Comment assurer le soin des arbres dans le cadre d’un projet de construction ?
Les travaux menés en milieu urbain, parfois en conditions difficiles, exercent une forte pression sur le sol et mettent en péril le système racinaire.
Pourtant, la protection de ce réseau est essentielle pour la vie du sol, la régulation du climat local et la préservation de la biodiversité.
Au regard des enjeux écologiques et économiques, il est impératif de protéger les arbres existants et de minimiser les dommages causés aux racines.
Quelles sont alors les bonnes pratiques à adopter pour concilier la réalisation du chantier et la conservation des arbres?
Comprendre le rôle capital du système racinaire
Même si un arbre peut vivre plusieurs dizaines d’années, son système racinaire demeure vulnérable.
En évoluant dans la partie superficielle du sol, il y capte l’eau et les nutriments nécessaires à sa croissance.
Les racines principales s’ancrent ainsi en profondeur pour stabiliser l’arbre, tandis que les racines secondaires et les radicelles collectent la matière organique et l’oxygène, indispensables à la santé du végétal.
Lorsqu’un compactage du sol réduit les espaces poreux, la respiration racinaire devient impossible, ce qui met en péril la survie de l’arbre.
Les racines se trouvent alors privées d’eau, de circulation d’air et de nutriments.
Une situation de stress prolongée conduit à l’affaiblissement général de l’arbre, voire à son dépérissement partiel ou total.
Des travaux mal anticipés peuvent aussi modifier brutalement le niveau du terrain.
Un apport de remblai au-dessus du tronc, même peu épais, étouffe les radicelles et altère la vie biologique de la zone.
À l’inverse, un décaissement trop proche du collet sectionne les racines charpentières et compromet alors la stabilité de l’arbre.
Plus le sujet est âgé, plus son système racinaire est étendu.
Pour de nombreux arbres, la profondeur d’enracinement reste faible. La majeure partie des racines s’étale dans les 50 premiers centimètres de terre.
Ces racines sont donc susceptibles d’être endommagées par la circulation d’engins ou le stockage de matériaux.
Prévoir un plan d’action adapté permet de préserver ces organes vitaux lors du chantier.
Facteurs de risque : entre travaux et conditions de sol
Dès le début d’un chantier, plusieurs facteurs peuvent perturber le système racinaire.
Le plus courant est le compactage du sol. Le passage répété de véhicules ou d’engins, souvent lourds, tasse la couche superficielle et prive les racines d’oxygène.
Ce phénomène s’accompagne d’une dégradation de l’humidité du sol, car l’eau s’évacue moins bien et crée parfois des zones asphyxiées.
Les travaux de construction impliquent aussi des creusements (tranchées, fondations, canalisations) qui sectionnent directement les racines.
Une seule grosse racine coupée peut fragiliser l’ancrage du fut..
Les vibrations provoquées par la machinerie engendrent également des microfissures dans la structure racinaire et la proximité de produits chimiques (béton, hydrocarbures) est toxique.
Enfin, l’excès de remblais ou de revêtements imperméables aux abords du tronc aggrave le problème en bloquant l’irrigation naturelle.
Certains sites urbains subissent déjà une double contrainte : physique et hydrique (pollution, salinité, chaleur excessive).
Dans de telles conditions, l’arbre est affaibli. Le moindre impact additionnel peut alors mener à un dépérissement rapide.
Seules une observation et une planification rigoureuses peuvent éviter une perturbation majeure du système racinaire.
Bonnes pratiques de protection avant et pendant le chantier
Chez idverde, nous savons que la mise en œuvre d’un plan global de protection des sites permet de limiter les risques.
Avant l’ouverture d’un chantier, nous programmons donc plusieurs étapes clés.
Analyse préalable
Il s’agit d’identifier chaque arbre existant et de réaliser un diagnostic de son état. Cette étape nous permet de déterminer la manière dont ses racines se développent (extension, profondeur, zones charpentières). Elle nous aide aussi à évaluer la structure du sol : compacité, matière organique, capacité d’irrigation et de drainage.
Délimitation de la zone racinaire
Nous délimitons la zone racinaire, en plaçant une clôture solide autour de l’arbre qui couvre au moins la projection du houppier, voire davantage.
La circulation d’engins et le stockage de matériaux sont ensuite interdits dans cet espace.
Chaque acteur est alors informé via des panneaux ou une page d’information de la nécessité de ne pas piétiner cette zone.
Plan de circulation adapté
L’organisation des cheminements de véhicules permet de contourner la zone sensible.
Si la proximité directe est inévitable, l’installation de plaques de répartition des charges permet d’atténuer les pressions.
Il convient d’éviter tout dépôt ou remblai lourd au pied du tronc.
Techniques de fouille appropriée
L’utilisation de l’« Airspade », à air comprimé, est indiquée pour extraire la terre sans léser les racines fines.
De même le forage dirigé permet de passer sous la zone racinaire, plutôt que de creuser une tranchée en surface.
Enfin, un travail manuel ou semi-mécanisé limite les coupes involontaires.
Ajustements en temps réel
Stopper la pelle mécanique et dégager la terre à la main dès qu’une racine apparaît préserve les dommages.
Si le chantier se prolonge en saison sèche, un dispositif temporaire d’arrosage permet de maintenir l’humidité nécessaire.
Ajouter un paillage ou un apport organique soutient enfin la vie microbienne du sol.
Adopter ces méthodes se révèle plus simple lorsqu’un cahier des charges clair est établi dès la phase de projet.
Chaque corps de métier (maçon, terrassier, paysagiste) collabore alors pour protéger l’arbre et éviter tout dommage irréversible.