux de l’environnement.
Comment rafraîchir nos villes lors des périodes de canicule de plus en plus intenses ?
Les rues végétalisées peuvent-elles offrir une réponse efficace aux îlots de chaleur en milieu urbain tout en améliorant la qualité de vie des citadins ?
Près de 70 % de l’humanité vivra en zone urbaine d’ici à 2050.
Alors que les vagues de chaleur s’intensifient et se multiplient sous l’effet du réchauffement climatique.
L’environnement urbain actuel emprisonne la chaleur urbaine et crée des fournaises nocturnes. Il peut ainsi faire jusqu’à dix degrés de moins à la campagne qu’au cœur des grandes villes la nuit durant un épisode caniculaire.
Face à ce défi climatique, la végétation urbaine apparaît comme une solution fondée sur la nature prometteuse pour transformer les rues minérales en véritables îlots de fraîcheur.
Les îlots de chaleur urbains (ICU) désignent le différentiel de température qui rend l’air en milieu urbain nettement plus chaud que dans les zones rurales voisines, surtout la nuit et lors des canicules.
L’artificialisation et l’imperméabilisation des sols en ville en sont les causes premières :
Plus de 5 millions de Français vivent aujourd’hui dans des quartiers fortement exposés aux îlots de chaleur.
Dans les grandes métropoles (plus de 400 000 habitants), près de 20 % des zones urbanisées présentent une très forte sensibilité à la surchauffe estivale, et touchent la moitié des habitants de ces villes.
Les conséquences sanitaires sont majeures.
La chaleur excessive provoque en effet déshydratations, malaises et aggravation de pathologies cardiovasculaires.
Elle entraîne également des surmortalités lors des canicules (on estime par exemple qu’en Europe, les vagues de chaleur de l’été 2022 ont causé plus de 60 000 décès supplémentaires1).
Il devient donc vital pour les collectivités d’agir pour réduire l’îlot de chaleur urbain et protéger les habitants.
Heureusement, des leviers existent.
Le Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) encourage ainsi des actions d’adaptation importantes dans les zones urbaines sensibles.
Parmi les solutions préconisées, la désartificialisation et la végétalisation du tissu urbain occupent une place centrale. Comme le souligne Météo-France, végétaliser les espaces urbains figure au premier rang des mesures pour refroidir la ville. Aux côtés de la création d’espaces aquatiques (fontaines, bassins) et de l’utilisation de matériaux clairs ou réfléchissants.
En particulier, la transformation des voiries en rues végétalisées est désormais envisagée par de nombreuses villes comme un outil puissant pour atténuer les îlots de chaleur et rendre le milieu urbain plus résilient face au changement climatique.
Comprendre le phénomène des îlots de chaleur permet de saisir l’importance des projets de rues végétalisées, et leur rôle dans l’adaptation des villes.
Planter des arbres et des végétaux en ville revient à intégrer un climatiseur naturel dans la rue.
L’ombre portée par le feuillage des arbres abaisse en effet la température du sol et de l’air ambiant en bloquant le rayonnement solaire direct.
Surtout, la végétation rafraîchit l’air par évapotranspiration.
En transpirant, les plantes utilisent la chaleur environnante pour évaporer l’eau, ce qui refroidit l’atmosphère locale.
L’impact de ce principe physique est considérable.
La chercheuse française Marjorie Musy, spécialiste du climat urbain, souligne ainsi qu’« un arbre adulte bien alimenté en eau peut évaporer jusqu’à 450 litres d’eau par jour, et libérer alors un rafraîchissement équivalent à cinq climatiseurs domestiques fonctionnant en continu. »
Autrement dit, le confort thermique sans consommation électrique ni rejet de chaleur supplémentaire !
L’ombre, combinée à l’évaporation peut, de plus, faire baisser de 2 à 8 °C la température ressentie sous un arbre par rapport à une rue nue en plein soleil.
Il faut cependant noter que ce pouvoir rafraîchissant n’opère pleinement que si les végétaux disposent d’eau en réserve, d’où l’importance d’une bonne gestion des eaux pour les plantations urbaines.
Cela peut passer par l’installation de réservoirs d’eau pluviale pour l’arrosage en été, ou par l’aménagement de fosses de plantation suffisamment volumineuses pour retenir l’humidité.
