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27 mai 2022

One Ocean Summit : quel bilan tirer du sommet pour la protection de l’océan ?

Dans quel état sont les océans ? Quelle est l’ampleur de la pollution plastique et quelles conséquences pour la biodiversité marine ? Quels étaient les objectifs et quels ont été les engagements pris par les participants au One Ocean Summit ?

Quel est l’état des lieux de nos océans et de nos mers ?

Les océans font partie du patrimoine mondial de l’humanité. Recouvrant 70 % de la surface de la planète, ils constituent non seulement une immense source de biodiversité, d’énergies propres et de richesses, mais jouent aussi le rôle de régulateurs indispensables à la vie sur terre. Notamment grâce à l’absorption du CO2 et de la chaleur et à la production d’oxygène.

Depuis l’après-guerre, le commerce mondial maritime a connu une progression spectaculaire et représente désormais 90 % du transit global de marchandises. Entre-temps, pollutions multiples, surexploitation et réchauffement climatique ont progressivement mis les océans en situation de danger considérable.

La pollution plastique : le fléau des océans

En croissance exponentielle depuis le milieu du XXᵉ siècle, avec une production annuelle dépassant les 300 millions de tonnes et un taux de recyclage inférieur à 10 %, l’industrie du plastique représente un fléau majeur pour la planète et les océans.

Constats encore plus alarmants, 80 % des déchets marins proviennent des terres, 75 % de ces déchets sont plastiques et 8 millions de tonnes de déchets plastiques sont jetées à la mer chaque année. Sur les 8 milliards de tonnes de déchets accumulés depuis 1950, entre 80 et 150 millions de tonnes rejetées polluent actuellement les mers et océans.

Les déchets plastiques sont présents dans toutes les mers et océans du monde, jusque dans les lieux les plus reculés, en surface comme en profondeur, la plupart ayant un temps de décomposition extrêmement long, de plusieurs siècles, jusqu’à des durées presque illimitées.

Sacs plastiques, bouteilles et bouchons, emballages, filets et cordages de pêche, mégots de cigarettes, cotons-tiges et autres déchets plastiques sont retrouvés flottant à la surface, dans les fonds des océans ou dérivent et échouent jusqu’aux différents littoraux : îles, baies, plages, fleuves, rien n’est épargné.

La plus grande zone de déchets marins dans le monde nommée Great Pacific Garbage Patch, 7ᵉ continent ou vortex de déchets du pacifique nord, cumule à elle seule plus de 80 000 tonnes de débris plastiques flottants à la surface.

La biodiversité marine en danger

Les mers et océans constituent un berceau extraordinaire de biodiversité. Sur le 1,6 million d’espèces pour l’instant recensées sur terre, la diversité biologique marine regroupe à ce jour plus de 200 000 espèces.

Rappelons que 95 % du total des espèces vivent dans les océans, qui eux-mêmes n’ont été explorés qu’à hauteur de 5 %.

Les espèces actuellement découvertes ne représenteraient que 10 % des spécimens peuplant l’océan. La communauté scientifique estime donc à plusieurs millions le nombre d’espèces marines existantes. Cependant, de nombreux facteurs menacent la biodiversité marine.

  • La surpêche et la surexploitation de l’environnement marin : qui contribuent grandement à la diminution des ressources marines vivantes,
  • Le changement climatique : qui provoque l’adaptation, la migration ou la disparition des espèces,
  • Les différentes pollutions : chimiques et agricoles rejetées dans les fleuves puis dans les océans ; les déchets plastiques ingérés par toute la chaîne alimentaire ; les catastrophes industrielles qui empoisonnent et tuent la faune et la flore marine ; les essais nucléaires et déchets radioactifs, hautement toxiques.

En conséquence, la biodiversité marine est fortement impactée. D’après le rapport intergouvernemental sur la biodiversité et les services écosystémiques, le déclin de la nature, y compris de la biodiversité marine, est très avancé. En effet, les deux tiers du milieu marin ont déjà été profondément modifiés par l’homme et le taux d’espèces en voie d’extinction atteint des chiffres sans précédent.

Ainsi, plus de 55 % des océans sont exploités par la pêche industrielle, plus de 33 % de cette exploitation est illicite, non réglementée ou non déclarée. En 2015, plus d’un tiers des réserves marines de poissons ont été surexploitées et 60 % à leur niveau maximal. 50 % de la couverture corallienne a disparu depuis 1970 et 33 % des récifs coralliens actuels sont menacés. Enfin, ce sont au moins 40 % des espèces d’amphibiens, plus de 33 % des requins et plus d’un tiers des mammifères marins qui sont menacés d’extinction.

