Leur but, comme celui de toute espèce vivante, est de favoriser leur propre développement. Seulement, cela se fait souvent au détriment d’autres espèces. Parfois, cet ensemble de stratagèmes fonctionne tellement bien que l’espèce en question devient envahissante. Elle couvre tout l’espace, tandis que les plantes présentes auparavant disparaissent petit à petit.
Une plante envahissante peut en cacher une autre
Tous les scénarios ne se déroulent pas de la même manière. Il arrive parfois que l’écosystème lui-même réagisse au bout de quelque temps. Ainsi, on a déjà vu des plantes exotiques envahissantes disparaître seulement quelques années après avoir recouvert tout un espace.
La cause la plus courante est l’envahissement par une autre espèce invasive. Cette dernière trouve les lieux propices à son développement et prend, à son tour, la place en envahissant l’espace.
Une deuxième cause est également observée. Il s’agit d’une rupture d’équilibre de l’écosystème. La deuxième espèce, déjà présente depuis longtemps, voyait sa propagation régulée naturellement par la biodiversité locale. Avec l’invasion, l’ancien écosystème ne fonctionne plus. Cette espèce, un temps affaiblie par les plantes envahissantes, trouve une parade. La première plante invasive est détruite et remplacée par la deuxième.
Ce phénomène est souvent observé avec des plantes dont l’atout principal est la rapidité de croissance. Elles peuvent se répandre très rapidement, sans laisser le temps aux autres espèces de s’adapter.
Zoom sur 3 espèces de plantes invasives
La Renouée du Japon
D’où vient cette plante ?
Comme son nom l’indique, cette plante arrive tout droit du Japon. Là-bas, elle pousse sur les coulées de lave, recouvertes de terres riches en aluminium. La particularité de cette espèce est d’affectionner tout particulièrement les sols réputés toxiques pour le monde végétal.
La Renouée du Japon se développe dans les friches urbaines, le long des voies ferrées et sur les sols goudronnés. La raison est simple. Elle n’est pas sensible à la présence de métaux lourds dans les sols, contrairement à la majorité des plantes. Elle se reproduit grâce à des rhizomes, qui sont des tiges souterraines pouvant pousser sur plusieurs mètres. Les rhizomes sont comme de gros morceaux de racines et un seul d’entre eux suffit à faire pousser une nouvelle plante. Ses graines sont également capables de s’implanter dans des sols dits peu fertiles. De plus, elle possède une très grande résistance dans le temps et peut se développer plusieurs années après sa création.
Quel est son impact sur l’écosystème ?
La Renouée du Japon produit une substance chimique aromatique, toxique pour les racines des plantes alentour. Cela a pour effet de faire régresser la biodiversité dans les lieux où elle s’épanouit. De plus, ces composés chimiques possèdent la particularité de rester longtemps actifs dans le sol. Par conséquent, cela empêche la régénération des autres plantes, même lorsque la Renouée du Japon disparaît de l’espace colonisé. Lorsque cette espèce invasive s’implante quelque part, c’est tout un écosystème qui est voué à disparaître, ou du moins, à être transformé.
Le Buddleia, l’arbre à papillons
Comment se reproduit cette plante ?
Le Buddleia est un arbuste aux longues branches sortant directement du sol, et parsemées de grappes de fleurs violettes. Cette plante attire les papillons grâce à la couleur de ses fleurs, mais aussi, à l’émission de molécules odorantes irrésistibles pour ces insectes.
Grâce à leur effet pollinisateur, chaque buddleia peut produire jusqu’à 3 millions de graines par an. Cette plante envahissante possède un mode d’implantation et de reproduction très rapide. Pour preuve, un arbre à papillon, coupé à ras en hiver, repousse chaque été de plusieurs mètres de haut. On en trouve encore en vente en jardinerie, bien que cette plante soit déclarée officiellement sur la liste des espèces exotiques envahissantes.
Quel est son impact sur l’écosystème ?
Malgré son surnom d’arbre à papillon, le buddleia n’est pas une plante qui favorise la biodiversité. Grâce de fortes odeurs, elle attire les papillons qui ne résistent pas à déguster son nectar. Cependant, ce dernier est assez pauvre en sucres et autres nutriments. De plus, ses feuilles, consommées par diverses espèces d’insectes, contiennent une molécule toxique. Elle empoisonne les chenilles ainsi que certains insectes volants.
