Zoom sur la création d'îlots de fraîcheur au cœur des villes
Comment rafraîchir la ville face à des étés de plus en plus chauds ? Les épisodes de canicule se multiplient. Nos villes doivent donc s’adapter.
RSE, Biodiversité, Entretien des espaces sportifs, Espaces verts, Création, Entretien, Savoir-faire, Espaces urbains, Jardins thérapeutiques, Innovation sociale et technologique, Espaces récréatifs
Avec plus de 30 ans d’expérience dans la création et l’entretien des espaces verts, idverde assure le bien-être des utilisateurs et la préservation de l’environnement dans chacune de ses activités. Chaque jour, nos 8 000 collaborateurs transforment des endroits gris en lieux verts et respectueux de l’environnement.
Comment concilier le désir de verdure en ville avec la nécessaire maîtrise de la ressource en eau ?
Aujourd’hui, arroser moins mais mieux s’impose comme un impératif tant pour les collectivités que pour les entreprises ou les écoles qui gèrent des espaces verts.
Dans un contexte de changement climatique, où les épisodes de période de sécheresse se multiplient, l’efficacité de l’arrosage du jardin ou des parcs publics devient cruciale pour réaliser des économies d’eau.
Les données Météo-France rappellent ainsi qu’en France, « plus de 30 % du territoire a été concerné chaque année par des restrictions d’usages de l’eau » entre 2017 et 20201.
Face à la raréfaction de l’eau potable, les gestionnaires d’espaces verts doivent donc adopter des pratiques d’arrosage intelligentes et durables.
La ressource en eau est limitée et extrêmement précieuse.
En effet, la part « indispensable à de nombreuses activités humaines (eau potable, agriculture, industrie, énergie) et au fonctionnement des écosystèmes, est menacée par le changement climatique »2.
L’augmentation des températures et les pluies moins régulières accroissent l’évapotranspiration et réduisent la capacité d’infiltration des sols.
En ville, ces phénomènes aggravent le stress hydrique des plantations, alors même que la verdure contribue à la qualité de vie urbaine et à la résilience climatique (îlots de fraîcheur, capture du CO₂, biodiversité).
De plus, les périodes de canicule conduisent souvent à des restrictions d’arrosage dans les communes, voire à l’interdiction de remplir les piscines et d’arroser les jardins avec l’eau potable.
Concilier arrosage et économie devient donc un enjeu majeur.
Il s’agit de maintenir la santé des plantations en plein soleil ou à l’ombre, tout en réalisant d’importantes économies d’eau.
La qualité du sol et son niveau influencent par ailleurs grandement la gestion de l’eau.
Un sol riche en matière organique retient en effet mieux l’humidité du sol et soutient un système racinaire robuste.
À l’inverse, des sols pauvres ou tassés obligent à arroser plus souvent.
Enfin, l’arrosage des parcs et jardins s’inscrit aussi dans une logique socio-économique. Réduire la consommation d’eau utilisée signifie alors diminuer les coûts pour la collectivité et préserver les réserves locales.
Comme le souligne l’académicien et expert Erik Orsenna, « l’eau est un véritable challenge. Sa gestion avisée est l’un des principaux défis de notre époque ».
Le principe de base pour arroser moins mais mieux est de fournir à chaque plante la quantité exacte dont elle a besoin, au bon moment, en fonction de ses besoins en eau.
Les besoins en eau dépendent du type de végétal, de son stade de croissance, de l’ensoleillement et de la nature du sol.
Un buisson en bord de route, par exemple, aura moins besoin d’eau qu’une pelouse sous le soleil d’été.
De même, les arbres fraîchement plantés demandent un arrosage régulier jusqu’à leur bon développement racinaire.
Tandis que les arbres installés depuis plusieurs années nécessitent surtout un arrosage en cas de sécheresse prolongée.
Il est donc essentiel de mesurer ou d’évaluer les besoins réels en eau.
Des capteurs d’humidité du sol ou des plateformes spécialisées existent pour quantifier le volume d’eau utile à chaque espèce végétale.
Sans technologie, on peut également ajuster l’arrosage en se basant sur l’aspect des feuilles (flétrissure signe de soif, feuilles rigides signe d’un apport suffisant) et en testant le sol à la main.
Un « conseil de pro » souvent cité consiste à regrouper les plantes selon leurs besoins : regrouper les espèces peu gourmandes (gazon, arbustes résistants) et celles plus exigeantes (plantes annuelles, massifs fleuris) pour les arroser différemment.
Ceci permet de réduire le gaspillage en adaptant la dose d’eau à chaque groupe végétal.