Closeup of a green sea turtle swimming underwater under the lights - cool for nature concepts

One Ocean Summit : agir face aux menaces qui pèsent sur l’océan

Inspiré du One Planet Summit et organisé dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union Européenne et avec le soutien des Nations Unies, le One Ocean Summit se tenait aux Ateliers des Capucins de Brest, du 9 au 11 février 2022.

Quel est l’objectif du One Ocean Summit ?

Capital pour la régulation du climat et pour le bon développement de la vie sur terre, zone de passage et d’échanges économiques, mais aussi fournisseur de ressources multiples et variées, l’océan a été mis sur le devant de la scène à l’occasion du premier sommet international dédié : le One Ocean Summit.

À travers une multitude de thèmes et dans le cadre de nombreux ateliers, évènements, rencontres et forums et à destination de tous les acteurs de la société, le One Ocean Summit a pour objectif d’alerter et de mobiliser la communauté internationale afin d’agir concrètement face aux multiples menaces qui pèsent sur l’océan.

Quels ont été les sujets abordés au One Ocean Summit ?

Plusieurs thèmes cruciaux ont été discutés lors du One Ocean Summit :

  • La protection des écosystèmes marins, notamment à travers les sujets des aires marines protégées, mais aussi de la gestion durable des océans et de la pêche,
  • La lutte contre les différentes pollutions des océans (plastique, atmosphérique, acoustique et industrielle),
  • L’impact du changement climatique vis-à-vis des océans et les solutions pour l’endiguer,
  • L’expansion de la recherche scientifique pour mieux protéger les océans, ainsi que les moyens de gouvernance globalisés des espaces océaniques.
credit-photo-Damien-Carles
credit-photo-Damien-Carles

Qui a participé au One Ocean Summit ?

Plus de 65 pays étaient représentés à l’occasion du One Ocean Summit de 2022, en tant qu’acteurs ou spectateurs.

Une quinzaine de dirigeants, chefs d’États et de gouvernements étaient au rendez-vous, la présidente de la commission européenne Ursula Von Der Leyen, l’émissaire américain pour le climat John Kerry, le président égyptien et prochain hôte de la COP 27 Abdel Fattah Al-Sissi ou encore le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa, qui accueillera fin juin le sommet de l’ONU sur les océans.

De nombreux autres dirigeants participaient via visioconférence. Parmi eux, le Premier ministre britannique Boris Johnson, le vice-président chinois Wang Qishan, le Premier ministre indien Narendra Modi, le Premier ministre japonais Fumio Kishida ou encore le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

La directrice générale de l’UNESCO Audrey Azoulay a également participé au One Ocean Summit, tout comme le secrétaire général de l’organisation maritime internationale (OMI) Kitack Lim.

Enfin, de nombreux scientifiques, chefs d’institutions, d’entreprises, représentants de la société civile ainsi que différentes ONG étaient présents.

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Quels ont été les engagements pris au One Ocean Summit ?

Au terme du One Ocean Summit, plusieurs engagements importants ont été pris pour agir concrètement en faveur des océans et de la planète.

Parmi eux, la mise en place de nouveaux moyens de préservation de la biodiversité et des ressources marines, la lutte contre la pollution plastique et le changement climatique, l’amélioration de la gouvernance maritime internationale ou encore le renforcement de la recherche scientifique.

Protéger la biodiversité marine et les ressources

Pour protéger la biodiversité marine et ses écosystèmes et pour assurer une meilleure gestion des océans, les États privilégient le renforcement des aires marines protégées.

C’est ainsi que 30 nouveaux pays viennent rejoindre la coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples lancée l’année précédente. À ce jour, 84 pays sont engagés à protéger 30 % des terres et des mers mondiales d’ici à 2030.

La France a annoncé l’extension de la réserve naturelle des Terres australes française de plus d’un million de km², ce qui en fait la deuxième plus grande au monde.

Les 27 États membres de l’Union Européenne, rejoints par 16 pays tiers, ont également lancé la coalition de la Haute ambition pour un traité de la haute mer.

