En Australie, la ville de Sydney a décidé d’élargir la zone piétonne le long de George Street, l’une des rues les plus fréquentées du centre-ville. À terme, ce sont 2 km de voies piétonnes qui seront à disposition des habitants et des touristes à Sydney.
Les villes européennes suivent également le mouvement. À Bristol en Angleterre, par exemple, certaines rues qui étaient fermées de façon temporaire aux voitures vont le devenir définitivement. Et Paris, qui a fermé aux voitures les berges sur Seine, vient d’étendre cette interdiction à la rue de Rivoli.
Un phénomène qui gagne du terrain en France
En France aussi le mouvement sans voiture gagne du terrain. À Paris, la municipalité souhaite passer la vitesse supérieure et rendre le centre-ville piéton. Pour commencer, le projet prévoit de limiter la circulation dans les quatre premiers arrondissements du centre à certains types de véhicules. Ainsi seuls les riverains, taxis, navettes électriques, véhicules d’urgence et de livraison pourront circuler. En parallèle, et afin d’augmenter le nombre d’endroits piétons, la ville de Paris organise de nombreux événements pour promouvoir la ville sans voiture. Des zones entières de la capitale sont ainsi fermées aux voitures les dimanches et jours fériés. Et chaque année, une journée sans voiture est organisée. Paris se transforme alors en village piéton, où tous les véhicules motorisés sont interdits à la circulation sur l’ensemble de la ville.
Mais Paris n’est pas la seule ville française à prendre des mesures en faveur des piétons. Les villes de Montpellier, Nantes et Strasbourg sont également des exemples à suivre en matière de piétonnisation des centres-villes. En effet, avec respectivement 22,8 km, 19,9 km et 14,9 km de longueur d’aires piétonnes, elles font partie des villes où le piéton devient roi.
Quels sont les enjeux de la piétonnisation ?
Aujourd’hui, la piétonnisation des centres-villes est au cœur de nombreux débats. En effet, les mesures d’interdictions des voitures dans les villes ne sont pas très populaires. Or, les partisans des villes sans voiture mettent en avant de nombreux arguments qu’il n’est pas possible d’ignorer. Des arguments écologiques, économiques mais aussi de santé publique.
Un enjeu environnemental
L’environnement est l’un des sujets qui préoccupe le plus les citoyens et les élus. L’accord de Paris sur le climat est dans tous les esprits. Et tout le monde a en tête l’objectif qui vise à limiter l’augmentation des températures à 1,5 °C d’ici 2100. Pour y arriver, il semble indispensable que des mesures soient prises afin de limiter l’émission de CO2.
Les zones piétonnes présentent des avantages pour la lutte contre le réchauffement climatique. Actuellement, le transport routier est responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. L’un des premiers objectifs des villes vertes est donc de rendre les centres-villes piétons afin de diminuer la pollution automobile. Cela est plutôt efficace car en moyenne, lorsqu’une zone devient piétonne, le niveau d’oxyde d’azote diminue de 25 %. C’est donc un fait, les villes sans voiture permettent d’améliorer significativement la qualité de l’air. Cela est un bénéfice pour l’environnement mais aussi pour les citadins et leur bien-être.
Un enjeu de santé publique
Les centres-villes piétons ont pour objectif d’améliorer la qualité de vie des habitants. Cela les incite à marcher et à opter pour des modes de déplacements plus sportifs. La piétonnisation des centres-villes est alors un enjeu de santé publique.
En France, 15 % de la population est atteinte d’obésité et seulement 24 % des adultes ont un niveau d’activité physique suffisant. Favoriser la marche à pied ou la pratique d’activité sportive est l’une des préoccupations des politiques afin de maintenir une population en bonne santé. Aujourd’hui, 80 % des Français âgés de 18 à 64 ans marchent moins de trente minutes par jour. Au fil du temps, la marche a été remplacée par des modes de transport motorisés : voitures, motos, scooters et transports en commun. Or, la pratique régulière d’une activité physique réduit la morbidité, améliore la qualité de vie et augmente l’espérance de vie.
En rendant les centres-villes piétons, les municipalités souhaitent encourager les citoyens à marcher. Pour cela, il faut réussir à créer de véritables parcours piétons au cœur des villes afin d’allier l’utile à l’agréable.
