Un combat pour plus de justice sociale
L’écoféminisme n’est pas comparable aux autres mouvements politiques car il ne prône pas un programme précis. On parle plutôt d’une idéologie, à la croisée de deux mouvements convergents, avec laquelle il est possible de lutter :
- contre la crise écologique,
- contre les inégalités hommes-femmes.
La justice sociale en est le résultat. Le combat pour les droits des femmes est directement tiré de l’injustice issue d’années de patriarcat. Le lien entre justice sociale et combat écologique est, quant à lui, moins évident. Pourtant, il est facilement démontrable. Il suffit de regarder l’exploitation des travailleurs des pays pauvres par les pays développés. Moins de règles environnementales à respecter, des salaires plus bas, des conditions de travail pénibles et toujours plus de profits. Le capitalisme vit et se développe aux dépens des travailleurs et de la planète.
L’égalité professionnelle homme femme, une priorité idverde
Portraits de 4 figures de l’écoféminisme
Rachel Carson, précurseure de la pensée écoféministe
L’Américaine Rachel Carson (1907-1964) est une des pionnières de l’écoféminisme. Même si ce terme n’existait pas encore, c’est bien elle qui a posé les bases de ce concept, plus que novateur pour l’époque.
Biologiste marine, elle débute en étant la deuxième femme à se faire embaucher, en tant qu’assistante biologiste, au U.S Bureau of Fisheries. Rachel Carson s’est d’abord intéressée au fonctionnement de la mer et des océans. Puis, au cours de ses recherches, elle a orienté son étude vers l’impact des pesticides de synthèse sur l’environnement.
Dans son livre Silent Spring, elle alerte sur les dangers de l’utilisation de certains produits chimiques en agriculture. Elle démontre que ces pesticides se retrouvent ensuite dans la chaîne alimentaire. Elle décrit également les effets néfastes de l’ingestion régulière d’aliments contaminés, sur les organismes. Notamment, les perturbations hormonales ressenties par les femmes.
De là découle son intérêt pour le féminisme et son combat pour faire ouvrir les yeux au plus grand nombre sur la nécessité de préserver la nature pour protéger les femmes.
Son combat et ses écrits ont contribué à l’interdiction du DDT aux États-Unis, un pesticide toxique pourtant très utilisé à l’époque. Rachel Carson a été distinguée, à titre posthume, de la médaille présidentielle de la Liberté, pour récompenser l’ensemble de ses recherches et les avancées qu’elles ont permises.
Françoise d’Eaubonne, pionnière de la pensée écoféministe
Françoise d’Eaubonne (1920-2005), militante de la première heure et fondatrice du Mouvement de Libération des Femmes, le fameux MLF, est sensibilisée très jeune aux inégalités entre les hommes et les femmes. Au sein du mouvement, elle anime un groupe nommé « Écologie et féminisme ». Le décor est planté.
Femme de lettres, elle publie, en 1974, le livre Le féminisme ou la mort, dans lequel elle met en relation la surexploitation de l’environnement et le développement exponentiel de l’espèce humaine au travers de l’oppression des femmes. Cette Française est la première à utiliser le terme « écoféminisme » dans ses écrits.
Profondément révolutionnaire, Françoise d’Eaubonne est adepte des moyens d’action hors du commun. Parmi ses hauts faits, on notera la création du commando saucisson, qui interrompra, en 1971, une conférence contre l’avortement, pour frapper les participants à coups de saucisson.
Si l’on devait résumer sa vie, on pourrait dire qu’elle l’a consacrée à lutter contre le patriarcat, autant que contre la destruction de la nature. Une écoféminisme par excellence !
Wangari Muta Maathai, « la femme qui plantait des arbres »
Née en 1940 au Kenya et fille de fermiers, rien ne prédestinait Wangari Muta Maathai au destin qui a été le sien. Pourtant, sa mère n’envisage pas de laisser sa fille travailler à la ferme toute sa vie. C’est pourquoi elle se bat contre les règles établies, pour que Wangari puisse aller à l’école dès l’âge de 6 ans.
Devenue jeune femme, Wangari Muta Maathai part faire ses études aux États-Unis, grâce à l’obtention d’une bourse et devient alors la première femme d’Afrique à obtenir un doctorat. Elle poursuit ensuite une brillante carrière en tant que biologiste, docteure en médecine vétérinaire ou encore, professeur au Global Institute of Sustainable Forestry de Yale.
En 1977, elle fonde le Green Belt Movement, visant à combattre la déforestation et à défendre la démocratie au Kenya, son pays d’origine. Elle encourage la population locale, et plus particulièrement les femmes, à lutter pour préserver leur habitat. Ce mouvement aboutira à la plantation de près de 50 millions d’arbres. C’est de là qu’elle tire son surnom de « femme qui plantait des arbres ».
Fortes de sa renommée, ses prises de position se font plus virulentes. Elles vont souvent à l’encontre des gouvernements en place à l’époque et lui valent d’être plusieurs fois emprisonnée. Pourtant, elle deviendra, par la suite, Ministre adjointe à l’Environnement, aux Ressources naturelles et à la Faune sauvage.
C’est en 2003 qu’elle publie un livre, qui s’intitule The Green Belt Movement, Sharing the approach and the experience, littéralement “Le mouvement de la ceinture verte, partager l’approche et l’expérience”. Il reprend son parcours et plus précisément, l’origine de la création de son association. On y découvre que l’idée de ce mouvement lui est venue alors qu’elle siégeait au Conseil National des Femmes du Kenya.
En 2004, elle devient la première femme africaine à recevoir le Prix Nobel de la paix pour sa « contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix ».
Elle s’éteint en 2011.
La relève avec Greta Thunberg
Née en 2003, Greta Thunberg n’a pas attendu sa majorité pour faire parler d’elle, ou plutôt du climat. Son jeune âge et sa détermination attirent l’attention et inspirent de nombreux jeunes, préoccupés par les questions environnementales.
Porte-drapeau d’une génération en quête de sens, Greta Thunberg est une activiste confirmée, à l’origine du mouvement des grèves scolaires pour le climat. Commencée le 20 août 2018, cette grève reconductible d’une journée hebdomadaire vise à donner de la parole aux enfants et aux étudiants, pour interpeller les politiciens du monde entier.
Sans se revendiquer comme écoféministe, Greta Thunberg s’est pourtant fendue d’un tweet très évocateur sur sa façon de penser.
« Plus je lis sur la crise du climat, plus je réalise à quel point le féminisme est crucial. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde durable sans égalité entre les genres et les personnes. »
Elle mêle écologie et féminisme, prouvant par-là que l’écoféminisme est une logique évidente pour qui souhaite un monde égalitaire et durable.
Conclusion
L’écoféminisme n’est autre que la prolongation logique des mouvements qui ont pour but de changer le monde et de l’améliorer. Aujourd’hui, les jeunes et les femmes ont pris conscience que la société dans laquelle ils vivaient n’était pas figée, qu’ils pouvaient faire bouger les choses. Mais pourquoi se concentrer seulement sur le climat ou le droit des femmes ? En associant ces deux notions, l’écoféminisme est devenu, depuis quelques années, une évidence pour les militants qui souhaitent un monde durable et une société égalitaire entre les peuples.
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