L’autre élément déterminant pour la protection du milieu marin concernait la réglementation de la pêche légale et la lutte contre la surpêche, ainsi que l’éradication de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. C’est ainsi que 14 pays se sont engagés à lutter fermement contre la pêche illégale. Six d’entre eux ont ratifié l’accord du cap de l’OMI sur les normes de sécurité des navires de pêche.

Plusieurs États de l’UE se sont engagés à renforcer la surveillance de la pêche illégale à l’aide des forces marines d’État. Enfin, Emmanuel Macron a appelé l’OMC à bannir les subventions contribuant à la pêche illégale.

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Placer la protection de l’environnement au cœur de la lutte contre le changement climatique

Principalement provoquées par les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines, les conséquences du changement climatique impactent fortement les océans.

Celles-ci se traduisent notamment par l’augmentation du niveau des mers, synonyme de catastrophes humaines, économiques et environnementales pour de nombreuses îles et régions côtières de par le monde.

Le changement climatique provoque également l’acidification des océans, responsable à son tour de la perturbation et la destruction de la biodiversité marine.

Enfin, il entraîne aussi la modification des courants océaniques, éléments essentiels pour la régulation de la température et l’apport en nutriments nécessaires aux différents écosystèmes marins.

Pour garantir la préservation des océans tout en faisant face au changement climatique, plusieurs mesures écologiques ont été prises.

22 armateurs européens ont rejoint le label Green Marine Europe afin d’appliquer des mesures concrètes touchant à différents domaines dont ceux des émissions de gaz à effet de serre, du bruit sous-marin, des émissions atmosphériques polluantes ou encore des espèces aquatiques envahissantes.

L’Union européenne, associée aux pays méditerranéens, souhaite demander à l’OMI de transformer toute la mer Méditerranée en zone à faibles émissions de soufre d’ici au 1er janvier 2025.

Plusieurs pays et entreprises se sont positionnés en faveur du développement des énergies renouvelables décarbonées pour l’industrie maritime. C’est ainsi que les États-Unis se sont engagés à déployer 30 gigawatts d’éolien marin d’ici à 2030, mais aussi à atteindre zéro émission dans le transport maritime international à cette même échéance.

Pour finir, 35 acteurs incluant 18 grands ports mondiaux se sont également engagés pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre et à accélérer le verdissement et la décarbonation des transports maritimes, notamment grâce à l’électrification des quais d’ici à 2028.

Éradiquer la pollution plastique des océans

Afin de mettre fin à la pollution plastique des mers et océans, plusieurs institutions bancaires européennes et nationales se sont engagées à apporter un total de 4 milliards d’euros pour réduire la pollution plastique d’ici à 2025, dans le cadre de l’initiative Clean Oceans.

L’autre volet de l’engagement contre la pollution plastique des océans vise la transition vers une économie circulaire 100 % réutilisable ou recyclable. Celui-ci a été porté par la Fondation Ellen Mac Arthur en collaboration avec le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Plusieurs pays et villes tels que l’Italie, la Grèce, la Colombie ou encore la ville de Paris ont rejoint l’engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques, réunissant déjà plus de 500 signataires mondiaux, dont des États, collectivités, entreprises et ONG.

Faire de la protection des océans une priorité dans l’agenda politique international

Les derniers engagements pris lors du One Ocean Summit visent à placer la protection des océans au cœur de l’agenda politique mondial pour les années à venir.

Ainsi, ce sommet marque le lancement d’une série d’événements internationaux consacrés à la protection de l’environnement marin, avec en ligne de mire la conférence des Nations Unies de Lisbonne en juin, suivie de la COP 27 le 18 novembre.

La recherche scientifique est également indispensable pour une meilleure protection océanique. C’est dans cette optique que l’Union Européenne s’est engagée à se doter d’un “jumeau numérique” de l’océan afin de rassembler un maximum de données, nécessaires à une meilleure compréhension des océans.

Finalement, l’UNESCO s’est engagé à cartographier au moins 80 % des fonds marins d’ici à 2030.

Pour conclure

Le One Ocean Summit de Brest a marqué la première étape d’une orientation positive, concrète et résiliente pour la sauvegarde des océans.

Conscients des enjeux et des risques relatifs aux océans, de nombreux acteurs nationaux et mondiaux ont posé des engagements forts et sont désormais pleinement mobilisés pour garantir la protection des océans et de la planète.

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crédit photo Freepik

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