Le sol est un allié clé pour réduire la consommation d’eau et arroser moins mais mieux.
Un sol vivant, bien structuré et riche en matière organique, retient l’humidité et nourrit les plantes.
Il convient donc d’améliorer la nature du sol en y apportant du compost ou du mulch (paillage organique).
Le paillage couvre la surface du sol, limite l’évaporation causée par le plein soleil et fertilise le sol. Tout en empêchant les mauvaises herbes de consommer l’eau.
Par exemple, une couche de 5-10 cm de paillis autour des plantations peut multiplier par deux la durée de rétention de l’humidité du sol.
On favorise également la création d’un système racinaire profond : arroser moins mais mieux et plus longtemps, encouragera les racines à descendre et à explorer une plus grande profondeur.
L’aménagement paysager influe aussi beaucoup sur l’efficacité de l’arrosage.
Une conception intégrée des parcelles, qui prend en compte les microclimats, les expositions et la topographie, permet de limiter l’élévation des températures du sol et le ruissellement des eaux.
Ainsi, planter des arbustes ou installer des cloisons végétales pour créer de l’ombre peut réduire le stress hydrique des plantes avoisinantes.
De même, orienter les allées et les zones plantées pour capter l’eau de pluie ou faciliter son infiltration au niveau du sol (fossés végétalisés, jardins de pluie) s’inscrit dans la démarche :
« Toutes les solutions sont dans la nature ».
Pour concilier arrosage et économie, les collectivités et les entreprises disposent aujourd’hui de nombreuses solutions innovantes.
Les technologies d’arrosage intelligent ou automatisées permettent d’optimiser l’eau fournie en temps réel, et d’éviter de sur-arroser.
Des capteurs enterrés mesurent par exemple l’humidité du sol et pilotent un système d’arrosage automatique connecté à Internet.
En fonction des prévisions météo et de l’humidité mesurée, ils ajustent alors automatiquement le déclenchement de l’arrosage.
Selon l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), ce type de programmateur intelligent peut réduire de 38 % l’eau utilisée en arrosage extérieur.
En pratique, une collectivité dotée de tels dispositifs peut économiser des millions de litres chaque année.
idverde et d’autres acteurs du paysage développent également des approches basées sur l’intelligence artificielle pour arroser moins mais mieux.
Grâce à l’IA, le pilotage de l’eau devient prédictif. L’algorithme anticipe les besoins en eau en fonction des conditions (température, vent, pluies) et ajuste selon les apprentissages du passé.
Il peut ainsi retarder l’arrosage programmé si la pluie est prévue.
Ou au contraire, intensifier l’irrigation lors d’une vague de chaleur.
Ces solutions dites de « pilotage intelligent de l’irrigation » reposent sur la collecte de données (capteurs d’humidité, pluviomètres, météo en temps réel) et sur l’analyse pour respecter les besoins exacts de chaque massif ou gazon.
En réduisant les apports d’eau superflus, l’arrosage intelligent prévient également le ruissellement et l’érosion du sol, ce qui conserve la matière organique en place et évite de transporter des fertilisants vers les cours d’eau.
Une autre technique éprouvée pour économiser l’eau est l’arrosage au goutte-à-goutte.
Ce système délivre l’eau directement à la base des plantes, au niveau de la zone racinaire, avec de faibles débits continus.
Le goutte-à-goutte évite le gaspillage dû à l’évaporation et au vent, commun aux systèmes par aspersion classique.
Des études montrent qu’un arrosage goutte-à-goutte peut réduire la consommation d’eau de 30 à 60 % par rapport à un arrosage traditionnel.
Cette méthode est particulièrement adaptée aux arbustes, haies et massifs pour lesquels la précision est essentielle.
Elle permet aussi d’augmenter le développement racinaire, car l’eau est fournie là où la plante en a réellement besoin, sans excès.
En installant des tuyaux poreux ou des émetteurs, on peut alors créer un réseau d’arrosage finement ajusté aux besoins des plantations.
L’eau d’arrosage du jardin n’a pas besoin d’être toujours une eau potable.
La récupération de l’eau de pluie et la réutilisation d’eaux traitées représentent en effet deux pistes durables.
Un réservoir de récupération d’eau pluviale installé sous gouttière peut ainsi stocker plusieurs mètres cubes après chaque orage.
Cette eau gratuite sert alors à irriguer les massifs, débranchant partiellement les plantations du réseau public.
En France, la réglementation autorise l’usage de diverses eaux non potables : ainsi, « les eaux de pluie récoltées » et même certaines « eaux usées urbaines traitées pour l’irrigation agricole et l’arrosage des espaces verts » sont désormais permises par la loi.
