Comment concilier la sécurité des infrastructures de transport et le respect de la biodiversité le long de nos routes et voies ferrées ?
La végétation occupe une place indispensable aux abords des routes, des infrastructures de transport et des voies ferrées.
Elle contribue à l’intégration paysagère. Et peut même servir d’outil d’aménagement écologique.
Des études montrent ainsi que la gestion des abords végétalisés poursuit de multiples objectifs: sécurité routière, qualité paysagère, écologie, stabilisation des sols et optimisation des travaux d’entretien1.
Cependant, sans une maîtrise de la végétation sur infrastructure et routes par un entretien adapté, cette végétation peut présenter des risques sérieux pour la sécurité des usagers et la pérennité des ouvrages.
Pourquoi maîtriser la végétation sur les voies et les infrastructures ?
La végétation sur les voies routières, ferrées ou autour d’autres réseaux (canaux, digues, lignes électriques) remplit un rôle écologique et paysager indéniable.
Elle peut cependant, si elle n’est pas contrôlée, entraîner des problèmes de sécurité et d’intégrité pour les infrastructures.
Maîtriser la végétation sur les routes et les autres réseaux revient à éviter ces écueils en assurant un entretien régulier.
Quels sont les principaux enjeux environnementaux et de sécurité qui justifient une telle gestion ?
Enjeux de sécurité publique et routière
L’un des premiers dangers liés à une végétation non maîtrisée est l’obstruction de la visibilité pour les usagers de la route.
Des branches ou des herbes hautes qui occultent un panneau de signalisation, un virage ou une intersection peuvent, en effet, empêcher les conducteurs d’anticiper correctement, et augmenter le risque d’accident.
Cette croissance de la végétation mal gérée peut entraîner des situations dangereuses, en particulier, sur les routes à intersections fréquentes ou aux abords des écoles et des zones urbaines.
Il en va de même pour le réseau routier national, mais aussi départemental, sur lesquels une mauvaise visibilité aux intersections ou aux ronds-points constitue un facteur d’accidentologie élevé.
Les arbres qui bordent les routes ou le réseau ferré national présentent, de plus, des risques en cas d’intempéries.
La chute d’une branche morte sur la chaussée peut provoquer un accident ou bloquer la circulation, tandis qu’une branche tombée sur une infrastructure ferroviaire (caténaire, voie) peut interrompre le trafic ferroviaire.
Par exemple, en 2022, pas moins de 336 000 minutes de retard de trains ont été attribuées à des incidents liés à la végétation. 2
Ce chiffre illustre à quel point la végétation sur le réseau doit être gérée de façon professionnelle pour garantir la sécurité ferroviaire.
Certaines régions à climat sec doivent aussi composer avec le risque d’incendie en été.
Des accotements envahis par de la végétation sèche favorisent la propagation du feu.
Enfin, un embroussaillement excessif au bord des voies crée des refuges pour la grande faune sauvage (sangliers, cerfs…) qui peut alors surgir sur la route ou la voie ferrée, causant alors collisions ou retards.
Préservation des infrastructures et des ouvrages
Lorsqu’elle pousse sans contrôle, la végétation peut aussi endommager les ouvrages eux-mêmes.
Le système racinaire puissant de certains arbres peut, par exemple, fissurer et soulever le revêtement des routes, des trottoirs ou des pistes cyclables et déformer la chaussée autour du tronc.
Des racines infiltrées sous une voie ferrée ou autour d’un pont peuvent, à terme, compromettre la stabilité de la structure.
La végétation envahissante obstrue, de plus, les fossés de drainage et les caniveaux, ce qui nuit à l’évacuation de l’eau de pluie.
Un défaut de drainage accélère alors la dégradation de la chaussée (érosion, nids-de-poule) et augmente les risques d’aquaplaning sur la route.
En milieu ferroviaire, un ballast3 (les graviers sous la voie) enherbé d’adventices4 perd en efficacité drainante et élastique, ce qui peut nécessiter des travaux de réparation plus fréquents.
Nous le voyons, maîtriser la végétation sert donc aussi à assurer la longévité et la qualité des infrastructures.
Contraintes réglementaires et responsabilités des gestionnaires
Au-delà des enjeux techniques, la maîtrise de la végétation le long des infrastructures est encadrée par des obligations réglementaires.
Garantir la sécurité des usagers de la route est en effet une obligation légale en France.
L’entretien régulier de la végétation en bord de voirie relève alors de la responsabilité de la collectivité ou du gestionnaire concerné.
Concrètement, cela signifie qu’une commune, un département ou tout gestionnaire d’infrastructure peut voir sa responsabilité engagée si un accident est causé par un manque d’entretien des abords (par exemple, un carrefour dont la vue est masquée par des hautes herbes).
Pour prévenir ces drames et éviter des procès coûteux, il est donc impératif, pour les acteurs publics, de planifier des travaux réguliers de fauchage, d’élagage et de débroussaillage.
La réglementation environnementale a d’autre part évolué pour limiter l’usage de produits chimiques dans l’entretien des espaces publics.
Depuis la loi Labbé de 2014 (entrée en vigueur en 2017), les collectivités n’ont plus le droit d’utiliser de pesticides chimiques pour l’entretien des espaces verts publics, sauf quelques exceptions très limitées.
Les gestionnaires d’infrastructures doivent donc mettre en place des méthodes alternatives durables pour contenir la végétation sans herbicides classiques.
La loi MOP (loi sur la maîtrise d’ouvrage publique) incite également à intégrer dès la conception d’un projet routier ou ferroviaire les mesures d’entretien futur, afin qu’une meilleure prise en compte de la végétation soit prévue avant même l’achèvement des travaux de construction.
En effet, anticiper dès le projet sommaire les contraintes d’entretien et les enjeux du développement durable permet d’éviter de « subir » la végétation plus tard, selon le mot de Claire Couvrechef (spécialiste maîtrise de la végétation à SNCF Réseau), qui préconise de choisir la végétation plutôt que de la subir dans les projets d’infrastructures.
Méthodes techniques et opérationnelles pour la gestion de la végétation
Face à ces défis, quelles solutions concrètes permettent de maîtriser la végétation sur les infrastructures ? Et ce, tout en respectant l’environnement ?
Les acteurs publics et les entreprises spécialisées, comme idverde, déploient un éventail de choix techniques complémentaires.
Du fauchage mécanique aux innovations high-tech, en passant par des traitements écologiques, ces méthodes assurent une gestion efficace et adaptée à chaque situation.