L’impact est énorme car il agit :
- sur la faune en exterminant certaines espèces animales ;
- sur la flore en accaparant la majorité des papillons, qui ne vont pas aller polliniser les fleurs des arbres et plantes environnantes.
Nepalem, la vigne japonaise
D’où vient cette plante ?
On trouve l’origine de la vigne japonaise en Asie et dans les îles du sud-Ouest de l’océan Pacifique. Aussi appelée Nepalem ou encore Kudzu, cette plante est utilisée en cuisine mais pas seulement.
Au départ, la vigne japonaise a été plantée volontairement, pour freiner l’érosion des sols, grâce à son développement rapide et à ses racines profondes. La tige, aussi appelée hampe, pousse le long du sol, sur 10 à 30 mètres autour de la zone d’implantation de sa racine. Vu la rapidité de son développement et sa taille, on comprend bien pourquoi le Kudzu est classé dans la catégorie des plantes exotiques envahissantes.
Quel est son impact sur l’écosystème ?
La vigne japonaise pousse sur le sol en s’étendant sur 10 à 30 mètres autour de sa racine. Si d’autres espèces végétales se trouvent sur son chemin, la vigne continue à pousser au-dessus, en les recouvrant. De cette manière, elle forme un tapis lourd et dense, et capte toute la lumière du soleil, en maintenant la végétation locale dans l’ombre.
Si la vigne japonaise se trouve dans un espace forestier, cela ne lui pose pas de problème de croissance. Dans ce cas, elle s’étale et couvre aussi bien le sol que les arbres. Il n’y a que la berge des cours d’eau qui l’arrête. Dans les zones urbanisées, il arrive de voir cette plante grimper sur les poteaux électriques ou même recouvrir totalement des bâtiments.
L’impact de cette plante invasive sur les écosystèmes est énorme. La vigne japonaise étouffe la végétation locale qui finit par disparaître complètement. Si sa présence s’accompagne de bactéries favorisant l’augmentation du taux d’azote dans les sols, cela ne sert pas à grand-chose. En effet, une fois implantée dans un environnement, la vigne japonaise est quasiment incontrôlable et les autres plantes ne peuvent pas revenir dans leur habitat d’origine.
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Comment lutter contre les plantes exotiques envahissantes ?
Il n’existe pas de moyen miracle permettant d’éradiquer telle ou telle plante exotique envahissante mais un panel d’outils à appliquer en fonction de certains critères tels que :
- la dynamique de colonisation
- le type de milieu «support»
- vos connaissances techniques et scientifiques
- le temps disponible pour la gestion
- le budget alloué
Un préalable est néanmoins requis pour lutter contre les plantes exotiques envahissantes : connaître l’écologie de l’espèce et les risques de propagation engendrés par vos pratiques pour proposer le geste juste et efficace.
Dans tous les cas, nous vous recommandons de faire appel à un professionnel, car toutes les espèces envahissantes doivent être analysées pour choisir la solution la plus adéquates. Parmi les solutions diverses qui existent pour lutter contre les plantes exotiques envahissantes, on retrouve :
- L’arrachage manuel – coupe rase
Pour certaines espèces (annuelles le plus souvent) cette opération est très efficace. Les stations doivent être de petites tailles, localisées et dans un environnement peu sensible.
Des ligneux sont sensibles à des opérations longues permettant d’affaiblir les sujets sans favoriser les rejets. Si ces techniques sont maitrisées et suivies, elles apportent des résultats.
Certaines espèces « vivaces » sont sensibles aux opérations de bâchage, si et seulement si, elles sont accompagnées de veille, réparation du dispositif et arrachage manuel des éventuelles repousses.
- La concurrence avec des semis / plantations
La plantation de massifs arbustifs, de semis denses couvrants et d’arbres de hauts-jets, permet dans certains cas une concurrence limitant l’expression des espèces exotiques envahissantes déjà installées sur le site.
Le piétinement répété et l’abroutissement par le bétail apportent des résultats si le chargement est important sur un massif localisé et « flash » dans le temps.
Conclusion
Les espèces envahissantes issues de la flore sont des plantes qui nuisent à la biodiversité locale, aussi bien végétale qu’animale. Il est important de prendre des mesures afin de les contenir et de les exterminer. Sans cela, nous risquons d’assister à une uniformisation des espèces végétales dont les conséquences seraient désastreuses (destruction de l’écosystème et diminution de la biodiversité).
Favoriser le développement de la biodiversité, une préoccupation au cœur des projets idverde