Arbres, massifs arbustifs, bandes végétalisées le long des trottoirs, toute cette végétation urbaine travaille alors de concert pour créer un microclimat plus supportable lors des pics de chaleur.
Végétaliser une rue implique aussi de repenser ses revêtements de sol.
Dans une rue « classique », la chaussée et les trottoirs sont souvent entièrement imperméables (enrobé bitumineux, dalles de béton), ce qui aggrave deux problèmes : la surchauffe (les matériaux stockent la chaleur) et le ruissellement de l’eau de pluie.
Une rue végétalisée vise au contraire la désimperméabilisation partielle des surfaces. Concrètement, cela consiste à remplacer le bitume, partout où cela est possible, par des matériaux drainants ou des espaces verts : pavés poreux, dalles engazonnées, graviers stabilisés, noues d’infiltration et fosses de plantation ouvertes.
Ces aménagements créent alors des zones d’infiltration de l’eau dans le sol et évitent que toute la pluie ne parte vers les égouts.
Or, l’eau infiltrée joue un rôle crucial de régulateur thermique.
En s’évaporant lentement du sol humide après l’averse, elle contribue à rafraîchir l’air (ce principe est utilisé par exemple par les jardins de pluie et les noues paysagères qui créent des poches de fraîcheur).
Les bénéfices hydrologiques sont également majeurs.
En milieu naturel, environ 50 % des précipitations s’infiltrent dans le sol, contre à peine 15 % en zone urbaine très construite2.
Nos villes modernes et leurs sols imperméables amplifient les inondations lors des orages. L’eau pluviale ruisselle en effet massivement vers les réseaux d’évacuation, souvent jusqu’à leur saturation.
À l’inverse, végétaliser et rendre les sols perméables permet de gérer localement les eaux pluviales : chaque mètre carré désimperméabilisé agit effectivement comme une petite zone tampon.
Infiltrer et stocker l’eau au plus près de l’endroit où elle tombe réduit donc immédiatement le risque d’engorgement des égouts et de crues éclair en ville.
Une toiture végétale de 10 cm de substrat peut, par exemple, retenir jusqu’à 50 % de la pluviométrie annuelle incidente en climat francilien.
Une toiture végétalisée semi-intensive (15 cm de substrat) peut en retenir 60 %.
Cette eau retenue est ensuite soit évaporée par les plantes (ce qui rafraîchit l’air et humidifie le microclimat), soit restituée lentement après le pic de pluie.
Ainsi, en plus de lutter contre la chaleur, la rue végétalisée aide à prévenir les inondations urbaines et à épurer les eaux de ruissellement (la végétation et les sols filtrent une partie des polluants). La rue se transforme en éponge, plutôt qu’en toboggan pour la pluie.
Enfin, qui dit sols perméables dit aussi possibilité d’utiliser l’eau infiltrée pour arroser la végétation alentour.
Certains projets innovants prévoient donc des réserves d’eau souterraines sous la voirie ou des chaussées à double profil stockant temporairement l’eau, ceci afin d’irriguer les plantations par capillarité ou via des pompes.
À titre d’exemple, idverde a accompagné la végétalisation de l’Avenue de Verdun à Valenciennes, en mettant en œuvre des systèmes de rétention d’eaux pluviales couplés à un arrosage intelligent.
Ces installations permettent de récupérer l’eau de pluie pour irriguer les plantations situées le long des trottoirs lors des périodes de canicule.
Elles assurant de cette façon un rafraîchissement urbain autonome et une gestion durable des eaux en milieu urbain.
Les rues végétalisées n’apportent pas seulement un peu de fraîcheur supplémentaire.
Elles contribuent aussi à rendre la ville plus soutenable et agréable à vivre à bien des égards.
Le bénéfice climatique local est, tout d’abord, indéniable.
En réduisant l’intensité des îlots de chaleur urbains, ces aménagements améliorent en effet directement la santé publique en période de canicule.
Un air moins surchauffé, des rues ombragées, cela signifie alors moins de stress thermique pour les organismes.
Les études montrent que la présence d’arbres et d’ombres peut ainsi réduire jusqu’à 30 % la mortalité liée à la chaleur dans certaines métropoles en été.