Un enjeu économique
Les zones piétonnes présentent également un enjeu économique important pour les villes et les commerçants. En effet, la création d’aires piétonnes permet de mettre en valeur les petits commerçants et redynamise le commerce au centre-ville.
Les piétons consomment plus que les passagers d’une voiture. En prenant le temps de déambuler dans les rues, les piétons sont plus susceptibles de céder à un achat plaisir. Ils prennent également davantage de temps et peuvent s’octroyer facilement une pause autour d’un café ou d’une pâtisserie. Les grandes surfaces ont d’ailleurs bien identifié cette tendance. Elles sont de plus en plus nombreuses à ouvrir des drives dédiés aux piétons dans les centres-villes.
Néanmoins, pour que les commerçants puissent profiter pleinement des bénéfices de la piétonnisation de leur quartier, il est important de prévoir quelques aménagements. En effet, il est impératif que la zone piétonne soit facilement accessible par tout type de public grâce à une bonne desserte en transport public et à la création de nombreux parkings aux alentours.
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Zoom sur 3 villes où le piéton est roi
Certaines villes sont de réels paradis pour les piétons. Les voitures sont bannies des centres-villes et les modes de transport doux sont privilégiés. À Venise, Amsterdam ou Marrakech, les habitants et les touristes peuvent circuler librement sans craindre les voitures. Petit tour d’horizon de trois villes sans voiture où se déplacer est un réel plaisir !
Venise
Venise est une ville faite pour les piétons. D’ailleurs, le meilleur moyen de circuler dans la ville est sans aucun doute la marche. Au-delà de la beauté des bâtiments, se promener à Venise est un réel plaisir. En effet, la ville est entièrement piétonne, il n’y a aucune circulation automobile. La nuisance sonore provient principalement de la circulation sur le Grand Canal où se croisent gondoles et bateaux taxis.
La ville étant totalement interdite aux voitures, des aménagements ont été faits pour qu’elle reste toutefois accessible. Il existe plusieurs grands parkings aux abords de la ville qui offrent des solutions de stationnement pour quelques heures et quelques jours. Des systèmes de navettes permettent ensuite de rejoindre le centre-ville.
Amsterdam
La capitale des Pays Bas est une ville à la topographie similaire à Venise. Une ville construite autour de nombreux canaux enjambés par plus de 80 ponts. La ville n’est donc pas adaptée aux voitures et celles-ci sont d’ailleurs bannies du centre-ville. Amsterdam a donc, depuis toujours, développé les modes de transport alternatifs.
Avec près de 600 000 vélos pour 750 000 habitants, la ville est devenue la capitale mondiale du vélo. Aujourd’hui, il y a plus de 400 kilomètres de pistes cyclables dans la ville. Et la municipalité est en grande partie responsable de ce succès. Plus de 20 millions d’euros par an sont dépensés pour l’aménagement et l’entretien d’infrastructures cyclistes.
Marrakech
Marrakech est une ville hybride. Une ville avec beaucoup de circulation mais un centre-ville entièrement piéton. En effet, les voitures ont pour obligation de s’arrêter aux portes de la Médina. Ainsi le contraste est saisissant. Une fois passée l’enceinte de la vieille ville, les bruits de klaxons et de moteurs font place au bruit des charrettes et cris des vendeurs.
Une véritable ville dans la ville où le piéton est roi, pour le plus grand plaisir des habitants mais aussi des touristes. Ils peuvent flâner dans les ruelles de la vieille ville sans crainte et profiter des nombreuses boutiques du bazar traditionnel marocain.
Conclusion
La ville se transforme et la ville de demain sera résolument différente de celle d’aujourd’hui. Pour des raisons écologiques, les automobiles disparaissent progressivement des centres-villes. Les habitants retrouvent le plaisir de se promener dans des villes sans voiture et dynamisent l’économie locale en redécouvrant leur quartier.
La piétonnisation des centres-villes est en marche. Les municipalités multiplient les actions pour encourager les habitants à laisser leur voiture au garage. Mais pour que ces actions soient efficaces, il est indispensable d’anticiper certains aménagements. En effet, les habitants des villes ont besoin de se déplacer. Il est donc indispensable de leur proposer des solutions. Car la ville sans voiture est possible uniquement si des alternatives de déplacement sont proposées : aménagement de parking, transport en commun, pistes cyclables, etc.
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