L’utilisation d’eaux usées traitées (réutilisation des effluents après filtration) constitue un levier important pour les collectivités.
Au lieu de pomper davantage dans l’eau potable, il est alors possible d’utiliser l’eau recyclée pour les parcs et terrains sportifs, comme cela est déjà le cas dans certaines métropoles exposées au stress hydrique.
Au-delà des technologies, l’aménagement peut aider à réduire l’eau utilisée.
Planter des essences locales ou adaptées au climat (à faible besoin en eau) diminue la demande hydrique.
Les mélanges de semences de gazon tolérant la sécheresse ou les massifs de plantes méditerranéennes demandent moins d’arrosage.
Organiser les plantations de façon à arroser séparément les zones ayant des besoins similaires permet d’optimiser l’apport.
Appliquer une couche de matière organique (copeaux, écorce) autour des plantations permet de maintenir l’humidité du sol plus longtemps et de limiter l’arrosage en plein soleil.
Favoriser les surfaces perméables (pelouses, pierres poreuses) et creuser des noues ou des tranchées de drainage pour réinjecter l’excès d’eau de pluie dans le sol, plutôt que le laisser s’évaporer ou devenir ruissellement.
Ces pratiques de génie écologique (inventaire du niveau du sol, plantations locales, renaturation) s’inscrivent dans la philosophie des solutions naturelles et réduisent le besoin d’intervention humaine.
Elles participent à une gestion proactive qui concilie arrosage et économie pour davantage de durabilité.
Plusieurs bonnes pratiques de terrain permettent de mettre en œuvre les principes ci-dessus pour arroser moins mais mieux.
Avant de réduire la consommation, il faut la mesurer.
Le suivi des débits et des volumes d’eau consommés (par secteur ou par parcelle) permet d’identifier les gaspillages.
Des compteurs dédiés (pour l’arrosage automatique, par exemple) peuvent isoler la consommation des espaces verts.
Établir un calendrier d’arrosage qui tient compte des saisons et des restrictions.
Par exemple, arroser tôt le matin ou en début de soirée (moins d’évaporation) et éviter les jours venteux.
Arroser moins mais mieux, c’est aussi arroser plus longtemps mais moins fréquemment. Ce qui force les racines à s’enfoncer et améliore leur résistance.
Il s’agit d’un « conseil de pro » classique : on préfèrera un arrosage long toutes les deux semaines plutôt qu’un arrosage superficiel deux fois par semaine.
Les équipes techniques et les usagers doivent être informés des enjeux (changement climatique, économies d’eau).
Un geste simple peut concilier arrosage et économie (par exemple, ne pas arroser en cas de pluie annoncée) peut faire la différence.
Des paysagistes de référence comme idverde mettent à disposition leur savoir-faire en conception et en entretien d’espaces verts durables.
Grâce à ses techniques d’ingénierie écologique, ils peuvent ainsi accompagner la mise en place de systèmes innovants (arrosage connecté, plantations adaptées, réseaux d’eau alternatifs) et conseiller les collectivités pour atteindre les objectifs de diminution de la consommation.
Ainsi, ces conseils facilitent progressivement la transition vers un arrosage optimisé.
De nombreuses expériences montrent l’intérêt de ces mesures. Un grand groupe immobilier américain a de cette manière économisé près de 117 millions de litres d’eau en une année grâce à l’arrosage intelligent.
La France s’est, quant à elle, fixé un objectif pour 2030 : réduire de 10 % les volumes prélevés.
L’ensemble de ces actions participe à atteindre cet objectif et à préserver la verdure en ville sur le long terme.
Arroser moins mais mieux représente donc un enjeu stratégique pour la résilience des espaces végétalisés.
Cela passe cependant par une connaissance fine des besoins en eau des plantations, par l’amélioration du sol (plus de matière organique et plus d’infiltration) et par l’adoption de solutions techniques innovantes (arrosage intelligent, collecte d’eau de pluie, réutilisation d’eaux usées traitées).
Pour les gestionnaires de parcs, les collectivités et les entreprises, ces pratiques permettent d’économiser l’eau tout en garantissant des espaces verts sains et durables.
Économies d’eau riment ainsi avec efficacité.
En ajustant finement l’arrosage du jardin, on optimise l’environnement, on réduit les coûts et on répond aux défis du climat.
Toutes les solutions résident tout simplement dans la nature. L’arrosage intelligent et raisonné est au cœur de cette démarche durable.
1 et 2 Météo France : « Changement climatique : quel impact sur la ressource en eau ? »