Au-delà des statistiques, il est aussi question de confort thermique en plus pour les habitants qui respirent mieux et dorment mieux la nuit quand la ville arrive à se rafraîchir, ce qui réduit les risques de coup de chaleur et d’hospitalisations en été.
La renaturation des rues participe, par ailleurs, au bien-être psychologique et à la santé mentale des habitants.
De nombreuses recherches en environnement urbain soulignent les bénéfices de la nature en ville sur le stress, l’anxiété et certaines pathologies chroniques.
Une fréquence de contact élevée avec la nature au quotidien compte donc autant, sinon plus, que la taille des parcs pour améliorer la santé des citadins.
On parle ainsi d’aménagements gagnant-gagnant : moins de chaleur, moins de bruit (la végétation atténue le bruit urbain de quelques décibels) mais aussi d’une meilleure qualité de l’air (feuillages et mousses capturant une partie des particules et polluants atmosphériques), et d’un cadre de vie embelli qui redonne envie de profiter de l’espace public en été.
Un autre atout majeur des rues végétalisées réside dans le renforcement de la biodiversité urbaine.
En introduisant des plantes et des sols vivants là où régnaient l’asphalte et le béton, de nouveaux habitats pour la faune et la flore locales apparaissent.
Les alignements d’arbres et les bandes végétalisées jouent alors un rôle de corridors écologiques reliant les parcs et jardins de la ville.
Une étude a ainsi montré que 56 % des espèces végétales présentes dans les parcs urbains peuvent également se retrouver dans des rues arborées, ce qui confirme bien que les rues végétalisées servent de refuge et de passage pour de nombreuses espèces (oiseaux, insectes pollinisateurs, petits mammifères).
Ces trames vertes linéaires facilitent les déplacements de la faune de parc en parc et améliorent la connectivité écologique de la ville.
On voit donc fleurir en pied d’arbres des prairies urbaines spontanées.
Des nichoirs sont parfois installés sur les nouveaux arbres.
Autant d’éléments qui favorisent la biodiversité urbaine et sensibilisent les riverains à la nature.
Dans le cadre du projet de végétalisation de la place Martin-Bastard à Niort, idverde a ainsi accompagné la conception et la mise en œuvre d’une végétation diversifiée intégrant des bandes fleuries mixtes et des massifs structurants.
Cette approche a permis la création de micro-habitats favorables à l’avifaune et aux pollinisateurs.
Au-delà de l’enrichissement écologique, ces interfaces naturelles renforcent la résilience urbaine (lutte biologique contre les ravageurs, pollinisation des cultures urbaines), et procurent aux habitants un sentiment de bien-être retrouvé : le chant des oiseaux, les floraisons attractives pour les papillons, etc.
La multiplication des rues végétalisées s’affirme ainsi comme une réponse concrète, efficace et multifonctionnelle au défi des îlots de chaleur urbains.
En replaçant le vivant (arbres, plantes, sols) au cœur de l’aménagement urbain, ces projets apportent un refroidissement naturel. Qui se révèle indispensable face à la hausse des températures.
Mais ils font bien plus. Ils réinventent la ville pour la rendre plus agréable, plus saine et plus solidaire. Nos rues grises peuvent alors se muer en corridors de fraîcheur et de biodiversité urbaine. Sans compromettre la mobilité ou la fonctionnalité urbaine.
L’adaptation au changement climatique passe donc par des solutions locales et tangibles comme la végétalisation urbaine.
Les rues végétalisées représentent un puissant levier.
Pour rafraîchir la ville et gérer les eaux pluviales. Mais aussi restaurer la nature en ville et améliorer la vie de millions de citadins.
En bâtissant dès aujourd’hui ces îlots de fraîcheur, nous préparons la ville de demain.
Une ville à échelle humaine, capable de faire face aux chaleurs extrêmes tout en offrant un cadre de vie plus doux, plus vert et plus harmonieux.
1 Banque des Territoires – « Îlots de chaleur urbains : plus de 5 millions d’habitants potentiellement exposés, selon le Cerema »
2 Aquagir – « Les toitures végétales : pour une gestion alternative des eaux pluviales »