Jardins urbains et îlots de fraîcheur de proximité
À l’échelle des quartiers, créer des espaces verts résilients passe par l’aménagement de jardins urbains qu’il s’agisse de petits parcs de proximité, de jardins partagés ou de poches de verdure au pied des immeubles.
Ces espaces végétalisés jouent un rôle crucial pour rafraîchir le microclimat local en période de canicule, grâce à l’ombre des plantes et à l’évapotranspiration.
Même de superficie modeste, ils créent de véritables îlots de fraîcheur accessibles aux riverains.
En été, la température y est notablement plus agréable qu’au milieu du béton environnant : l’ajout de verdure contribue systématiquement à faire baisser la température ambiante en ville.
Au-delà de la fraîcheur, les jardins urbains apportent une perméabilité bienvenue dans un tissu urbain souvent trop minéral.
Ce qui aide à absorber l’eau de pluie et à réduire le risque d’inondation local.
Ces aménagements renforcent, de plus, la résilience sociale du quartier.
Un jardin partagé favorise le lien, par exemple, entre les habitants et la sensibilisation aux enjeux climatiques. Tout en améliorant le cadre de vie.
Conçus avec les riverains, les jardins urbains se révèlent donc essentiels pour créer des espaces verts résilients au cœur des villes.
Parcs publics et forêts urbaines : des oasis de fraîcheur à grande échelle
Les parcs urbains et les massifs boisés constituent le souffle vert des cités.
Et contribuent de manière significative à la création d’espaces verts résilients à grande échelle.
Lors des vagues de chaleur, leur vaste étendue de végétation diminue en effet nettement les températures alentour.
Une étude a par exemple relevé un écart de près de 6 °C entre la température au cœur d’un parc et celle mesurée dans le quartier bétonné voisin.2
Grâce à l’ombrage des arbres et à l’évapotranspiration, un grand parc crée un microclimat plus frais de jour comme de nuit.
L’ombre d’un arbre peut réduire jusqu’à 7 °C la température de surface d’un sol exposé.
Un seul arbre peut ainsi offrir le même rafraîchissement que cinq climatiseurs fonctionnant en continu pendant vingt heures, d’après l’expert Jérôme Champres.
Ces îlots de fraîcheur urbains sont vitaux pour la population en cas de canicule : certaines villes ouvrent d’ailleurs leurs grands parcs au public la nuit afin d’offrir un refuge lorsque la température nocturne peine à redescendre.
Au-delà de la chaleur, les parcs renforcent également la résilience face aux excès d’eau. Leurs sols non bâtis, souvent aménagés avec des zones humides, des noues ou des bassins, absorbent les pluies intenses et limitent le ruissellement.
Un parc bien conçu peut ainsi temporairement stocker une partie des eaux pluviales lors d’un orage et jouer le rôle de réservoir naturel pour protéger les quartiers avoisinants des inondations.
En France, de nombreuses grandes villes ont d’ores et déjà accru leurs investissements dans de tels espaces verts.
Des programmes ambitieux de création ou d’extension de parcs et de plantations d’arbres sont par ailleurs en cours pour multiplier ces oasis de verdure.
Créer des espaces verts résilients à l’échelle urbaine est donc devenu un pilier des stratégies d’adaptation locales et nationales, avec le soutien d’entreprises spécialisées en aménagement paysager.
Zones perméables et gestion des eaux pluviales : atténuer les inondations urbaines
La généralisation des surfaces imperméables (béton, bitume) dans les villes amplifie les risques lors des épisodes pluvieux extrêmes.
Pour créer des espaces verts résilients, il est donc indispensable de redonner une place au sol naturel et à l’eau.
La désimperméabilisation, c’est-à-dire le remplacement de revêtements étanches par des sols perméables ou végétalisés, est devenue une priorité pour de nombreuses collectivités.
Concrètement, il s’agit par exemple de remplacer une cour ou un parking asphalté par un revêtement drainant, du gazon ou des dalles engazonnées, ceci afin que l’eau de pluie puisse s’infiltrer sur place au lieu de ruisseler.
Des aménagements spécifiques complètent cette approche.
La création de noues végétalisées, de jardins de pluie ou la remise à ciel ouvert de ruisseaux enterrés font partie des solutions, fondées sur la nature, préconisées pour absorber les précipitations et limiter le ruissellement.
En absorbant l’eau à la source, ces infrastructures vertes allègent la charge sur les égouts et diminuent le risque d’inondation lors d’orages violents.
Renaturer les sols urbains procure, en outre, un bénéfice climatique additionnel.
Un sol végétalisé ou humide reste en effet bien plus frais qu’une surface bitumée en plein soleil.
Ainsi, la désimperméabilisation contribue doublement à la résilience urbaine en limitant à la fois les îlots de chaleur et les îlots de ruissellement.
De nombreuses villes françaises ont d’ailleurs engagé des programmes de « déminéralisation » de leurs espaces publics (places, pieds d’immeubles, voiries) afin de créer des espaces verts résilients face aux extrêmes climatiques, tout en embellissant le cadre de vie urbain.
Cours d’école « oasis » : protéger les plus jeunes des extrêmes
Les enfants figurent parmi les publics les plus vulnérables aux fortes chaleurs.
Or, nombre de cours de récréation scolaires sont encore d’immenses dalles minérales sans ombre, au sein desquelles la température grimpe fortement l’été.
Créer des espaces verts résilients dans les écoles est donc devenu un enjeu prioritaire pour les collectivités.
À Paris, le programme des cours Oasis lancé en 2017 transforme ainsi progressivement les cours d’écoles et de collèges en îlots de fraîcheur végétalisés.
Concrètement, le bitume y est remplacé par des sols clairs et perméables.
Des arbres et des jardins pédagogiques sont plantés et des points d’eau (fontaines, brumisateurs) rafraîchissent l’atmosphère.
Depuis 2017, 165 cours Oasis ont déjà été aménagées dans la capitale.
Et 360 autres le seront d’ici à 2030.
Ces nouvelles cours de récréation offrent alors aux élèves un environnement plus sûr et plus frais en été, tout en servant de terrain d’apprentissage sur la nature en ville.
En cas de canicule, elles peuvent même s’ouvrir au public hors temps scolaire et constituer alors des refuges de proximité pour les habitants les plus fragiles.
Cette dynamique s’observe partout en France.
À Grenoble, par exemple, le projet « Libre Cour » a métamorphosé une cour d’école en un véritable îlot de fraîcheur de plus de 2 000 m².
Il intègre des pelouses, des arbres, des potagers et des espaces de jeu ombragés.
Partout, l’objectif est le même : végétaliser les espaces éducatifs pour protéger les enfants des canicules comme des épisodes orageux, tout en les sensibilisant aux bienfaits du végétal.
Ces cours d’école résilientes montrent l’importance d’aménagements paysagers innovants dans l’adaptation aux extrêmes climatiques.